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mercredi 30 janvier 2019

Lyon : Exposition Claude au Musée des Beaux-Arts



L'exposition présentée actuellement au Musée des Beaux-Arts de Lyon me tente bien. C'est toujours intéressant de pouvoir faire le point sur une personnalité historique, et je n'en ai jamais vue consacrée à cet empereur-là.
Je tente de réunir mes connaissances avant : en gros, le père de Britannicus et le père adoptif de Néron (facile, j'ai pu réviser à la Comédie Française), né à Lyon. Un lettré qui a écrit le texte de la Table Claudienne. Un effrayé qui s'est planqué au moment d'être nommé empereur. Un mari malheureux de deux femmes de tempérament, Messaline et Agrippine, empoisonné aux champignons par la seconde. 
C'est tout. 
C'est peu.
Et surtout, tout n'est pas juste, comme je vais le découvrir dans cette captivante exposition.


Le Musée des Beaux-Arts


Le Musée des Beaux-Arts

Je m'aperçois que je n'y suis pas retourné depuis que je tiens le blog, mais j'ai souvent visité ce musée que j'aime beaucoup, pour moi une des plus belles collections de peinture de province.

Dans les galeries du cloître

Il occupe un vaste bâtiment sur la Place des Terreaux, perpendiculairement à l'hôtel de ville, l'ancienne abbaye de Saint-Pierre les Nonnains, un couvent bénédictin reconstruit au XVIIe siècle.
Plusieurs salles (chapelle, réfectoire) et le cloître rappellent ce passé monastique.

Le cloître de Saint-Pierre les Nonnains

Escalier dans l'abbaye de Saint-Pierre les Nonnains

Claude, l'empereur romain


Extrait de film muet des années 1920

L'exposition commence avec une projection d'extraits de films muets, les lointains ancêtres des péplums, qui fixent déjà les canons du genre. La reconstitution est loin d'être ridicule.

Galerie de portraits

Après la République, c'est Octave qui dirige Rome. Il reçoit le commandement, l'imperium, et on lui donne un titre religieux glorieux, Augustus. Voilà donc l'empereur Auguste. Le fils de sa femme Livie, Tibère, lui succède. A partir de là, pendant plusieurs décennies, les familles des Jules (Iulii) et des Claude (Claudii) règnent tour à tour.

Têtes de Livie (Bruxelles) et d'Octave (Rome)

Les fondateurs ; si Octave est très idéalisé avec un visage d'une grande pureté plastique, on sent un vrai portrait dans cette Livie aux lèvres minces et à la coiffure sophistiquée. Les coiffeurs de l'Antiquité feraient encore un malheur de nos jours !

Tête de Tibère, Béziers

On suit la nouvelle mode du portrait, mais en incorporant des traits réalistes.


Tête de Drusus l'Ancien, Rome

Octave comptait beaucoup sur Drusus, un jeune général prometteur. Il mourut au combat dans l'actuelle Allemagne, en laissant orphelin le petit Claude âgé de deux ans.

Têtes de Germanicus (Toulouse) et de Livilla (Rome)

Le prestigieux fils de Drusus, Germanicus, côtoie ici Livilla, la sœur de Claude. Elle aurait fait partie d'un complot contre Tibère et sa mère Antonia la laissa mourir de faim en l'enfermant. Quelle histoire ! Je suis étonné qu'on n'ait pas écrit de pièce là-dessus. Du moins, je n'en connais pas.

Tête d'Antonia (Tusculum)

La vertueuse Antonia, la maman de Claude,  resta fidèle à la mémoire de son mari Drusus, en écartant tout projet de remariage.

Têtes d'Octavie (Palestrina) et de Marc-Antoine (Narbonne)

Les parents d'Antonia, donc les grands-parents de Claude. Une prestigieuse ascendance.

Statue de l'empereur Claude

Enfin Claude lui-même, avec cette statue à la grecque du Musée du Louvre. Elle aurait été retaillée dans une statue de Caligula, ce qui exclut qu'elle ait été réalisée du vivant de l'empereur.

Lyon à la naissance de Claude


Peinture murale du Palais du Gouverneur, Deux pygmées luttant contre une grue

Lugdunum, la Lyon des Romains, était un lieu important. Sur la colline de Fourvière (où se trouve aujourd'hui le bien intéressant musée archéologique) s'étendait le Palais du Gouverneur. Pendant que Papa commandait les troupes en Germanie, Maman s'occupait de sa marmaille, les deux grands Germanicus et Livilla, et le petit Claude, né là en 10 avant J.C. C'est le tout premier empereur romain né hors de Rome.

