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samedi 7 avril 2018

Paris : Elias avec Matthias Goerne à la Philharmonie

Philharmonie : Elias de Mendelssohn

 




Souvenirs...

Cette œuvre magnifique est un grand oratorio, le second de Mendelssohn, avec de grandes pages chorales, des airs splendides et la délicate orchestration dont le cher Felix fait toujours preuve. Elle fut commandée par le Festival de Birmingham, et donc créée en 1846, en anglais, sous le titre Elijah. C'est resté l'oratorio le plus connu en Angleterre avec le Messie de Haendel. Les liens avec l'Angleterre n'avaient rien d'étonnant : Haydn y avait voyagé, Beethoven avait arrangé des airs populaires (notamment écossais), Mendelssohn avait inclus cette île dans son tour européen, d'où la Symphonie Écossaise et l'ouverture Les Hébrides
A cause de sa mauvaise santé, Mendelssohn n'entendit jamais la version en allemand et mourut à quelques jours du concert à Vienne. 


Je l'ai entendue pour la première fois lors d'un concert du nouvel an à la Philharmonie de Berlin, avec Marlis Petersen, Gerhild Romberger, Steve Davislim, Yorck Felix Speer sous la direction de Hans-Christoph Rademann avec déjà le RIAS Kammerchor, invité permanent de ces concerts du nouvel an. Puis en 2010 à Barcelona avec un éblouissant René Pape, entouré de Camilla Tilling, Katarina Karnéus, et de Werner Güra. Puis deux mois après à Marseille, dirigé par Friedrich Pleyer, avec Jean-Philippe Lafont, Kimy Mc Laren, Qiu Lin Zhang, Gilles Ragon. Plus rien depuis... Je suis donc enchanté de le réentendre en direct. En fait, même si je ne l'ai pas réécouté à la maison depuis des mois, je constate dans la soirée que tout m'est familier, même des détails comme ces solos de trombone. C'est la force d'une grande œuvre. 



Les forces vives

Je bénéficie à nouveau d'un orchestre sur instruments anciens, le fameux Freiburger Barockorchester, aux timbres bien caractérisés (super phalange de vents, notamment). Comme à Berlin, c'est le RIAS Kammerchor qui nous offre sa transparence, ses timbres équilibrés. De la haute qualité.



Pablo Heras-Casado dirige avec un grand sens du théâtre, ménageant des pauses, avec un sens du récit et de l'épique. Très attentif aux plans sonores, il sait aussi faire de la dentelle dans les détails. Un travail très convaincant. 


Les solistes


Sophie Karthäuser chante la partie de soprano avec sa pureté habituelle et beaucoup d'expressivité.  


La mezzo norvégienne Marianne Beate Kielland est toujours excellente dans ce répertoire, avec une voix claire,   beaucoup de sobriété et de franchise dans l'émission. 


Je n'ai entendu qu'une fois Sebastian Kohlhepp, en Jaquino au Wiener Staatsoper en 2013. Un petit rôle où je n'avais guère remarqué que la fraîcheur du timbre. Le chanteur a mûri et il doit être un superbe Évangéliste à présent.  Excellent travail, avec une émission bien conduite, des aigus très maîtrisés, beaucoup d'élégance. Impeccable. 


Matthias Goerne est évidemment la star du concert. Je l'ai un peu entendu à l'opéra, beaucoup en concert, mais jamais dans un oratorio. En fait, son Elias est interprété comme s'il s'agissait d'un rôle scénique, avec une considérable attention à la vie, aux sentiments du personnage. La voix me paraît plus sombre, et cela lui donne un vrai poids de prophète. Le phrasé souverain, la maîtrise technique (ces pianissimi impalpables !) sont au service d'une incarnation. La salle est suspendue. 
Véritable triomphe pour une soirée d'exception. 

18 commentaires:

  1. Superbe commentaire! merci Fred.

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  2. I will listen to this piece you recommend so much. Thanks for your great post again.
    Annie

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  3. Très intéressant. Votre article donne une bonne idée du concert. Peut-être parler davantage de l'oeuvre serait utile pour ceux qui ne la connaissent pas.
    Ivan

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    1. Merci Ivan. Je réfléchirai à votre suggestion mais je ne suis pas certain qu'un long commentaire sur l'oeuvre soit l'objet de ce blog.

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  4. You are a lucky man. It seemed to be a great concert!
    Debirah N. J.

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  5. Belle balade le long du canal Saint-Martin, surtout avec un guide excellent et de magnifiques photos de ce lieu de promenade apprécié des parisiens.
    L’oratorio de Mendelssohn est un réel chef d’œuvre, en particulier avec ce chef très sensible, le kammerchor, et les solistes remarquables. Il est certain que c’était une très bonne soirée.

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    1. Fichtre! Guide excellent que voilà un sacré compliment, cher anonyme. Quand même un peu immérité, je le crains ! L'équilibre entre le trop et le trop peu est bien fragile quant aux informations à apporter.
      Quant à l'opinion sur la soirée, nous la partageons visiblement.
      Tous mes remerciements pour votre commentaire !

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  6. Qu'est-ce que c'est, un oratorio?

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  7. Vous avez raison, cher Anonyme, ça ne m'est pas venu à l'idée de l'expliquer. Je ferai un ajout quand je trouverai un moment !

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  8. J'ai eu le privilège d'assister à ce concert. Entièrement d'accord avec vous.
    Peter

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  9. Moi, je n'y étais pas, mais j'aurais bien aimé ! Belle chronique.
    Hector

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