Moscou : la Galerie d'art européen du Musée Pouchkine

Ce matin, la pluie s'est de nouveau invitée. C'est le bon moment pour poursuivre ma visite de musée. Avec mon billet combiné acheté au Musée des Beaux-Arts Pouchkine, je vais pouvoir explorer leur second bâtiment.



C'est là que se trouve notamment la fameuse collection d'Impressionnistes. Elle repose sur deux fonds privés : celui de Morozov et celui de Chtchoukine, dont une partie était venue à Paris dans une grandiose exposition. Comme j'avais fait un article dessus, je vais éviter les doublons.
Je m'attendais à un musée plein de monde, mais c'est étonnamment beaucoup plus tranquille que l'autre bâtiment, et je suis seul dans certaines salles. Je m'étais fait la même réflexion à Saint Petersbourg, avec les deux de l'Ermitage.

Allez, c'est parti pour la visite sélective !

Une fois emprunté le grand escalier, sobre et élégant, me voici dans une succession de petites salles.

De Goya aux Impressionnistes

Goya, Carnaval

 Un Goya pour commencer. Caractéristique dans le thème, la palette, la composition.

 Caspar David Friedrich, Blick von Warmbrunn auf die Kleine Sturmhaube

Caspar David Friedrich est un peintre que j'affectionne particulièrement, et voir ses œuvres me réjouit toujours. La douceur et la lumière de ce Blick von Warmbrunn auf die Kleine Sturmhaube (Vue de Warmbrunn, Montagne de la Petite Sturmhaube) sont bienfaisantes.

Corot, Coup de vent.

Un curieux Corot. Efficacement traité, mais les coloris me font davantage penser à certains de l'école de Barbizon.

Là, on est davantage dans ce que je connais le mieux. Arbre, masse d'eau, silhouette, ciel chargé. Les indices concordent.

Jules Bastien-Lepage, Les amoureux au village

Peinture réaliste mais instantané très juste, je trouve.

Millet, Les bûcheronnes

Ça, c'est un tableau incroyable. On reste bien dans le registre rural, mais on est à mille lieues de L’Angélus !

Millet, Les meules de foin

Un autre Millet tout aussi sidérant, dans un autre genre. Cet effet de brume me semble rarissime chez lui. En fait, c'est un peintre qui me surprend souvent et à chaque fois, je me dis qu'il faudra que j'approfondisse le sujet.

Courbet, La vague

 Courbet a peint à plusieurs reprises ces vagues tempétueuses vues de face, comme si elles arrivaient sur le spectateur.

Courbet, La mer

 Et un autre, La mer. Très équilibré.

Manet, Portrait de Méry Laurent avec un carlin.

Toute une série de Manet, où la rapidité du trait est toujours un bonus. Il a représenté à plusieurs reprises sa maîtresse Méry Laurent, notamment en baigneuse au tub, mais aussi dans le Bar aux Folies-Bergère.

Manet toujours, Rosita Mauri

 Toujours un trait rapide, proche de l'esquisse, mais le traitement est tout différent.

Manet, Au bar

Et un dernier, presque une esquisse, Au bar. Thème récurrent chez lui (je pense toujours au beau tableau de la Courtauld, à Londres), et finalement qui traverse l'histoire de l'art, entre les buveurs dans les banquets sur les vases grecs et les scènes d'auberge des Flamands et Hollandais !

Rodin, Victor Hugo

Belle tête de Rodin. Je garde ma préférence pour son Balzac, mais le portrait de Hugo, plus officiel, reste très vivant.

Jean-Louis Forain, La course de chevaux

Jean-Louis Forain a mis du temps à être montré en France, mais les musées russes en exposent plusieurs exemplaires. Et, franchement, il a tout à fait sa place.

Pierre Carrier-Belleuse, Danseuse

 Degas ? Eh bien non. Le Musée du Petit Palais avait présenté un intéressant pastel de cet artiste plutôt oublié.