Victoire, I-IIe siècle

 Le sanctuaire fédéral des Trois Gaules, à la Croix-Rousse de Lyon, était le lieu d'un grand rassemblement politique, les délégués des soixante fédérations gauloises. L'autel du sanctuaire comportait deux colonnes, avec de hautes statues de 3,50 m de haut, dont cette statuette serait un modèle réduit.

Sesterce d'Auguste avec l'autel des Trois Gaules

On peut se faire une idée de cet Autel fédéral des Trois Gaules grâce à la représentation, très schématique, sur cette pièce de monnaie.

Germanicus


Tabula Hebana, 20 après J.C.

Claude fait honte à sa famille. Il bégaie, il boîte, on le cache autant qu'on peut et on ne le sort qu'en de rares occasions. Ses biographes, hostiles à sa mémoire, ne manqueront pas de mettre ces faits en exergue pour créer l'image d'un handicapé idiot. Aujourd'hui on penche davantage pour les séquelles d'un accouchement difficile.

 Le favori, c'est son frère Germanicus, un jeune général glorieux, en qui on place tous les espoirs. Auguste, pour faciliter le passage du pouvoir, a demandé à Tibère de l'adopter.

Livie ne cesse de comploter et fait régner un climat détestable dans la Maison Impériale. Ces rivalités permanentes touchent aussi Germanicus. Tout frais rentré victorieux de Germanie, on l'envoie guerroyer en Orient, où il est - quel hasard ! - subitement empoisonné.


La mort du jeune héros provoque un grand émoi, deuil public, honneurs funèbres votés par le Sénat. La Tabula Hebana en fait la liste. On voit, par les trous sur les côtés, que cette table de bronze devait être accrochée publiquement au mur.

Caligula



Tibère et Germanicus morts, c'est logiquement à Claude, le plus proche parent, que devrait revenir le pouvoir. Mais il n'est toujours pas digne de confiance. On lui préfère Caius Iulius Cesar, baptisé Petite Chaussure (Caligula) par les soldats.

Le troisième empereur ne règne que quatre ans avant d'être assassiné. On a beaucoup parlé de sa folie, mais elle est seulement attestée par des auteurs qui lui étaient fortement hostiles, et il n'est pas impossible que les récits aient été très partiaux. Depuis son discours contre les Pères conscrits à la Curie, le Sénat est contre lui, et il n'est pas impossible qu'il ait vivement souhaité s'en débarrasser. En tout cas, il a partagé un consulat avec Claude, qui refusera toujours d'effacer sa mémoire.

Claude, le lettré bafoué

Ecarté du pouvoir par les tractations familiales, Claude se consacre à ses études. Il acquiert une profonde connaissance littéraire et réfléchit à des problèmes linguistiques. Il se marie, aussi, et plusieurs fois.

Son mariage avec Plautia Urgulanilla ne dure pas, celle-ci est accusée d'adultère et le couple divorce en 24 ap. J.C. Deuxièmes noces avec Aelia Paetina, d'où naît une fille, Antonia. Mais Aelia est répudiée en 31.

Troisièmes épousailles avec sa cousine Messaline, vers 38, qui donne naissance à une fille, Octavia, et à un fils, connu sous le nom de Britannicus. On s'approche des personnages de la pièce de Racine

Messaline avec Britannicus enfant, vers 50 ap. J.C.

Très virtuose statue avec une toge soigneusement plissée.

Claudia Octavia, vers 50 ap. J.C.

Et un magnifique portrait de la fille de Claude, que je trouve très moderne dans cette expression enfantine. En fait, il s'agirait d'un collage (surréaliste !) entre la tête de la fillette et le corps d'un garçon revêtu de la toge-prétexte.

Sénèque, L'Apocoloquintose, édition traduite de 1778
Sénèque, Flavius Josèphe, Suétone, puisent tous aux mêmes sources. On sait que le Sénat a refait le même coup qu'avec Caligula, s'appliquant méthodiquement à noircir l'image de Claude en faisant la liste de ses tares. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage...
Et cette image d'un empereur débile, ballotté par ses femmes qui ont barre sur lui, ne relèverait que d'une même tradition.

