Voilà plusieurs années que je n'ai pas mis le pied dans le ravissant Stavovské Divadlo, le Théâtre des Etats, un petit bijou inauguré en 1783, dont les débuts sont étroitement liés à Mozart. C'est là que fut créé Don Giovanni, ce qui est évidemment célébré par le théâtre qui le programme sans cesse (ce fut d'ailleurs ma première représentation à Prague).
Ce soir, place aux Nozze di Figaro !
La salle, pas très large mais assez haute, offre une acoustique très confortable pour ce répertoire.
La production de Magdalena Švecová
Heureusement, les chanteurs jouent tous extrêmement bien et cela est sans doute dû aussi à une direction d'acteurs précise. Il y a cependant quelques bizarreries dans la mise en scène, comme l'idée de doubler Cherubino par un garçon lorsqu'il se déguise en femme, ou encore l'utilisation trop abondante de figurants qui donnent même des pantomimes entre les actes.Andrej Ďurík a signé un décor élégant, une sorte de jardin d'hiver qui semble faire l'affaire pour l'acte IV. Mais, étrangement, c'est à ce moment qu'il se remplit d'arbres silhouettés.
Quelques drôleries aussi, comme cette idée de dissimuler le Comte derrière un cadre l'acte I au lieu du fauteuil habituel.
La distribution du jour
Ivo Hrachovec |
Je retrouve, après le Čert a Káča de la veille, l'efficient Ivo Hrachovec en Antonio ivre.
Eva Kývalová, Ivo Hrachovec |
Jiří Sulženko |
Jiří Sulženko, entendu à Prague comme à Paris, offre beaucoup de timbre à Bartolo, qui chante une Vendetta très autoritaire.
Du côté des ténors, Václav Lemberk, le Remendado de la veille, s'avère un sonore Don Curzio, tandis que Josef Moravec est un désopilant Don Basilio, une fois encore privé de son air.
Jiří Sulženko, Jana Horáková Levicová, Kateřina Jalovcová, Jiří Hájek, Marie Fajtová |
Les mezzos offrent deux vocalités très différentes : Jana Horáková Levicová (une belle Rosina) incarne une Marcellina plus vraie que nature, avec beaucoup plus de voix que d'habitude. Ce n'est pas encore ce soir qu'on entendra Il capro e la capretta, hélas ! Kateřina Jalovcová a une voix placée assez haut, et réussit ses airs avec beaucoup de musicalité.
Jiří Hájek, Marie Fajtová |
Jiří Hájek est un Conte comme on l'attend : noblesse, autorité, timbre rond et air bien construit. Le personnage existe. Marie Fajtová, le lendemain de sa Frasquita, a une voix bien plus légère que la plupart des Contesse, et j'ai parfois le sentiment d'entendre deux Susanna sur scène. Mais elle séduit par une ligne de chant très soignée et un personnage émouvant, qui laisse bien percevoir sa douleur.
Jana Sibera |
Jana Sibera, l'excellente Eurydice d'il y a deux ans, est une délicieuse Susanna, avec une voix ronde et partout timbrée, qui offre vivacité et sensibilité au personnage. Son Deh vieni, non tardar est d'un charme ineffable.
František Zahradníček |
Je n'étais pas certain de la réussite de František Zahradníček en Figaro (je me demandais si sa voix n'était pas trop sombre) mais son Figaro m'a convaincu de bout en bout, parfaitement chanté et avec une finesse que tous les interprètes ne montrent pas.
Enrico Dovico |
Le chef Enrico Dovico dirige avec une infinie science, l'œil et l'oreille à tout, phrasant la partition avec précision et générosité. Il donne à entendre maints accents dans la partition, et je me régale, encore une fois, du riche pupitre de vents de l'orchestre. Bassons et clarinettes m'ont enchanté ce soir, au sein d'une formation remarquable d'homogénéité. Mais, je le répète, le succès de la soirée doit beaucoup à son chef.
Jana Horáková Levicová |
Jana Sibera |
Marie Fajtová |
Enrico Dovico |
Jiří Sulženko, František Zahradníček |
What a lovely venue! And for a Mozart's opera, you are very lucky! I feel as if I attended the performance by myself, thank you very much!
RépondreSupprimerAnnie
You are right, it is a delightful venue!
SupprimerThank you very much, Annie.