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mercredi 25 avril 2018

Moscou : Visite du Kremlin



Le Kremlin, c'était et ça demeure un des principaux symboles de la Russie. C'est toujours le siège du pouvoir. Il ne faut pas s'imaginer pour autant qu'on va visiter le bureau de Poutine. Le trajet est très balisé, et on se fait rappeler à coup de sifflet dès qu'on fait un mètre de plus. Et, ce qu'on peut vraiment visiter avec le billet "complexe architectural" à 500 roubles, ce sont des églises.
J'ai pris en plus la visite de l'armurerie qui m'avait vivement été conseillée, et j'ai réservé en ligne, sur le site du Kremlin. Il me faut cependant aller échanger mon voucher contre les billets, mais la queue au guichet dédié est bien moins longue.




Une fois délesté de mon sac, les nombreux contrôles passés (ça ne rigole pas), me voici sur le pont qui mène à la forteresse.




 La première chose qui s'impose quand on pénètre, c'est le palais des congrès. Je verrai ça de plus près ce soir.


 En face, voici l'arsenal, un long bâtiment aux teintes harmonieuses. Juste devant s'alignent les canons soustraits aux ennemis. Commandé par Pierre le Grand, brûlé par Napoléon, il fut reconstruit dans les années 1820.




D'un côté de l'allée, le palais des Patriarches et la place des Cathédrales.


De l'autre, le palais présidentiel, séparé par l'avenue qu'il est strictement interdit de franchir.


 Le Tsar des Canons



Environ quarante tonnes pour ce mastodonte réalisé au XVIe siècle. Les fondeurs russes étaient des maîtres en la matière !


 Une tonne pour chacun des boulets. Ça devait faire des dégâts…

 

La Reine des Cloches



Pas un terme péjoratif mais la plus grosse cloche au monde, malheureusement victime d'un incendie quand elle se trouvait encore dans la fosse en train de refroidir. La chaleur provoqua des fissures et une partie se détacha.


En fait, la fissure permet commodément de constater l'épaisseur de la cloche.



C'est la vue la plus connue, je crois, du palais présidentiel, en fait le Sénat. Les congrès du Parti Communiste se tenaient à droite, dans la partie de la rotonde.


 Je reviens sur mes pas pour m'attaquer à la place des cathédrales. D'ici, c'est un décor féérique avec l'ensemble des bulbes sous le soleil.


 

Le Palais des Patriarches



L'ancien palais du métropolite fut reconstruit au XVIIe siècle. Belle façade rythmée de pilastres et ces merveilleux clochers russes qui animent n'importe quelle construction. La partie droite forme l'église des Douze Apôtres, construite vers 1650 à la demande du patriarche Nikon.


A l'intérieur, un petit musée abrite des pièces d'artisanat, illustrant le savoir-faire russe au fil des siècles.










L'ancien bureau est reconstitué avec meubles et objets d'époque.


 Dans une autre partie se tiennent des expositions temporaires. Celle du moment est dédiée aux Ming, cette grande dynastie chinoise qui régna à la Renaissance, fondée par un simple paysan.


 Depuis le perron, vue sur la place inondée de soleil.






Le clocher d'Ivan le Grand et la Cathédrale de la Nativité



Il s'agit donc d'un ensemble, avec la haute tour-clocher d'Ivan le Grand, qui fut rehaussée par Boris Godunov (on n'en parle pas dans l'opéra). Et, de l'autre côté, celle de Filarète, avec la cloche de la Dormition.


Le clocher d'Ivan le Grand fut érigé au début du XVIe siècle par un architecte italien, Marco Bon Friazine, puis agrandi en 1600. Avec ses 81 m, il demeure le plus élevé de la ville. C'est là que le général napoléonien Lauriston avait établi son quartier général en 1812.

Un autre architecte italien, connu sous son nom russe de Petrok Maly, ajouta au XVIe l'église de la Nativité. Les troupes napoléoniennes la détruisirent ; je suppose que Lauriston et ses sbires avaient été évacués auparavant ! En tout cas, on ne supporta pas qu'elle fût détruite et rapidement on la reconstruisit en 1815.


A l'intérieur, je découvre la suite de l'expo Ming avec encore quelques beaux objets. Je crois n'avoir jamais vu une semblable cuillère sculptée en jade.





La Cathédrale de la Dormition





Ivan III souhaitait une nouvelle église pour remplacer celle qui avait brûlé, la première église en pierre de toute la Russie. Mais ses différentes tentatives s'écroulaient les unes après les autres. Finalement, on fit venir à grand frais un architecte de Bologne, Fioravanti. Celui-ci prit sa commande au sérieux ; il fit d'abord un voyage d'étude dans les hauts lieux de l'église russe (Pskov, Novgorod et Vladimir) avant d'établir les plans de cette cathédrale. Après quatre ans de travaux, en 1479, elle était terminée. Avec un catalogue de grandes nouveautés : plan carré, mise à niveau de toutes les arêtes...