Claude avait exilé Sénèque, le philosophe-sénateur de Cordoue, en Corse, après une accusation de relations adultères avec Livilla. Le stoïcien se vengea avec un pamphlet, L'Apocoloquintose, où l'empereur est transformé en citrouille. La satire politique, ça ne date pas d'hier.

Suétone, De la Vie des XII Césars, édition lyonnaise de 1569

Suétone était bibliothécaire et sa haute fonction lui donnait accès à un grand nombre de documents anciens, qu'il compulsa pour la réalisation de son grand œuvre, De la Vie des XII Césars. Malheureusement, la partialité de ses sources se retrouve dans ses écrits.

Tout cela me fait penser au pauvre Richard III, qui tenta de s'en prendre à la noblesse et au clergé, et dont le nom fut traîné dans la boue et entaché de toute une série de fariboles (l'histoire des enfants d'Edouard, ça dit quelque chose !), si bien que c'est l'image qu'en donne Shakespeare dans son admirable pièce sur un souverain fou.


Cippe pomérial, 49 ap. J.C.

Loin de ces images artificielles, Claude était un vrai érudit ; il cite notamment les auteurs anciens dans le texte de la Table Claudienne, publie une Histoire d'Auguste en quarante et un livres, une Histoire des Tyrrhéniens en vingt volumes, en grec, une Histoire de Carthage en huit volumes dans la même langue. Particulièrement calé sur les Etrusques, il prouve ses connaissances dans de nombreux discours. C'est aussi un linguiste qui rédige un ouvrage sur l'histoire des alphabets.

Persuadé que l'alphabet romain ne suffisait pas pour retranscrire tous les sons de la langue, il invente trois nouvelles lettres, qu'on appelle aujourd'hui les lettres claudiennes : Ↄ, Ⱶ et Ⅎ.

Après MPLIA, sur la ligne du bas, le Ⅎ, une lettre inventée par Claude

Le cippe pomérial marquait la limite de la ville sacrée. Claude obtient le privilège d'étendre cette frontière grâce à ses succès militaires en Angleterre.

Tambour de colonne découvert à Coptos, Claude avec les crocodiles

Après que l'Egypte est annexée à l'Empire, un violent soulèvement prend forme et des monuments sont endommagés. Claude en fait restaurer plusieurs, et son nom apparaît en hiéroglyphes, pendant qu'il est représenté en pharaon devant le dieu crocodile Sobek.

Le succès militaire : la Grande-Bretagne

Sous le règne de Claude, plusieurs régions sont conquises, dont la Maurétanie, l'actuel Maghreb, la Lycie, la Thrace. Le grand succès est cependant la conquête du sud de l'Angleterre, car Claude réussit ainsi ce que Jules César n'avait pu mener à bien. Cela lui vaut enfin les honneurs militaires, la renommée. La route du succès pour le futur empereur.

C'est grâce à cette victoire en Britannia que le Sénat accorde à son descendant le droit de se nommer Britannicus.

Tête de Claude ou de Néron, découverte dans le Suffolk

Cette statue ornait un lieu public dans la colonie romaine de Colchester. Elle a sans doute été détachée pendant la rébellion de la reine celte Boudicca.

Vase en forme d'oiseau, St Albans

Les sépultures retrouvées dans la région suivent les rites funéraires romains, et ont livré leur lot de beaux objets.

Fourreau de poignard, Colchester

Un magnifique objet militaire, peut-être honorifique avec ses incrustations de cuivre et d'émail.

Canthare, Köln (Cologne)

Ces canthares, des vases à boire, étaient fabriqués en Italie pour être exportés ensuite dans les régions septentrionales de l'Empire.

Glaive et son fourreau, Strasbourg

Le fourreau est orné d'une main de Jupiter enserrant des foudres.

Balance romaine, 47 ap. J.C.

La balance était un objet essentiel pour le commerce mais aussi pour le calcul des taxes. Ces objets étaient surveillés par des édiles qui suivaient une réglementation très stricte.

A partir de 43, Claude fit construire un port à Ostie, le plus grand de l'Empire, donnant une nouvelle orientation à ce haut lieu du commerce. D'ailleurs, le nom de Portus, le site de la construction, deviendra le terme générique.

