Moscou : Le VDNKh (BДHX)

Aujourd'hui, je prévois de passer la journée dans l'ancien Centre Panrusse des Expositions, l'ancienne vitrine de l'URSS : le légendaire VDNKh !

Dans le métro

Ma destination est un peu éloignée et je ne compte pas perdre trop  de temps. Je vais à pied jusqu'à la Station Trubnaya, une des bien décorées, ce qui me  change des précédentes.

Changement à Stretinsky Bulvar pour Turgenievskaya, ce qui me vaut une ornementation toute différente.

Moins coloré, mais très évocateur.

Et je descends  finalement à VNDKh, ma destination finale.

Cette vague, ou flèche de béton, signale le musée de l'espace. Mais ce n'est pas là que je me dirige…

Le VDNKh (BДHX)

L'an dernier déjà, j'avais regretté de n'avoir pas eu le temps de mettre les pieds dans ce lieu mythique. Pendant des années, c'était une visite obligée dans les programmes de visite de Moscou, sous le nom de Centre Panrusse des Expositions.

A la base, Staline voulut construire un parc d'expositions vantant les mérites de l'agriculture russe.

On est donc accueilli par un couple qui exhibe fièrement une gerbe de blé géante, motif récurrent du parc, au sommet d'un arc de triomphe fort réputé.

La décoration végétale inonde les arches, ce que je n'avais encore jamais remarqué sur les photos.

Après avoir dépassé cet arc, s'impose un édifice massif aux colonnes néo-classiques, tout aussi célèbre.

La gloire de l'Union Soviétique !

Ne nous y trompons pas, il s'agit toujours de vaillants agriculteurs qui prônent les mérites de l'agriculture collectiviste. La gerbe de blé, toujours.

Drapeaux victorieux et trompettes de la renommée. On ne fait pas plus clair comme symbole.

Un peu plus loin, Lenine veille.

Déjeuner

Je me précipite avant la cohue. Je ne savais pas qu'on pouvait manger dans certains pavillons, j'aurais bien tenté cette expérience. En fait, je me suis engouffré dans le premier restaurant venu. Un peu cher mais je pense que l'endroit s'y prête.

Pour une quinzaine d'euros, voici du poulet avec champignons, tomate fraîche, céleri, et purée de pommes de terre. C'est goûteux, rien à reprocher. Une tarte pommes-cannelle et une bière brune (je ne savais pas qu'on en produisait en Russie) complètent mon plat.

Série de pavillons

La grande opération de communication de Staline, prouver au monde entier la grandeur du système soviétique, devait être limitée à la durée de l'exposition… Mais son succès la fit durer. Khrouchtchev la rouvrit en 1954 en élargissant aux succès scientifiques et économiques. Et on pensa que ce serait une bonne idée de mettre l'accent sur les différentes républiques qui composaient la grande URSS.

On ajouta donc des touches pour évoquer un peu plus précisément chacune de ces républiques. Quelques couleurs vibrantes égaient le pavillon du Kirghizistan.

On ne peut évidemment manquer l'inévitable temple grec.

Il paraît que ces constructions avaient été réalisées avec des matériaux de piètre qualité, puisque cela ne devait pas durer. Résultat, ce n'est pas toujours en bon état, et beaucoup de ces pavillons sont actuellement en restauration.

C'est aussi le cas de la fontaine ! Il m'a fallu jouer serré pour la photographier en passant au-dessus des bâches tendues.

Cette Fontaine de l'Amitié entre les Peuples regroupe les différentes républiques, chacune présentée par une allégorie, avec une gerbe de blé géante au centre. Il paraît que c'était un décor de choix pour les photos de mariage...

Elevage et Kazakhstan, deux thèmes d'un coup !

Un bâtiment détonne par son architecture beaucoup plus contemporaine.

Un vrai parfum d'Orient avec l'Azerbaïdjan. Je pensais à l'Ouzbékistan, cette décoration de mosaïque rappelle les merveilles de Boukhara et de Samarcande.

J'insère quelques vues d'ensemble pour tenter de suggérer l'immensité des lieux. C'est prodigieusement vaste !

La Biélorussie a droit à un énorme bâtiment.

Cette fois, c'est la céramique émaillée qui a servi. Je ne connais pas ce pays, je ne saurais dire à quoi cela renvoie. Mais c'est à la fois un peu kitsch et assez heureux.

On m'avait recommandé de venir le week-end et je comprends pourquoi : c'est vraiment très animé ! Il y a sans doute plusieurs milliers de personnes sur les lieux mais, vu la taille, on n'est pas serré. Nombreuses familles, passionnés du patin à roulettes, premiers essais de vélo : c'est un lieu de promenade très prisé.

Autrefois, on avait érigé ici une immense statue de Staline. Elle a été remplacée par la fusée Vostok qui rappelle l'histoire héroïque des astronautes russes, les premiers hommes dans l'espace.

C'est une zone à thème, semble-t-il.

Même s'il a changé de destination, le thème agricole a été également conservé dans ce bâtiment.

A l'arrière, le pavillon de la viande, avec un éleveur à côté d'un bovin de légende !

Je n'irais pas plus loin que ce bassin. Et devinez ce que représente la fontaine...

