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samedi 13 avril 2019

Moscou : Il Barbiere di Siviglia (Bolchoï)



Pendant les dates de mon séjour, la scène historique ne propose que du ballet. Pas d'opéra russe du tout, mais la Novaya Scena donne au moins Il Barbiere di Siviglia, Le Barbier de Séville.




C'est l'occasion de revenir dans cette belle salle où j'avais assisté, l'an dernier, à une superbe représentation de Iolanta.



Production Evgeny Pisarev



Lorsqu'on pénètre dans la salle, le rideau est levé et on découvre une scène divisée en deux. Le niveau inférieur montre des tables de loge où les chanteurs arrivent et se maquillent, et on y voit beaucoup de mouvement au début.

Le serviteur Ambrogio est déjà là !

Ruzil Gatin, Almaviva


Elena Novak, Berta


Alexandros Stavrakakis

 Le niveau supérieur représente une orangerie qui se divise en deux, avec un fond (sans doute digital) qui change régulièrement. Pendant l'air de Figaro, les maquilleuses éblouies se pressent autour de lui. La scène de la leçon de chant se déroule à  l'étage, entre les deux moitiés de ce jardin d'hiver. De nombreux figurants sont là, y compris des jardiniers qui interfèrent pendant le "combat" entre Bartolo et Almaviva en officier (bonne idée) et qui s'agitent pendant Una voce poco fà (moins bonne idée!).

Beaucoup de trouvailles, donc,  pour animer l'action et une bonne direction d'acteur, à moins que ce soient les chanteurs qui jouent avec ferveur ! Je pense que l'idée des loges aurait pu être plus poussée cependant, mais le comique est bien préservé et on passe une bonne soirée.



Un point d'importance : l'opéra a été créé avec un contraltino, une voix grave avec de l'aigu, mais il existe une version traditionnelle  avec soprano. En France, Mado Robin et Mady Mesplé s'y illustrèrent, et Edita Gruberova ou, plus près de nous, Diana Damrau ont aussi interprété Rosina. C'est le choix qu'a fait le Bolchoï ce soir.


Je dois souligner la grande qualité des seconds rôles, avec de vraies voix, qussi timbrées que projetées. Le Fiorello d'Aluda Todua est sans doute le meilleur que j'aie entendu !

Yuri Syrov

Même constat pour le remarquable Yuri Syrov, qui réussit à attirer l'attention avec un rôle aussi épisodique que celui de l'Uffiziale, l'Officier.

Elena Novak

Si les voyelles d'Elena Novak manquent d'italianité, on ne peut qu'apprécier la richesse de sa voix et l'aplomb de son air.

Alexandros Stavrakakis
 Je n'ai jamais entendu le nom de cette basse au nom grec, pourtant un bel interprète avec une voix sonore. Il est en troupe au Semperoper de Dresden et il y forme son répertoire de basse. Je suis très heureusement surpris par cette voix éclatante de santé et de solide technique !

Nikolay Kazansky

Nikolay Kazansky est un Bartolo plutôt jeune et c'est un chanteur soigné, qui met bien en place le sillabando si important dans ce rôle, restant solide dans tous les registres. J'avais découvert ce chanteur l'an dernier en Tom du Ballo in Maschera, et il confirme les espoirs qu'on peut placer en lui.

Ruzil Gatin
 Ruzil Gatin est un ténor d'une trentaine d'années qui a chanté à Pesaro, la Mecque des chanteurs rossiniens. Je pense que les vocalises peuvent être encore perfectionnées, mais c'est vraiment un chanteur à suivre : séduisante voix ensoleillée, aigu très robuste et encore plus lumineux, grande facilité à varier la dynamique. Un chant mené avec goût et une virtuosité qu'on peut apprécier dans le Cessa di piu resistere, l'air terrible pour ténor de la fin de l'opéra, dont beaucoup d'interprètes faisaient l'économie. Ruzil l'interprète sans faiblir et y reçoit un triomphe mérité.


Succès identique pour Hulkar Sabirova, une soprano venue d'Ouzbékistan, qui interprète une Rosina mutine et chante avec une palette très variée, avec de délicates coloratures. Piqués en place, vocalises impeccables, charme du personnage, c'est un magnifique travail. Je regrette énormément de l'avoir manquée à la sortie !


Je retrouve Vassili Ladyuk, que j'avais entendu l'an dernier dans Kolokola (Les Cloches) de Rachmaninov et Iolanta ici même. Voix riche de baryton bien couverte, solidité des registres, gouaille du personnage, on trouve tout ce que le personnage demande. Encore une fois, c'est impeccable.


Pier Giorgio Morandi

Le succès de la soirée doit beaucoup à Pier Giorgio Morandi, merveilleux chef qui couve tout son petit monde, donne tous les départs (fosse et plateau), assure toutes les paroles, a l'œil et l'oreille sur tout… rattrape les retards, recale les chanteurs sur le tempo !
 On sent un bonheur à diriger cette musique qu'il fait vivre avec tendresse et beaucoup de métier. J'ai eu énormément de plaisir à le voir, puisque j'étais au premier rang, à quelques mètres de lui. Je regrette aussi de l'avoir raté.

Il faut dire qu'il y a deux sorties au Bolchoï et on m'a envoyé à la mauvaise, celle d'où sortaient le ballet et où je n'ai vu que deux chanteurs. J'avais rendez-vous avec Hulkar Sabirova, qui m'a gentiment attendu sans que j'aie pu la rencontrer ! Quelle désolation !





4 commentaires:

  1. A great performance for sure! But it is such a pity you couldn't meet the singers. They should fix an appointment while you stay in Moscow!
    Annie

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    1. A shame! I didn't answer to your nice message! Thank you very much, Annie

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  2. Un bien agréable spectacle, semble-t-il, malgré quelques réserves ! Une critique experte, encore une fois.
    Vous auriez dû écrire dans un magazine !
    Pierre

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    1. Merci beaucoup, Pierre pour vos compliments même s'ils restent immérités.
      La tenue du blog suffit amplement à occuper le peu de temps disponible !

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