Diplôme militaire, Castellammare di Stabia

Ce rare diplôme militaire, l'Honesta missio, indique la constitution donnée en 49 par Claude aux marins de Misène qui avaient accompli leur service militaire. Le document princeps était placardé à Rome, sur le Capitole.


Fontaine dédiée à Claude, Lyon

Les grands travaux claudiens comprennent aussi l'adduction d'eau ; il fait construire à Rome un grand aqueduc, dont il reste des vestiges.

Le port d'Ostie, c'est l'assurance de livraisons de blé régulières. Avec l'eau, il assure les besoins de la population. Un bon moyen d'éviter les soulèvements.

Denier et aureus de Claude, 41-42 ap. J.C.

L'armée manifeste un grand respect pour Claude, et c'est à elle qu'il doit d'être proclamé empereur. Cette fidélité est affichée avec la dextrarum junctio, la fameuse poignée de main.

Inscription honorifique de Claude, Veies

Sur cette plaque honorifique, Claude met en évidence sa parenté avec Drusus (première ligne) et Germanicus (troisième ligne). On repère aussi le surnom Augustus (deuxième ligne) et la charge de pontife (quatrième ligne).

Claude empereur


Charles Lebayle, Claude nommé empereur, 1886

La légende, colportée par Suétone, Flavius Josèphe et Dion Cassius, prétend que Claude, effrayé par la nouvelle de l'assassinat de Caligula, s'était planqué derrière un rideau d'où il fut tiré par un soldat qui avait aperçu ses pieds. Le candidat le moins plausible serait parvenu au pouvoir par un simple hasard.

Le peintre s'est régalé à montrer ce poltron affolé, en contraste avec le militaire gesticulant.

Les historiens remettent aujourd'hui en question ce conte bleu et soulignent le rôle de l'armée prétorienne, non avec le soldat providentiel, mais par son soutien inconditionnel à leur héros.

Les sénateurs hésitent longuement avant de ratifier ce choix, et Claude affirme sa légitimité en avançant ses origines. Il construit l'image de la dynastie julio-claudienne, qui prend place avec le fondateur Auguste. Il fait diviniser sa grand-mère Livie et assure le prestige de la lignée en faisant sculpter de nombreux portraits, diffusés partout. De la vraie propagande.


Amours, Ravenna, église San Vitale

Les amours portent des symboles de Saturne, la faux et le sceptre et essaient de les déposer sur un trône vide, image du pouvoir impérial.

Livie en Cérès

Livie est ici représentée avec une coiffure de pavots et d'épis pour être identifiée à Cérès, la déesse des moissons.

Deux camées : Drusus ou Germanicus, Claude

Les camées de petite taille permettent une diffusion facile.

La Table claudienne


La Table Claudienne

Cette plaque découverte à Lyon au XVIe siècle retranscrit le texte d'un discours prononcé par Claude devant le Sénat.

Des notables gaulois demandent le droit d'accéder au Sénat et de devenir magistrat. Les sénateurs refusent, arguant qu'il y a beaucoup d'étrangers à Rome et qu'il est hors de question que des étrangers accèdent aux droits des vrais Romains d'origine. Fin politique, Claude soutient les Gaulois, dans un discours érudit qui, comme je l'ai écrit plus haut, renvoie aux auteurs anciens et fait référence à l'histoire de Rome.

La Table Claudienne, détail

La calligraphie est magnifique, avec des lettres régulières, et des Q qui se déploient en courbes élégantes.

Un gouvernement révolutionnaire


Dans son fonctionnement, le principe du gouvernement impérial ne diffère guère des périodes précédentes. Tous les pouvoirs sont concentrés dans l'empereur et les préfets, les bureaux gouvernementaux, en assurent la bonne application.

Si on peut parler de révolution, c'est parce que Claude rogne les ailes des sénateurs en confiant de hautes charges aux affranchis en qui il a toute confiance et aux chevaliers. Une décision qui améliore largement le fonctionnement, mais que les riches notables du Sénat lui feront payer cher.

Il organise en 47 un recensement pour enregistrer tous les citoyens de l'empire, identifier leur fortune afin de fixer au plus juste le taux d'imposition. Encore une mesure qui irrite les classes les plus riches, évidemment.

