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samedi 28 avril 2018

Moscou : Lucia di Lammermoor au Novaya Opera



Après La Fiancée du Tsar, me voici de retour au Novaya Opera pour Lucia di Lammermoor, un opéra bien plus fréquent sous nos latitudes.



Saint-Georges, un protecteur inusité dans un théâtre !

J'ai souvent écrit aussi le plaisir que je prends aux œuvres belcantistes, et j'apprécie beaucoup celles de Donizetti. Je n'ai eu l'occasion de chroniquer ici que Maria Stuarda et La Fille du Régiment, mais c'est bien Lucia que j'ai vu le plus, encore il y a deux mois à l'Opéra de Toulon.

La "nouvelle" production de Hans-Joachim Frey



La production n'a de nouveau que le nom. Le décor représente deux murs gris, fermés par une porte de bronze qui rappelle fortement celles du Baptistère de Florence. Le palais à tout faire vu mille fois, de Don Giovanni à certains Verdi...


Direction d'acteurs minimaliste. Enrico roule des yeux pour faire le méchant, les chanteurs vont d'un côté à l'autre de la scène pour que chacun puisse les voir. Le bras en avant, la main en pince semble être de mise. Rien n'est fait pour suggérer une analyse de l’œuvre.


La seule idée est de faire ressortir Lucia du tombeau pour entraîner Edgardo à la fin, et ça ne me semble pas une trouvaille géniale !

Super Edgardo !




Veniamin Egorov se charge de Normanno et Galina Badikovskaya de Alisa, de bonne qualité l'un et l'autre.


Le rôle casse-gueule d'Arturo, court et avec un aigu ravageur, est tenu par un Alexander Skvarko très professionnel. On n'a pas tout les jours autant de voix dans ce rôle.


La basse géorgienne  Otar Kunchulia s'avère un excellent Raimondo, grâce à une voix large, riche, profonde, un vrai plaisir. L'autorité naturelle par les seules qualités vocales.


Andjey Beletsky a des qualités indéniables, mais sa voix plutôt nasale et épaisse (un atout pour d'autres rôles) n'en fait pas un interprète idéal d'Enrico, surtout que les vocalises ne sont pas son fort. La prononciation pourrait aussi être meilleure : kvello pour quello  ! Il faut bien connaître le texte pour s'y reconnaître. Je suis certain qu'un autre répertoire permettrait davantage à cet artiste sympathique de montrer ses qualités.




Edgardo est magnifique ; Aleksey Tatarintsev a une splendide voix italienne et il se sort sans le moindre souci de tous les pièges du rôle. Une large dynamique, beaucoup de soin dans les phrasés, une palette de couleurs expressive. Je ne connaissais pas cet artiste, et c'est une belle découverte. Rien que pour lui, cela valait le coup !



Irina Bozhenko est une Lucia de bon aloi, mais elle gère curieusement ses aigus. Le registre suraigu ne lui pose pas de problème, on peut en juger dans les piqués de la scène de la folie, bien en place. Mais elle s'échine à émettre la plupart des autres dans le registre aigu (et non suraigu), ce qui est évidemment une autre paire de manches. Et elle se retrouve à supprimer tous les aigus finaux et à devoir les émettre à l'octave inférieure. Je suppose que c'est une difficulté passagère, car elle ne manque pas de qualité par ailleurs et le timbre est délicat.





Dmitry Volosnikov dirige avec métier et fait sonner son orchestre, dont les solistes (flûte surtout, très exposée ici) montrent toujours la même excellence.

Aleksey Tatarintsev

Dmitry Volosnikov



Andjey Beletsky

Irina Bozhenko


Retour coutumier en profitant des illuminations. Il commence à pleuvoir, dommage !




8 commentaires:

  1. Still the connoisseur's chronicle. I think I learn a lot with your blog!
    Annie

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  2. C'est comme si on y était !
    Françoise

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  3. Une Lucia un peu décevante dans l’ensemble, mais une belle découverte avec Edgardo (pas un rôle facile). Bien de difficultés à reconnaître les personnages : le rouge des costumes noie toute la scène. Heureusement, ton commentaire permet de s’y retrouver.
    Merci. Bises.
    Mam

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    Réponses
    1. Merci ! Quand j'aurai un peu de temps, j'ajouterai les légendes. Bisous

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  4. La production semble effectivement nullissime. Quant aux chanteurs, je m'en remets à ton jugement.
    G.H.

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