Degas, Chevaux à l'exercice

Voici Degas, cette fois, avec un pastel un peu brumeux. Peut-être exécuté lorsque sa vue avait baissé fortement, sous toutes réserves.

Degas, Danseuses

Degas, Danseuses

Degas, Danseuse

Ces trois-là aussi sont bien de Degas.

Renoir, Filles en noir

Ce Renoir-là me paraît dans la veine du Moulin de la Galette.

Renoir, Bouquet au vase bleu

Ce bouquet aussi est de lui. Très lumineux.

Paul Helleu, Femme en blanc

 Monet ? Mais non ! Helleu, le peintre de Vannes. Cette Femme en blanc a connu plusieurs versions.

Odilon Redon, Profil de femme à la fenêtre

Un pastel de Redon, sur son carton brut favori. Toujours un sens aigu de la couleur. A comparer avec ceux de l'expo parisienne.

Puvis de Chavannes, Compassion

Deux Puvis de Chavannes, cette Compassion, assez étonnante. Pas dégoulinante de piété comme c'est parfois le cas avec lui mais traitée avec économie et sobriété. La palette est moins éteinte que d'habitude, comme dans sa série Pauvre Pêcheur dont un exemplaire figure dans la collection.

Puvis de Chavannes, Pauvre Pêcheur

 Eugène Carrière, Le baiser de la mère

 Eugène Carrière, on reconnaît tout de suite. Cette peinture floue et fondue, comme une photo sépia mal réglée, est sa marque de fabrique. Ça fait toujours de l'effet ! Encore un peintre qui mériterait une rétrospective.

Munch,  Nuit blanche / Aasgardstrand / Filles à la barrière

Ce tableau de Munch est effectivement connu sous trois noms.connu sous trois noms. La diagonale qui dynamise le tableau apparaît souvent dans ses toiles.

 Munkacsy, Le bouquet.

Ma visite du Musée des Beaux-Arts de Budapest est inoubliable. Des découvertes en série d'excellents peintres dont je n'avais jamais entendu parler. Munkacsy a fait un peu de tout, des portraits, des paysages (souvent impressionnistes) et des scènes d'intérieur, toutes dans l'intimité. Je suis ravi d'en revoir un !

Whistler, Marine

Un merveilleux tableau miniature, fait en trois coups de pinceau. Whistler, un peintre qui ne me déçoit jamais.

Thaulow, Torrent de montagne

 Thaulow, encore un peintre que je connais trop peu, et pourtant je trouve toujours ses tableaux intéressants. Le travail de contraste, le reflet, le fond de l'eau... tout me plaît ici. La toile du Petit Palais n'était pas mal non plus.

Thaulow, Le Boulevard de la Madeleine à Paris

Complètement différent, un autre Thaulow, qui s'inscrit dans cette nouvelle mode de la capitale vue d'en haut. Un vrai tableau impressionniste.

Monet, Les Rochers à Belle-Île

Une belle série de Monet. J'avais mis les plus fameux dans l'article sur la Fondation Vuitton. Voici donc Les Rochers à Belle-Île, en petites touches presque pointillistes.

Monet, La Cathédrale de Rouen

Deux de ses Cathédrales de Rouen, le fameux sujet d'étude de la variation de la lumière.

Pissarro, Matin d'automne à Eragny

 Les arbres me plaisent mais je suis plus réticent avec son vert fluo de l'herbe ! Je ne suus pas toujours fan de Pissarro, c'est vrai.

Boudin, scènes de plage

 Boudin, bien sûr, un des rares peintres à avoir si souvent retenu le format du bas (j'ai su le nom, mais impossible de le retrouver). J'aime toujours Boudin et ses scènes de plage. J'ai vu, lors d'une expo à Barcelone, un morceau de film, en couleurs, tourné à la plage dans les années 1910. C'est incroyable, c'est exactement ce que Boudin donne à voir.

