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lundi 14 février 2022

Vienne : Le Belvedere

 Un des joyaux de Vienne, construit pour un Français passé à l'est... Le Belvedere offre parmi les plus beaux jardins à la française, deux palais, un somptueux musée. Visite indispensable ! Je vais tenter de susciter des envies...



Vienne, Belvedere supérieur

Le Prince Eugène de Savoie-Carignan naquit à Paris et fut élevé au sein de la cour de Louis XIV. Destiné à devenir ecclésiastique (il en fallait dans toutes les familles), il se rebella et décida de faire sa carrière dans l'armée. Il rêvait de combattre les troupes ottomanes ; devant le refus du roi, il partit pour Vienne et offrit ses services à Leopold Ier. Il restera fidèle aux Habsburg, servira également Joseph Ier et Charles VI, et terminera ses jours à Vienne.

Devenu Prinz Eugen, il combattit durant le siège de Vienne puis pendant la guerre de la ligue, et son éclatante victoire à la bataille de Zenta (en Hongrie, une étape décisive du conflit contre les Ottomans) lui assura la célébrité. On peut dire que c'est grâce à lui que les Ottomans reculèrent, après cent cinquante ans de tentatives pour s'emparer de l'empire austro-hongrois. Fidèle à son employeur, il ne craignit pas de guerroyer contre les Français.

Ce fut aussi un prestigieux mécène dans le domaine artistique, ce qui nous intéresse particulièrement ici.

Vienne, le Belvedere : jardins et Belvedere inférieur

Il se fit construire le Stadtpalais par Fischer von Erlach, mais ce fut finalement Johann Lukas von Hildebrandt qui l'acheva, début d'une longue collaboration. Il commanda ensuite à ce dernier le Belvedere, en commençant par le Belvedere inférieur qu'on aperçoit au bout des jardins, tout en bas de la photo précédente. Cette partie, terminée en 1716, comprenait une orangerie, une ménagerie avec des animaux exotiques, des salles décorées en fausse grotte. Elle est fermée aujourd'hui mais je l'ai souvent visitée et y ai vu de nombreuses expositions temporaires.

Le Belvedere supérieur

Vienne, Belvedere supérieur

Hildebrandt  acheva le vaste Belvedere supérieur en 1722. La majesté et la régularité de l'édifice, les toitures de cuivre, les stucs et les statues des façades firent sensation.

Vienne, Belvedere supérieur

On voit une parenté dans ce palais avec le Château de Versailles, et Eugène voulait peut-être se venger de Louis XIV qui avait refusé de lui remettre la charte militaire.

Vienne, Belvedere supérieur

Des deux côtés, l'ensemble a beaucoup d'allure. La grande pièce d'eau ajoute au charme de la vue arrière.

Vienne, Belvedere supérieur, communs

Sur les côtés, des allées devraient permettre d'accéder à des jardins, mais j'ai toujours trouvé les portails fermés. Je me contente de photographier les termes, ces statues humaines qui se terminent comme un socle. Dans l'Antiquité, on représentait ainsi Terminus, le dieu des bornes qui marquaient une limite, ce qui a donné à la fois le nom de la dernière station et de ce type de statue.

Ceux-ci sont engagés, c'est à dire qu'il font partie du mur.

Vienne, Belvedere supérieur, communs

Juste à côté s'étirent des communs, sans doute des garages à carrosse si l'indice des portes cochères est valable.

Vienne, Belvedere supérieur

La façade avant reprend celle de l'arrière, mais dans une version beaucoup plus ornementée.

Vienne, Belvedere supérieur : façade

Les blasons figurent en bonne place ainsi que les statues humaines, comme on en trouve partout dans Vienne.

Vienne, Belvedere supérieur : façade

Les groupes où saillent des drapeaux font référence à la brillante carrière militaire du prince.

Vienne, Belvedere supérieur : façade

L'intérieur du Belvedere supérieur

Vienne, Belvedere supérieur : vestibule

On pénètre par un vestibule majestueux, où la décoration abondante est contrebalancée par le seul usage du blanc.

Vienne, Belvedere supérieur : vestibule, Atlantes


Vienne, Belvedere supérieur : vestibule, Atlante

Chaque pilier s'est métamorphosé en un atlante qui supporte la voûte.

Vienne, Belvedere supérieur : vestibule

Celle-ci est abondamment stuquée. On retrouve des termes engagés, devenus atlantes à leur tour !


Vienne, Belvedere supérieur : salle des marbres

Au cours de la visite, on découvre de vastes salles. Je ne sais si celle-ci (la salle des marbres, qu'on verra mieux plus loin) fut la salle de bal, mais un des grands épisodes de la vie du château fut le prestigieux bal masqué donné pour le mariage de Marie-Antoinette et de Louis XVI, avec seize mille invités. Je suppose qu'une bonne partie devait rester à l'extérieur !


