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mardi 15 février 2022

Vienne, Albertina : Photographie américaine (2)

 

Après la première partie, où dominait la photographie en noir et blanc, c'est la couleur qui s'impose dans l'exposition Photographie américaine à l'Albertina de Vienne.


Pendant de longues années, les photographes ont travaillé en noir et blanc ; la couleur était réservée à la publicité et à la photo de mode. Seuls les tenants de la New Color Photography exploraient ce media, et Saul Leiter est à juste titre considéré comme un pionnier de la photo en couleurs. Cette dernière était plus coûteuse, réclamait de plus longs temps d'exposition, mais son rendu était aussi complètement différent. L'exposition de William Eggleston au Museum of Modern Art de New York en 1976 fit sensation.

En même temps, le champ des sujets s'élargit. Il s'agit bien d'une ère nouvelle.

 Lewis Baltz

Vienne, Albertina : Lewis Baltz, Santa Cruz, 1970

Lewis Baltz vécut à Paris une grande partie de sa vie, comme son compatriote William Klein, mais il fut un photographe américain majeur. Il conserva longtemps la pratique du noir et blanc et son thème de prédilection reste la décadence de la société industrielle. Il a aussi décrit abondamment la nature dégradée par l'homme.

 
Vienne, Albertina : Lewis Baltz, Irvine Ranch, 1968

 

Joel Meyerowitz

Vienne, Albertina : Joel Meyerowitz, Sans titre (Empire State Building), 1976

Après sa rencontre avec Robert Frank, Joel Meyerowitz travailla à son tour la photographie de rue, mais en couleurs ; il fut un des tout premiers à l'exploiter systématiquement. Il fut le seul photographe admis sur le site de Ground Zero après les attentats du 11 septembre.

Vienne, Albertina : Joel Meyerowitz, Sans titre (5th Avenue), 1975


William Eggleston

Vienne, Albertina : William Eggleston, Sans titre, 1968

J'avais découvert Eggleston lors d'une exposition au Metropolitan Museum, consacrée à son voyage dans les Etats-Unis : Los Alamos. J'avais été frappé par sa recherche de la couleur intense et son sens du détail.

Sans cesse Eggleston cherche des éléments esthétiques dans la banalité du quotidien, qu'il magnifie par son travail sur la couleur.

Vienne, Albertina : William Eggleston, Sans titre (Memphis), 1968


Vienne, Albertina : William Eggleston, Sans titre (Front Outside building), 1965-1974


Stephen Shore

Vienne, Albertina : Stephen Shore, West 9th Avenue, Amarillo, 1974

Encore un pionnier dans l'utilisation de la photographie en couleur. Shore s'opposait à l'esthétisme de la photographie des années 1960-1970 et promouvait l'idée que tout était digne d'être photographié.

Vienne, Albertina : Stephen Shore, 2nd Street East and South Main Street, Kalispell, 1974


Joel Sternfeld

Vienne, Albertina : Joel Sternfeld, After a flash flood (Après une brusque inondation), Rancho Mirage, 1979

Le new-yorkais Sternfeld arpente son immense pays avec passion et sort des villes. Il réintroduit le paysage dans la photographie et publie American Prospects, un livre devenu mythique sur les paysages souillés des Etats-Unis.

Il travaille et enseigne toujours, et son influence demeure perceptible dans les nouvelles générations de photographes.

Vienne, Albertina : Joel Sternfeld, McLean, Virginia, 1978


Vienne, Albertina : Joel Sternfeld, Exhausted Renegade Elephant, Woodland, 1982


Vienne, Albertina : Joel Sternfeld, Lake Oswego, Oregon,1979


Vienne, Albertina : Joel Sternfeld, Abandoned Uranium Refinery, Tuba City,1982


Vienne, Albertina : Joel Sternfeld, Red Rock state Campground, Gallup,1982


Mitch Epstein

Vienne, Albertina : Mitch Epstein, Madison Avenue, NYC, 1973

Mitch Epstein vit une carrière passionnante ; photographe protéiforme, intéressé par la ville ou le paysage, par les Etats-Unis ou l'Inde, il devient chef opérateur pour sa femme, la réalisatrice Mira Nair (l'inoubliable Salaam Bombay entre autres). Il voyage aussi au Viet Nam.

Ses derniers projets concernant les luttes des Indiens pour défendre leurs terres ou des citoyens face aux grands groupes industriels en font résolument un photographe engagé.

Alec Soth

Vienne, Albertina : Alec Soth, Cemetery, Fountain City, 2002

Je me rappelle très bien ma découverte d'Alec Soth au Jeu de Paume, il y a bien quinze ans, dans une exposition (L'Espace entre nous, je crois) qui m'avait vivement interpellé.

Son goût pour le grand format, sa volonté de montrer la complexité de la société américaine dominaient son travail. La précédente photo, saisissante, révèle aussi sa recherche de ruptures et de contrastes. La suivante fait partie d'une série de "portraits dans le travail".

Vienne, Albertina : Alec Soth, Dynell, Bemidji (Girl in Store), 2007


Nan Goldin

Vienne, Albertina : Nan Goldin, Gilles in his hospital bed,1993

Nan Goldin documenta, plusieurs décennies durant, son environnement, un milieu de drag queens, de transsexuels, de prostitués et de drogués. En photographiant abondamment les malades du sida, elle brisait un tabou.

Cindy Sherman

Vienne, Albertina : Cindy Sherman, Sans titre, 2003

Cindy Sherman analyse la culture populaire ; elle se représente en incarnant des stéréotypes féminins des films d'auteur ou de série B. Dans ses rôles de clowns, elle renvoie au film d'horreur et suggère des personnalités mystérieuses.

Tina Barney

Vienne, Albertina : Tina Barney, The Landscape, 1988

Tina Barney a fixé sur son objectif le quotidien des familles aisées de la Côte Est, faisant émerger rituels et postures.

Vienne, Albertina : Tina Barney, The Landscape, 1988


Philip-Lorca diCorcia

Vienne, Albertina : Philip-Lorca diCorcia, Sin (I), 2004

Une photo de Philip-Lorca diCorcia, Tim, m'avait saisi au Whitney Museum, représentant un jeune homme dans un corridor. Comme le nom de l'artiste n'est pas courant, je l'ai bien retenu.

Je retrouve ici ce double sens du documentaire et de la construction, comme s'il s'agissait de photogrammes extraits d'un film soigneusement mis en scène.

Vienne, Albertina : Philip-Lorca diCorcia, New York, 1998


Gregory Crewdson

Vienne, Albertina : Gregory Crewdson, Sans titre, 1998-2002

Comme un réalisateur, Gregory Crewdson met en scène ses photographies en y faisant participer techniciens et acteurs. Sa représentation de la banlieue, à l'inverse de la vision idyllique et du sentiment de sécurité, reste aussi troublante qu'inquiétante.

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