Cézanne, Intérieur avec femme et enfant

De... Cézanne ! Alors là, je reste tout ébaubi. Je partais pour un Picasso de jeunesse. J'ai vu beaucoup de toiles de Cézanne mais celle-là a échappé à mon radar et je ne connais rien, mais alors rien du tout, qui ressemble à cette peinture dans son œuvre.

Cézanne, Pont sur la Marne à Créteil

Là oui, je retrouve mes repères cézanniens.

Cézanne, Pont sur la mare

Tableau expérimental, qui se rapproche de son travail à l'aquarelle. En regardant de près, une grande partie de la toile n'est pas du tout peinte. Pont sur la mare. Le titre est tellement passe-partout que je m'interroge : Cette vue correspond-elle à un paysage réel ?

Cézanne, Nature morte au torchon

 Une nature morte réalisée sans doute dans son atelier où les fruits étaient un inépuisable sujet.

Signac, La Plage à Saint-Briac

On jurerait un Seurat. Exactement les mêmes tonalités !

Van Gogh, Les vendanges à Montmajour

Mes parents sont beaucoup plus calés que moi sur ce peintre qui vécut dans ma ville natale, mais, quant à moi, je pense n'avoir jamais rencontré ce tableau.

Van Gogh, La cour de prison

 Et encore moins celui-là, une de ses toutes dernières toiles : La cour de prison. Sans être vraiment un autoportrait, le personnage éclairé au centre lui ressemble assez.

Van Gogh, Paysage à Auvers après la pluie

Toujours Van Gogh, un tableau à la fraîche palette, avec une pâte épaisse qui semble striée à la fourchette.

Gauguin, Le Fruit

De son pote (enfin, pendant un moment) Gauguin. On est dans la continuité mais le trait diffère totalement. Et quelle originalité, ce visage à gauche traité comme un masque !

Gauguin, Café à Arles

 Toile célébrissime. Population bigarrée dans l'estaminet !

Gauguin, Te Tiare Farani

Beau bouquet mais les personnages ne sont pas gâtés !

Gauguin, Le grand Bouddha.

Nous voici en Polynésie. Assez mystérieux, voire énigmatique.

Gauguin, Nature morte aux perroquets

Un dernier Gauguin. On ne parle pas de Bouddha, bien reconnaissable pourtant. Une fois que j'ai trouvé les  perroquets, j'ai pensé aux tableaux de chasse du XVIIe siècle. Inattendu, en tout cas.

Des Nabis à l'art moderne

Vuillard, Au jardin

Le charme de cette peinture Nabi, économe d'effets mais pleine de quiétude.

Bonnard, Dans le miroir

Curieuse composition qui emploie le miroir comme cadre intérieur !

Bonnard, La Seine à Vernonnet

 Un autre Bonnard qui montre davantage d'effets impressionnistes.

Vuillard, Le sofa rouge

Etonnante composition, où le personnage est totalement fondu dans le décor qui tient toute la place. Vuillard emploie souvent cette palette très adoucie.

Van Dongen

Curieux Van Dongen en gris. Les traits sombres sont bien présents, cependant.

Vlaminck, Barges sur la Seine

Couleurs vibrantes, aplats larges. Beaucoup de dynamisme.

Marquet, Vue de Notre Dame

Tout le contraire de cette Vue de Notre Dame. Un tableau qui semble immobile, figé dans la neige, silencieux. Avec trois fois rien, l'effet de brume est saisissant. Je ne me rappelle plus si je l'ai vu dans l'exposition parisienne !

Marquet, Vue de la Seine

Un de ses sujets favoris pendant la période parisienne.

Matisse, Nature morte

Surprise... Matisse ! Les musées russes en possèdent énormément. Une respectable série avait fait le voyage à la Fondation Vuitton. Je ne montre donc que ceux de la collection Morozov.

Matisse, Nature morte en rouge de Venise

Matisse, Paysage aux oliviers

Matisse, Coin d'atelier

Matisse, Arums, iris et mimosas

Derain, La Pinède

 Un surprenant Derain, pas fauve pour deux sous. J'aurais plutôt donné ce tableau à Braque.

