Article numéro 400!
Un merveilleux livre
Nell Harper a publié sous le nom de Harper Lee quasiment un seul livre,
To kill a mockingbird, traduit en français par
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur.
Elle y raconte trois ans de la vie d'un avocat et de ses enfants, dans un Alabama encore raciste. La grande originalité du livre est le point de vue, celui de la petite Scout, qui ne s'en laisse pas compter. Ce principe, inauguré par Henry James dans
Ce que savait Maisie, est extrêmement bien mené et c'est un régal de suivre l'évolution de cette fillette à la fois très mûre et très innocente, un personnage aussi riche et passionnant que son père, qui essaie d'être intègre dans tous les actes de sa vie.
Mais on découvre en même temps combien le racisme est présent dans les années 1930 dans le Sud, et l'aspect politique et humaniste constitue finalement le vrai sujet du livre.
C'est un chef-d'oeuvre de la littérature mondiale. Si vous ne le connaissez pas, précipitez-vous. Je l'ai relu ces jours derniers avec un immense plaisir.
Nouvelle adaptation
J'ai découvert en cherchant un peu que ce livre, qui me paraissait inadaptable au théâtre, avait en fait fait l'objet de nombreux spectacles, et c'est même un classique de la scène.
Adapter un roman au théâtre, c'est toujours risqué. La temporalité n'est pas la même, et une bonne adaptation ne peut être qu'infidèle tant les enjeux sont différents. Le premier problème est de savoir trancher correctement. Il me paraît indispensable d'être plus fidèle à l'esprit qu'à la lettre.
Ici, le principe retenu est de retenir le procès comme fil rouge du spectacle, mais découpé en scènes comme s'il s'agissait d'un montage cinématographique. Entre celles-ci s'insèrent d'autres fragments du roman, l'épisode des pantalons, du costume du jambon, le lynchage évité devant la prison...
Certains personnages passent à la trappe, comme la soeur d'Atticus ou Maudie (je le regrette davantage, je trouve que c'est un des plus riches du livre).
Cette succession est rendue possible par une super-production comme on en voit souvent à Broadway, avec une multitude de décors sur roulettes ou qui descendent des cintres, le tout mené avec fluidité.