Le Musée du Cinéma, comme c'est écrit sur la façade.

J'aime bien l'architecture de celui-ci, même s'il semble servir de dépôt actuellement.

Quand je disais que les restaurations s'imposaient !

Le village

 A partir de ce point-là, au fond à droite par rapport à l'entrée, s'étend une vaste zone qui est supposée rappeler un village idéal et un kolkhoze.

Cette vaste place dégagée servait pour les démonstrations de bestiaux, gardés dans les bâtiments alentour.

Pour les ovins, on a choisi des chapiteaux originaux.

Les porcs ne sont pas oubliés. Plus de trois cents spécimens étaient présentés à l'intérieur.

Ces éleveurs avec leurs animaux accueillent le  visiteur à l'entrée d'une ferme modèle. Apparemment elle était restée en fonctionnement et faisait le bonheur des familles. Elle est bien ouverte aujourd'hui. Mais ce n'est pas à mon programme !

Dans la partie présentant le village, on a édifié des bâtiments évoquant différents types présents dans la grande union.

Sans doute étaient-ce des isbas qu'on souhaitait rappeler…

Le pavillon 186 a été soigneusement rénové et accueille une série de boutiques-manufactures.

En fait, chacune semble proposer des cours. Je vois, à chaque fois, des ateliers où des quidams s'essaient à la peinture, à la céramique, à la fabrication de bougies…

Voici le traitement du miel avec les centrifugeuses.

La céramique Dymov 

La maison Dymov fabrique des céramiques depuis des décennies. On y trouve un peu de tout, mais l'ensemble est de belle qualité.

Ca, ça me rappelle les onéreuses terres cuites japonaises !

Ce pavillon, toujours de 1939, reconstituait la Maison Commune d'un kolkhoze. On pouvait ainsi juger de la vie luxueuse et prospère qu'on y menait ! Tout d'un coup me vient à l'esprit les films de propagande tournés par les Nazis à Terezin.

Je regagne la partie centrale.

Voilà le bâtiment tout d'abord consacré à l'agriculture ukrainienne, un des gros succès en termes de production, paraît-il. C'est vrai que celui-ci témoigne d'un luxe encore plus grand.

Les agriculteurs présentent fièrement leurs produits sans négliger de montrer le pacte agricole officiel.

Si mon plan est correct, ce pavillon en travaux était celui de la culture. Pas celle des poireaux, hein.

Celui-ci a connu diverses destinations : tout d'abord, c'était l'agriculture de la Karélie, présentée avec un bas-relief en bois (la Karélie, c'est au nord, à côté de la Finlande). Puis l'agronomie scientifique. Ensuite, la vie quotidienne en URSS. Finalement, il devint le pavillon de la presse, où on abreuvait les journalistes avec les magnificences du régime.

Le pavillon de l'Arménie

Encore un qui a changé plusieurs fois : tout d'abord, l'agriculture en Sibérie. Puis le charbon. Puis le fuel. Puis les satellites dans l'espace. Enfin c'est l'Arménie qui y est hébergée.

C'est bien le type de pavillon présent dans les foires, qui mêle espaces d'informations, restaurant et boutiques. Le drapeau y est fièrement pendu.

Le restaurant est, sans doute possible, nommé Ararat, l'éternel regret des Arméniens puisque leur montagne sacrée est derrière la frontière turque. On la voit très bien, mais elle n'est pas en Arménie ! C'est un magnifique pays où j'ai voyagé il y a une dizaine d'années.

 L'ancien pavillon de l'agro-biologie fut bien plus fameux quand on le dédia à l'industrie du RSFSR, et encore plus quand il devint le "pavillon atomique", montrant les merveilles de l'industrie nucléaire.

C'est une firme qui l'occupe, et sans doute qui l'a restauré. On peut y trouver des toilettes (miracle !) et apprécier l'architecture d'origine.

Je présume que ces mosaïques sont d'origine.

Je n'ai pas pu savoir ce que c'était, ce bâtiment à la longue toiture…

J'ai été attiré par tous ces gens qui regardaient dans la même direction. En fait, un concert se déroule en direct. Mais comme partout des haut-parleurs diffusent de la musique, ce n'est pas évident de s'en rendre compte.

On trouve même l'armée en démonstration.

L'ouvrier et la kolkhozienne

Je tiens à aller voir ce monument célèbre, à l'extérieur du parc. Ce groupe de la sculptrice Mukhina fut fondu pour le pavillon soviétique à l'Exposition Universelle de Paris de 1937. J'ai vu l'original à la Nouvelle Galerie Tretyakov, l'an dernier.

Il est temps de reprendre le métro… J'ai bien l'impression que l'édifice qui permet d'y accéder date de la même époque.

C'est une visite pour laquelle il faut prévoir beaucoup de temps ! On ne mesure vraiment pas l'étendue sur les plans. J'y ai passé le plus clair de la journée, je ne suis pas entré partout, et je n'ai pas visité le pavillon 57 avec son exposition La Russie, mon histoire. Le Routard parlait d'une histoire de la Russie revisitée par l'église qui a financé le pavillon, cela ne me tentait pas plus que cela.