Plaque avec le nom de Narcisse, Thasos

Les affranchis, esclaves à qui on a donné la liberté, pouvaient tenir des postes de confiance, puisqu'ils étaient par les juridictions les obligés de ceux qui les avaient libérés. Ainsi Narcisse dirigeait-il  le bureau du courrier de l'empereur. Son nom est visible tout en bas, en lettres grecques : NARKISSOS. C'est un personnage de Britannicus !

Portrait d'un inconnu dit Corbulon, Gabies

Corbulon, légat de Claude en Germanie, mena une brillante carrière qui se poursuivit sous Néron, après la mort de son protecteur.

Caius Arunceius Princeps, vers 50 ap. J.C.

Honoris caussa (sic), lit-on sur la dernière ligne. Le vieil affranchi porte l'anneau à l'auriculaire et la toge : tout indique ici la fierté d'être devenu un citoyen romain.

Les honneurs

La victoire sur la Britannia lui vaut tout de même bien des reconnaissances : l'élargissement du pomerium donc (et ce n'est pas rien, l'aire de la ville est quasiment doublée), une procession triomphale vers le Capitole, un arc "de triomphe", érigé sur le champ de Mars.

Relief dit des Prétoriens, vers 50 ap. J.C.

On pensait autrefois que ce magnifique relief, qui présente de vrais portraits et décrit l'équipement militaire avec précision, figurait la garde prétorienne qui porta Claude au pouvoir. Il s'agirait plutôt d'officiers en procession triomphale vers le Capitole, symbolisé par l'aigle de Jupiter sur la colonne.

Relief dit des Prétoriens, détail

Je me trompe ou ce moustachu a une tête bien gauloise ?

Isis sur un char, Rome

Le manteau attaché sur la poitrine et les plantes des marais permettraient d'identifier Isis. Ce serait peut-être un vestige de l'arc de triomphe de Claude, disparu.

Cuirasse-trophée, vers 50 ap. J.C.

Les cuirasses-trophées commémoraient aussi, à plus petite échelle, les conquêtes militaires.

La fin

Messaline aurait comploté contre l'empereur pour assurer la place de son fils Britannicus : elle est assassinée.

En 48, Claude se remarie avec Agrippine, sa nièce, la fille de Germanicus. Une union politique qui l'amène, pour les mêmes raisons, à adopter le fils de celle-ci, Néron. Encore un lettré qui sera noirci par les écrivains parce qu'il veut rogner le pouvoir du Sénat !

En 54, Claude consomme la fameuse platée de champignons qui lui sera fatale. Simple intoxication alimentaire ou empoisonnement volontaire ? Apparemment la question n'est pas encore tranchée.

Agrippine la Jeune, 54 ap. J.C.
Après la mort de l'empereur, Agrippine demande au Sénat qu'il soit divinisé et qu'on construise sur le Celius un temple à ce nouveau dieu. C'est Vespasien qui en terminera la construction.

Britannicus enfant, 54 ap. J.C.

La statue d'un charmant Britannicus enfant provient du temple de Claude qui présentait toute la famille impériale.

Néron enfant, vers 50 ap. J.C.
Néron à treize ans, donc pile au moment de son adoption. Un vrai portrait d'adolescent, où on reconnaît bien la physionomie plus connue par les statues de l'adulte.

Inscription de Néron, 66 ap. J.C.

Claude, Germanicus, Auguste : à son tour, Néron souligne fièrement la noblesse de son lignage.

Mosaïque aux champignons, Saint Romain en Gal

Plus vrais que nature, ces champignons !

Je sors de cette exposition avec une image bien plus nuancée de cet empereur mal-aimé. Le cas de Britannicus reste problématique  et je pense qu'il ne faut pas mésestimer le pouvoir de la redoutable Agrippine. Je suis cependant frappé par ces remariages successifs,où me semble apparaître clairement la nécessité de perpétuer l'empire. Claude a-t-il seulement joué l'apaisement au sein de la maison impériale, ou a-t-il aussi pensé que Néron faisait un empereur plus valable ? Ou s'est-il reconnu dans ce jeune homme, formé comme lui en Grèce, également hostile au Sénat ?

Je suis également sensible à cette volonté de défendre ceux que la Rome officielle considérait comme inférieurs, Gaulois ou affranchis, même si le calcul politique n'est sans doute pas étranger à ses décisions.
Et l'image de cet homme de grands travaux, propres à assurer le bon fonctionnement de la cité, me semble celle d'un bon gouvernant.

