Vienne : Dimanche autour du Naschmarkt

Ce matin, le soleil persiste à briller et me gratifie d'un ciel sans nuage. Parfait pour une promenade architecturale ! Il est temps de me rendre dans le quartier du Naschmarkt où je n'ai fait que passer. Je passerai la journée dans le coin, avec le Kunsthistorisches Museum cet après-midi (j'ai réservé pour l'exposition Caravage et le Bernin) et le Theater an der Wien où j'assisterai, ce soir, à une représentation de La Clemenza di Tito.

Promenade dans Innere Stadt

Pour le moment, j'ai un peu de marche avant d'atteindre la zone convoitée. Je varie les itinéraires.

J'ai établi les personnages en façade comme mon thème de l'année, je continue donc à lever les yeux.

La Neidhart Festsaal était une salle de bal et de banquet, construite au XVe siècle pour un prospère marchand de tissu. On peut y admirer de magnifiques fresques, retrouvées lors de travaux en 1979.

La Vierge à l'enfant ne date évidemment pas de cette période.

Inspiration Renaissance pour ces dames langoureusement installées.

Ces têtes-là en mascaron sont bien moins séduisantes. Il s'agit sans doute de célébrités, mais que je n'identifie pas.

La Kleeblattgasse, une des plus anciennes rues du centre-ville, tire son nom de la Kleeblatthaus, la maison aux feuilles de trèfle. Et une Vierge à l'enfant de plus !

Sur Graben, la Generali-Hof occupe un palais du XVIIIe siècle.

Et évidemment, une série de personnages l'agrémente.

Palais de la Secession

Incontournable, le Palais de la Secession, construit en 1897 par Olbrich. Je l'ai déjà montré sur le blog à plusieurs reprises, et même présenté les dessins réalisés par Klimt, mais c'est un incontournable de tout voyage ici. Et le ciel outremer met si bien le globe de feuilles dorées en valeur !

Dans la partie centrale, en haut, on peut lire l'inscription en allemand Der Zeit ihre Kunst. Der Kunst ihre Freiheit (A chaque époque, son art ; à chaque art, saliberté), et sur le côté gauche Ver Sacrum, (le  printemps sacré) qui donnera son nom à la revue-manifeste du groupe Jugendstil.

Au-dessus de la porte, les trois têtes de gorgone représentent trois des arts, la peinture, la sculpture et l'architecture.

Je poursuis mon chemin. Voici le Theater an der Wien, salle où furent créées quantité d'oeuvres de Beethoven (symphonies, concertos, Fidelio), mais aussi Die Fledermaus (La Chauve-Souris) ou Die lustige Witwe (La Veuve Joyeuse).

C'est dimanche, donc le Naschmarkt est vide. En semaine, l'allée des restaurants est aussi remplie que celle des boutiques. Cette longue allée est construite sur une rivière, la Wien, qui est mentionnée dans le nom du théâtre.

Cette large avenue offrit à sa création l'opportunité de créer des bâtiments monumentaux.

Même s'ils ont été tardivement construits, ils conservent la tradition Renaissance des atlantes en façade.

La Maison aux médaillons (Otto Wagner Haus)

Cette maison rappelle deux grands noms de la Secession viennoise : l'architecte Otto Wagner, le principal architecte du mouvement...

Et Kolo (Koloman) Moser, un artiste hyper-doué qui oeuvra dans des domaines très variés. Je ne quitte pas mon thème puisque les fameux médaillons présentent les profils des Muses !

La maison aux majoliques (Majolika-Haus)

C'est également à Otto Wagner qu'on doit cette maison à la façade colorée, garnie comme la précédente de deux longs balcons qui assurent la continuité visuelle.

Pas de visage ici, mais des têtes de lion que j'avais oubliées...

En revanche, la bâtisse contiguë n'en manque pas. Elle déroule même toute la gamme.

Là se tient (le samedi matin si mes souvenirs sont bons) un grand marché aux puces. C'est vraiment étonnant de le voir vidé...

La Versicherungsanstalt für Eisenbahnen und Bergbau (Compagnie d'assurance des chemins de fer et des mines) fonctionne toujours. Elle fit édifier cet immeuble grisâtre, un peu soviétique.

Quelques statues massives, très 1900, et un peu d'or tentent d'égayer cette grisaille.

La Joanelligasse date des modifications du quartier de Laimgrube, au début du XIXe siècle. Après le style Secession et le baroque, place au classique !

C'est une très charmante petite rue, pleine de couleurs.

Parlant de couleurs, je suis servi en arrivant sur Gumpeldorferstrasse !

Un peu de street art...

Scènes urbaines originales. Cela me rappelle le baiser de Tintin à Paris !

Cette décoration en sgraffite me semble une spécialité viennoise. La Windmühlhof tire son nom de la rue, Windmühlgasse, la rue des moulins à vent.

J'aperçois des clochers d'église. Diantre, une église dans Laimgrube qui aurait échappé à mon radar ! Il faut que j'y fasse un tour.

Il s'agit d'une église Saint Joseph, à l'histoire particulière.

Je poursuis ma promenade, toujours les yeux en l'air.

Je reviens vers Windmühlgasse. De l'autre bout de la rue, la perspective donne sur la Windmühlhof et sa façade en sgraffite.

Il est l'heure de déjeuner, mais je trouve beaucoup de restaurants fermés. Je décide de traverser le Naschmarkt pour gagner les autres arrondissements, le Ve (Margareten) et le IVe (Wieden).

Déjeuner : Asia Pavillon

Finalement, après de nombreux déboires devant quantité d'adresses qui tiennent porte close, je me rabats sur une qui figure depuis longtemps dans mon carnet, à l'époque où elle servait la cuisine autrichienne. L'auberge s'est muée en restaurant asiatique, avec des tarifs imbattables.

Potage pékinois pour commencer, soupe aux oeufs et aux légumes avec quelques morceaux de poulet.

Brochettes au saté et nouilles sautées aux légumes.

Bananes frites, un de mes péchés mignons. Avec la bière, 12 € pour l'ensemble. Incroyable !

Il me reste un peu de temps avant mon entrée au musée. Je marche sur la Karlsplatz jusqu'à ce charmant petit pavillon, conçu par Otto Wagner comme une entrée de métro.

De l'autre côté de la place, c'est la Karlskirche, l'église consacrée à Charles Borromée.

Je suis toujours épaté par ce système à la japonaise qui table sur l'honnêteté de la population : on achète son journal en mettant l'argent dans la boîte (fermée par un cadenas, certes), mais pour prendre la publication, il suffit de soulever le plastique de protection !

Le petit Schillerpark, rigoureuse place encadrant un petit jardin, comporte évidemment une statue de l'écrivain allemand.

C'est presque l'heure de mon entrée au Kunsthistorisches Museum.

Première visite avec la magnifique exposition Caravage et le Bernin.

J'étais très tenté de retourner voir l'extraordinaire collection de tableaux de Bruegel. Comme j'ai détaillé plus qu'à l'ordinaire, j'ai divisé en plusieurs articles.

Voilà le premier.

Puis le second...

Le troisième...

Et enfin le dernier.

Avant la fermeture, je peux encore profiter des richesses du musée. Dürer, Holbein, Vermeer, Rembrandt, entre autres.

Cette fois, la nuit est tombée. Heureusement le théâtre n'est pas loin !

Une intéressante représentation de La Clemenza di Tito m'attend, pleine de surprises.