La tradition en Russie, c'était les églises en bois ; certes, la cathédrale Saint Dimitri de Vladimir, un véritable bijou, était en pierre, mais c'était tout à fait exceptionnel et pour cet édifice on avait déjà dû amener des artistes européens.

Celle-ci fut la première de Moscou à être construite en pierre. On la trouve parfois mentionnée sous le nom de l'Assomption, qui est en fait l'équivalent catholique de la dormition orthodoxe. Le second terme est donc davantage approprié.



La partie inférieure rappelle fortement les églises italiennes généreusement parées de fresques. Les bulbes sont presque semi-sphériques et dépassent à peine du tambour. Ce n'est pas du tout le modèle de Saint Basile !


L'entrée principale est une splendeur ; elle propose un ingénieuse solution de continuité. La frise de colonnettes est conservée, mais intégrée à la décoration de fresques pour séparer des portraits de saints. En haut, une Vierge à l'Enfant semble tout droit venue d'une icône, mais ce n'est pas le cas des deux anges sur fond de ciel étoilé. En bas, la porte cernée d'arcatures colorées est protégée par deux anges supplémentaires. Sans trop m'avancer, je présume qu'il s'agit d'archanges.


C'est cette église qui vit défiler les grands événements de l'histoire russe, et notamment les couronnements des princes et les cérémonies funéraires des métropolites.


L'intérieur est une pure merveille. Entièrement recouverte de fresques de toute beauté, elle est ornée d'une iconostase de 1652 grandiose et d'icônes remarquables. La porte royale, au centre, est garnie de deux supplémentaires. Dans un vaste programme iconographique, les quatre évangélistes tiennent une place de choix.

 







Le lustre impressionne par sa taille. On l'appelle le lustre des moissons (j'ignore pourquoi) et il pèse quatre cents kilos. Il fut fondu à partir de l'argent récupéré des Français, après leur départ. Ils s'étaient emparé de la ville en 1812, je rappelle !

 

L'Église de la Déposition de la Robe de la Vierge 


à gauche, La cathédrale Verkhospasskaïa ou églises des Terems / à droite, l'Église de la Déposition de la Robe de la Vierge 
Les églises des Terems étaient les chapelles privées du tsar.



 Autrefois église privée (du métropolite, puis de la tsarine), l'église de la Déposition de la Robe de la Vierge est évidemment de plus petites dimensions que les grandes cathédrales. Très délicate, avec d'élégantes fresques colorées. Le maître Nazari Istomine en réalisa quelques-unes.



Istomine dirigea le chantier de cette iconostase de 1627.  Au-dessus de la porte, un grand Christ Sauveur reprend un modèle célèbre depuis le XVe siècle.



La Trinité (le Christ attablé avec les deux anges), à gauche de la porte, serait directement de la main d'Istomine.





Le Palais à facettes



 Juste à côté, on a reconstruit le Palais à Facettes que Staline avait fait détruire. Les bâtiments ont parfois une vie agitée ! Belle construction qui rappelle la Renaissance italienne. Ca m'évoque toujours Ferrara et son Palazzo dei Diamanti, ce genre de façade.

La Cathédrale de l'Archange Saint-Michel

A gauche, le clocher d'Ivan le Grand ; à droite, la Cathédrale de l'Archange Saint-Michel

Cathédrale de l'Archange Saint-Michel

 Qui savait que le Kremlin avait tant dû aux architectes italiens ? Cette fois, c'est un certain Alessio Novi qui s'en chargea, en mélangeant les styles. En regardant bien, la partie basse rappelle effectivement certains bâtiments (pas forcément religieux) de la péninsule, avec ces arcades et ces décorations en coquilles. La note russe, ce sont surtout les bulbes du XVIIIe siècle qui l'apportent.


 Autre souvenir des porches italiens, en voici un totalement fresqué.


Et d'ailleurs, les représentations ne sont pas forcément russes. Ce n'est pas toujours évident de distinguer les apports orthodoxes.



 Beaucoup de représentations de Saint Michel mais aussi, comme l'église abrite des tombeaux, on a peint les saints correspondants au prénom des défunts.



La nécropole contient quarante-six tombes, du XIIIe au XVIIIe siècle. Les sarcophages sont couverts de bronze et peuvent contenir plusieurs corps. Pendant la période soviétique, les dépouilles avaient été transférées dans les sous-sols.


