Prague : Concert de la Saint-Sylvestre

J'ai réservé dans cette belle Salle Smetana de la Maison Municipale des places pour un des concerts de la Saint-Sylvestre qui s'y déroulent. Je mets le mot au pluriel, car comme les Konzerthaus et Musikverein viennois, c'est une machine à concert. Rien qu'aujourd'hui, il y en aurait cinq, en comptant les différentes salles.

Le mien, c'est celui de 16:00, un concert avec l'Orchestre Philharmonique de Prague. La salle se remplit peu à peu d'un public très mixte, avec beaucoup de touristes qui applaudissent à tort et à travers, et une foule endimanchée qui scrute davantage son téléphone que la scène.

C'est un programme assez hétéroclite qui est proposé, formé de petites pièces qui alternent avec quelques airs d'opéra.

Côté orchestre, on a droit à des tubes dont l'assemblage me rappelle irrésistiblement les disques 'Trésors de la musique classique" surtout destinés aux néophytes : Valse des fleurs de Casse-Noisette  (Tchaikovsky), Leichte Kavallerie (Cavalerie Légère) de Suppé, Kaiserwaltz (Valse de l'empereur) et Radetzkymarsch (Marche de Radetzky) en bis où, comme à Vienne, le chef invite le public à marquer le rythme en frappant dans ses mains. 

Non indiquée sur le programme, apparaît aussi la fameuse polka Unter Donner und Blitz (Tonnerres et éclairs) de Strauss, que je connais bien car elle est toujours jouée à Vienne au deuxième acte de Die Fledermaus, La Chauve Souris.

S'y ajoutent deux extraits du répertoire tchèque, le passage le plus connu de Vltava (La Moldau) de Smetana, le compositeur dont la salle porte le nom et le final de la Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák. 

En prime, Vjezd gladiátorů (L'Entrée des Gladiateurs) de Fučík, morceau dont le nom ne dit rien à personne et qui est pourtant très connu comme musique de cirque.

L'Orchestre Philharmonique de Prague se montre d'un bon niveau technique, avec des pupitres solides (mention spéciale aux très jolies couleurs des bois).

Le chef allemand Friedemann Riehle est un des fondateurs de cet orchestre, en 1995, et il est célèbre pour avoir dirigé des concerts mixtes avec des artistes de rock. Il dirige avec beaucoup d'enthousiasme et une indéniable énergie, mais je regrette qu'il n'ait pas davantage exploré la poésie de certaines des partitions (le Tchaikovsky, le Smetana le permettaient pourtant) ni cherché à détailler les phrasés. Traversée du programme sans mystère ni rêverie, l'objectif est le port ! 

Mais le public en réclamait-il davantage ? 

Anda-Louise Bogza est une infatigable chanteuse : en six jours, c'est la troisième fois que je l'entends, après Un Ballo in Maschera et Macbeth.

Elle interprète un émouvant Vissi d'arte de Tosca, très bien construit, et une paire d'airs de Leonora du Trovatore qui montrent la solidité de sa technique et la plénitude de la voix.

Lucie Hajkova, sa Dama de Macbeth, la rejoint pour la Barcarolle des Contes d'Hoffmann d'Offenbach, un classique des concerts de réveillon. Difficile de juger une chanteuse qui vient à froid interpréter un seul duo. Il m'a semblé cependant qu'elle était vocalement plus présente dans l'opéra que dans ce concert, mais je n'ai rien à redire sur cette musicienne scrupuleuse.

Un concert assez inhabituel pour moi, mais qui a visiblement séduit le public. Et du Strauss pour finir l'année, c'est toujours un vrai bonheur !

Je retrouve l'adorable Anda-Louise pour la dernière fois de mon séjour.

Je goûte le champagne local : un Blanc de Noirs très bien travaillé, à découvrir !