Utrillo, La maison blanche

J'ai peu d'attirance pour ce peintre, et je suis stupéfait par le charme de cette toile.

 Le Douanier Rousseau, Le Peintre et sa muse

 Le Douanier Rousseau a un style bien particulier. S'il avait su qu'il donnerait naissance à tout un courant pictural ! Beaucoup d'humour, semble-t-il, dans ce Peintre et sa muse.

Picasso

Grâce à l'énergie productive de Picasso, on voit de ses tableaux partout. Ici, beaucoup sont accrochés sur les murs. Deux seulement dans cet article !

Picasso, Saltimbanques

Archipenko, La Grâce

 Archipenko, je croyais que c'était un artiste russe. Si c'est le cas, pourquoi est-il exposé ici ? Splendide statuette au demeurant.

Amédée Ozenfant, Graphique sur fond noir

Amédée Ozenfant, encore une personnalité intéressante dont les œuvres se font rares. Le centre Pompidou en a dans ses réserves...

 Fernand Léger, Les ouvriers du bâtiment

Grâce au style qu'il s'est inventé, on identifie immédiatement ses œuvres. Pratique.
Cela rappelle vraiment celles présentées aux Abattoirs de Toulouse !

 André Lhôte, Paysage

Un paysage cubiste, coloré et séduisant.

 Otto Bayer, Grünewald.

Peintre que j'ai découvert à Berlin il y a vingt ans, artiste tourmenté dont la peinture énergique, souvent lumineuse, ne m'a pas laissé indifférent.

 Arp, Créature Ailée

Statue qui surplombe l'escalier. Peinture lisse qui appelle la caresse.

Kandinsky, Structure Angulaire

 Quelques Kandinsky sont aussi venus jouer les trouble-fête dans les collections. Finalement je me replonge dans l'univers de la Nouvelle Galerie Tretyakov !

Chagall, Nocturne

Dufy, 14 juillet à Deauville

Est-ce qu'il ne peignait qu'une fois l'an, vu la quantité de ses 14 juillet ?

Gonzalez de la Serna, Magnolias

Gonzalez de la Serna, jamais entendu parler ! Palette très stricte et bien équilibrée dans cette huile.

De Chirico, La grosse tour

C'est un tableau qui voyage ! C'est la troisième fois que je le vois.

 Cesare Monti, Jour de pluie

En général, passé le XVIIIe siècle, on ne connaît plus la peinture italienne. Pourtant...

André Masson, La marée

Séduisante toile minimaliste.

André Fougeron, La pêche

Pas mal du tout avec son graphisme et ses masses colorées ! André Fougeron était un peintre engagé et convaincu, qui a notamment créé des fresques pour des bâtiments publics dans les municipalités communistes.

Robert Zambaux, La repasseuse

Robert Zambaux est encore plus méconnu que Fougeron. Curieux mélange de réalisme et de cubisme, finalement assez original.

 Une série de Rockwell Kent clôt la collection. Invitation aux grands espaces américains.

Livres d'artistes

Un thème très rarement exposé, mais une vraie bonne idée. C'est un vrai pan de l'histoire de l'art, et au XXe siècle, beaucoup s'y sont collés. Je n'ai jamais vu d'exposition qui y soit entièrement consacrée, même si on en rencontre dans des rétrospectives.
C'est une super bonne idée !!!

Illustrations de Rodin.

Henri Laurens illustrant Dialogues de Lucien, le sage grec de l'Antiquité.

Zadkine rencontrant Euripide.

Apollinaire en calligrammes.

Chillida.

Michel Guino pour Un soupçon d'Eluard.

Calder et Alan Kent.

Pomodoro

Arnaldo Pomodoro

Marino Marini

Mimmo Paladino

 Christo et Jeanne-Claude

Arman

C'est comme d'hab. J'ai passé plusieurs heures dans le musée, "je suis affamé et fourbu." Plutôt que rester dans le quartier, je prends le métro. Direction Sportivnaya pour le Monastère Novodievitchi !