Présentant de très belles pièces, voici donc une exposition claire et bien documentée. C'est un plaisir, et encore une fois, j'en recommande vivement la visite !

22 commentaires:

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    Annie

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  3. Excellent article, avec énormément d'informations qui réhabilitent l'image d'un empereur calomnié. Et qui continue, à tort, à être mal-aimé !
    Pour autant, ta publication reste très accessible, sans étalage d'érudition, avec des photos de bonne qualité. Tu as fait un beau travail.
    Dominique

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    1. Merci beaucoup, Dominique, d'avoir pris le temps de rédiger cette appréciation. Venant de toi, je suis encore plus honoré par ce commentaire.
      Toutes mes amitiés !

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  4. C'est un article passionnant. Moi, je connaissais Claude encore moins, mais je suis captivée par cette affaire des historiens qui salissent la mémoire d'un révolutionnaire ! Rien ne change jamais.
    Merci pour cette publication très réussie,félicitations !
    Isabelle

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    1. Merci mille fois, Isabelle ! Voilà un très chaleureux commentaire.
      Effectivement, l'histoire ne cesse de se répéter. Et l'affaire des sénateurs qui refusent les Gaulois étrangers, ça ne rappelle rien ?

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  6. Je n'aurai pas la possibilité de visiter cette exposition mais je suis très heureuse d'avoir pu découvrir votre article, très complet, extrêmement passionnant, qui en fait un compte-rendu.
    Nous autres, profs de lettres classiques, avons été abreuvés à la même source des anti-claudiens, avec Suétone et autres lascars qui, comme vous l'écrivez justement, n'ont pas été tendres et se sont acharné à vilipender cet empereur fort honnête, intelligent et cultivé. L'Empire s'est finalement trouvé fort bien de son gouvernement.
    Je mène des recherches sur cette Histoire réécrite par les sbires du Sénat, prêts à attaquer dans leurs écrits tout personnage qui tenterait de réduire les privilèges des Sénateurs. Je vous assure que c'est édifiant.
    Je formule des prières pour la réhabilitation de cet homme intègre, fin politique, sans doute un être de culture à l'aune d'Hadrien. Vous voyez, je ne mâche pas mes mots. Bravo pour votre bel article qui devrait y apporter sa part !
    Bien cordialement.
    Claire

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    1. Un grand merci pour ce volumineux message, Claire ! Je suis convaincu qu'il y a beaucoup à faire,
      effectivement, pour réhabiliter ces victimes de la plume noire de nos célébrités littéraires antiques

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  7. Thanks for this clever post. I teach latin and greek in California, and it is a high pleasure for me to read this about the poor Claudius, a victim of naughty writers' conspiracy.
    Great job!
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    Antonia

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    1. It is a great pleasure for me to read such an encouraging message, and so kind words.
      Thanks, Antonia!

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  8. Je crois que j'en savais moins que vous sur cet empereur ! C'est intéressant de monter une exposition pour faire le point sur un portrait livré par la tradition. Il s'agit donc d'une réhabilitation !
    Merci pour ce bel article, détaillé avec toujours vos excellents commentaires.
    Pierre

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    1. C'est toujours un grand réconfort de lire vos appréciations toujours enthousiastes et chaleureuses !
      Je ne peux que vous en remercier, encore une fois. Je n'ai que quelques lecteurs qui prennent la peine (et le temps) de commenter ainsi tous mes articles.

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  9. Passionnant article. Une visite claire d'une exposition apparemment captivante.
    Votre article est de loin le meilleur que j'ai trouvé sur le sujet.
    Léopold

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    1. Je suis très honoré de recevoir autant de louanges, Léopold.
      Un grand merci pour ce commentaire généreux !

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  10. C'est passionnant. La réhabilitation de personnages historiques est aussi excitante qu'un thriller ! Votre captivant article me donne envie de filer tout de suite à Lyon. J'espère que l'expo n'est pas terminée !
    Arsinoé

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    1. Merci beaucoup, chère Arsinoé (quel beau prénom vous portez !), pour ce chaleureux commentaire. Je ne peux que vous encourager à vous rendre à Lyon pour découvrir les merveilles de cette ville et profiter de cette remarquable exposition.

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  11. Remarquable article qui fait regretter de n'avoir pas vu cette exposition.

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