Vienne, Belvedere supérieur : vue sur les jardins

La Marmorsaal (Salle des marbres)

Vienne, Belvedere supérieur : salle des marbres

Porphyre et ors, trompe-l’œil... L'équipe de décorateurs ne redoutait pas la surcharge. C'est Carlo Innocenzo Carlone qui s'en chargea ; membre d'une grande famille de peintres, architectes, sculpteurs, originaire de Côme, il travailla dans toute l'Europe, en Italie (Rome, Brescia, Asti), à Prague, à Bruhl, à Ludwigsburg... Il fut un des maîtres du style rococo, un rejeton tardif du baroque.

Vienne, Belvedere supérieur : salle des marbres

Sans se hausser au niveau des chefs-d’œuvre d'Andrea Pozzo (Sant'Ignazio à Rome ou la Jesuitenkirche à Vienne), le trompe-l’œil à la base du plafond est très réussi. On cherche vraiment ce qui est en volume et ce qui est seulement peint.

 Au centre, Carlone a portraituré Eugène en Apollon, entouré des muses. Un choix pertinent pour ce grand mécène.

Vienne, Belvedere supérieur : salle des marbres

Au-dessus des fenêtres, on croit voir des voûtes réelles...

Vienne, Belvedere supérieur : chapelle

La chapelle du prince est absolument minuscule, et donc tout en hauteur. Cela permettait de marquer la hiérarchie aristocratique : le prince à la tribune, les roturiers en bas.

Le retable est une Résurrection de Francesco Solimena. Je ne métends pas, le soleil à l'heure de mon passage empêchait vraiment de la distinguer.


Musée et expositions

Le Belvedere aujourd'hui, c'est avant tout un musée, qui renferme des œuvres emblématiques de la ville. Je décide de faire un tour complet des salles ouvertes ; une partie de l'étage supérieur reste malheureusement fermée aujourd'hui.

J'ai réparti les articles par thème et je commence par la peinture dite "de genre", qui décrit la société autrichienne à l'époque Biedermeier, au début du XIXe siècle.


Suite avec les natures mortes et une belle série de bouquets.

Je termine l'étage supérieur par les salles consacrées aux paysages.

  La présence exceptionnelle d'un tableau de Klimt, La Femme à l'éventail, est l'occasion d'une petite exposition illustrant l'intérêt de l'artiste pour l'Extrême-Orient.

Suite avec les autres célèbres toiles de Klimt, dont évidemment Le Baiser.

Et je termine cette partie du musée avec des tableaux de la seconde moitié du XIXe siècle et des premières décennies du XXe, regroupés un peu artificiellement dans mon article.

La riche exposition "Au temps de Dürer" présente peu d’œuvres d'Albrecht Dürer mais permet de bien saisir les caractéristiques de cette époque. J'ai pondu trois articles, dont voici le premier.

Le second...

Et enfin le troisième.

Les jardins

Vienne, Belvedere : jardins, la Sphinge

Eugène voulut évidemment un jardin à la française, et on sent bien le souvenir de Versailles ici ; les plantes y dessinent des motifs, les "parterres d'eau" se rehaussent de fontaines et de multiples statues y sont disséminées, avec des renvois fréquents à la mythologie comme cette Sphinge.

Le prince fit venir Dominique Girard, un élève de Le Nôtre à la fois concepteur de jardins et ingénieur fontainier. Il avait précisément collaboré avec son maître à Versailles.

Vienne, Belvedere : jardins


Vienne, Belvedere : jardins


Vienne, Belvedere : jardins


Vienne, Belvedere : jardins


Vienne, Belvedere : jardins

Le Belvedere inférieur

Vienne, Belvedere : allée du Belvedere inférieur

Le Belvedere inférieur fut donc achevé avant le supérieur. En fait, c'est dans cette partie plus intime que résidait le prince alors que le vaste palais assurait l'apparat.

Vienne, Belvedere : Belvedere inférieur

Il est donc actuellement fermé mais comme je l'ai visité à de nombreuses reprises, je peux insérer deux photos de l'intérieur qui donneront une idée.

Vienne, Belvedere : salle du Belvedere inférieur

Le terme d'inférieur ne désigne que la position géographique n'est n'est nullement péjoratif ! On voit que les salles ne sont pas décorées au rabais.

Vienne, Belvedere : salle du Belvedere inférieur


Vienne, Belvedere : Apollon

Un Apollon avec sa lyre, une jeune fille qui s'en écarte... Je pencherai bien pour Daphné. Dans la partie supérieure, Eugène était portraituré en Apollon, mais je ne ne garantis pas que cette représentation en harceleur relève de la même logique ! En tout cas, la sculpture est bien sage, et on est loin des tourments de celle du Bernin.

Vienne, Belvedere : Porche des statues

Ouverte à tous les vents (et ça peut être redoutablement glacial en hiver), cette pièce sert de sas entre le dehors et le dedans, à savoir les jardins. On trouve des équivalents dans beaucoup de palais viennois, y compris à la Hofburg, et qui abritent de même de petites collections de statues de marbre.

Vienne, Belvedere : Apothéose de Saint Jean Népomucène

Un ange vient poser la couronne du martyre sur un saint ; c'est l'Apothéose de Saint Jean Népomucène (Hl Johannes von Nepomuk), dont le culte avait été favorisé par les Jésuites pour promouvoir le catholicisme.

 Je n'ai pas encore réussi à mettre le doigt sur le nom du sculpteur...

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