Celui d'Ivan le Terrible n'est pas visible car caché derrière l'iconostase.


Les fresques des XVIe et XVIIe siècles sont de la main de grands artistes ; Nikitine, Ouchakov... Mais il me faudrait un guide détaillé pour savoir qui a représenté quoi.


 

La Cathédrale de l'Annonciation



C'est la plus récente de l'ensemble, et cette fois, on n'a pas eu besoin des Italiens ; on avait appris les techniques ! Autrefois la chapelle privée des tsars, avec de très fines décorations à l'intérieur.




 On a utilisé ici un procédé rare, la dorure au mercure. Je ne sais pas du tout comment ça marche !


On a placé ici des icônes des XIVe et XVe siècles, de vraies merveilles.

L'intérieur fut décoré par les maîtres de la peinture médiévale russe : Théodose, un des fils du grand Dionysius, Andreï Roublev, Théophane le Grec...



Je me hâte car mon billet pour l'armurerie porte l'indication 16:30. Et il est 16:20 !





Surprise au passage. La cavalerie est de retour. Diantre, ils sont nombreux !

L'armurerie



Il n'y aurait que des armes, j'aurais passé mon tour. Je ne suis ni suffisamment connaisseur, ni assez amateur, pour m'extasier devant les rangées d'armures et les vitrines de fusils. J'en ai vu il n'y a pas si longtemps aux Invalides et, à Londres, à la Wallace Collection, ça suffit à mon bonheur.
Mais on m'a vanté la collection comme une sorte de caverne d'Ali Baba, avec des chefs-d'œuvre de joaillerie.



 Effectivement, cette quantité de métaux précieux est assez spectaculaire. C'est vraiment le trésor des tsars ! Et on voit des pièces maîtresses qui prouvent la virtuosité des orfèvres, russes ou européens.


 La collection de reliures métalliques est particulièrement spectaculaire, avec une variété de styles qui laisse pantois.











 Évidemment, la vitrine des réalisations de Fabergé, dont des œufs, mais pas seulement, attire la foule. A juste titre, ce sont des prodiges de délicatesse. Dire qu'il paraît que leur propriété dans les environs de Saint Petersbourg est complètement à l'abandon !









Je sors tout de même un peu fourbu. Je pense rester dans le palais pour le spectacle du soir mais un gardien refuse et, voyant mon billet, m'indique que c'est complètement de l'autre côté, plan à l'appui ; il me faut ressortir.

C'est super-compliqué. Je m'extrais de l'enceinte, quitte les jardins, essaie de traverser le boulevard. Pas de passage piéton. Je fais cent mètres. Rien. Un agent de police me dit qu'il faut passer par le métro et rebrousser chemin ! Bon. Je suis ces indications-là. Quand j'arrive à l'endroit indiqué, ce n’est pas une salle de spectacle, mais la bibliothèque Lenine ! Il me faut refaire le chemin inverse.
Finalement, c'était bien à l'endroit que je pensais, le Palais des Congrès vu en début de visite !
J'ai droit à une belle représentation... 

22 commentaires:

  1. An extraordinary tour of the famous Kremlin! Thanks for this inspiring post. Wonderful pics!
    Annie

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  2. Une visite sous haute surveillance, mais le ciel bleu et l’extraordinaire beauté des édifices fait surement oublier tout cela. Quelle journée.
    Mam

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    1. Merci beaucoup pour cet affectueux commentaire ! Je me suis effectivement régalé Bisous

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  3. Un bel article sur une vraie découverte. Je ne sais pas à quoi je m'attendais concernant le Kremlin, mais sûrement pas à ça !
    Nadia

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  4. Great roundup! These churches all look like places I'd love to go to.
    Wesley

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  5. C'est le meilleur article que j'ai trouvé sur le Kremlin. Au moins, on sait vraiment ce qu'on va voir. Merci
    Antoine

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  6. 🏆🎖️🏅You deserve it!

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  7. Article très intéressant et très complet. Un blog très riche.
    Hector

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    1. Merci beaucoup, Hector, pour votre commentaire élogieux.

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  8. Hello
    Your blog is very Informative about Russian itinerary tour and holiday, I like it so much, thanks for sharing the informations.
    Xiao Mei

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  9. C tres interessant C pas du tout comme je penser
    Gabi

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  10. Un magnifique article ! Apparemment voyager en Russie est très facile et on peut tout organiser soi-même. Merci pour vos articles passionnants et pour la qualité de votre blog, le meilleur que je connaisse !
    Esteban

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  11. Absolument magnifique. Merci pour cette très riche visite en votre compagnie !

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