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vendredi 12 avril 2019

Moscou : Concert au Tchaikovsky Hall (Sanderling, Milyukov)


Une salle mythique



L'an dernier déjà je devais me rendre dans cette salle mythique, mais le concert avait été déplacé au Conservatoire, ce qui m'a permis de pénétrer dans cet autre lieu de légende.

Cette fois est la bonne ! J'ai toujours droit à quelques frayeurs : j'ai dû acheter ma place avec le site BigBilet, qui n'envoie pas un billet à télécharger mais délivre par SMS un code qu'il faut donner à un des ouvreurs, pas n'importe lequel, il faut le repérer avec les indications fournies. Tout est en russe, c'est la bonne occasion de se rappeler les chiffres dans cette langue.



Cela fonctionne pourtant bien. J'ai mon sésame pour entrer dans la place !


Comme toujours dans les salles russes, on trouve de la colonne au kilomètre.


Et évidemment les multiples foyers-buffets sont des lieux stratégiques.

Programme bouleversé



Le concert auquel je vais assister n'est pas du tout celui prévu. Du programme annoncé, il ne reste que l'orchestre, le Symphonique de Russie rebaptisé Svetlanov en hommage au grand chef russe (que j'ai eu le privilège de voir diriger plusieurs fois, notamment dans une mémorable Septième de Mahler).

Je devais voir Neeme Järvi et un pianiste inconnu dans un programme rare, concerto de Schwalba (de mémoire !) et une symphonie de Taneïev. A la place, voici Thomas Sanderling, le fils de Kurt, et Pavel Milyukov, un violoniste bardé de prix. Programme classique pour la partie symphonique, plus rare pour les œuvres avec violon.



Bien que né à Novossibirsk et formé à Saint Petersbourg, on sent chez Thomas Sanderling une grande manière germanique dans la manière de phraser et dans la vision générale. Le Symphonique de Russie, que je n'ai plus entendu depuis longtemps, me surprend par le moelleux des cordes et le brillant des bois. Excellents flûtistes en particulier, très bons pupitres solistes en général.

Le concert débute, sans grande originalité, avec une ouverture des Nozze di Figaro très vivante, qui "avance" beaucoup, mais sans précipitation, et permet déjà de remarquer de très séduisantes couleurs.


Pavel Milyukov n'interprète pas de concerto mais deux pièces très contrastées. Le Poème de Chausson, bien connu mais finalement rarement donné, lui permet de montrer des sonorités très pures (il joue un Guarneri avec de superbes sons argentés) et un style de bon aloi. Les parties à découvert sont extrêmement intenses.



Deuxième œuvre pour mettre en avant sa virtuosité, une que j'ai jamais entendue, due à Wieniawski, violoniste-compositeur polonais mort à Moscou. Il s'agit d'une redoutable Fantaisie sur des thèmes de Faust de Gounod, habilement composée car elle ne se contente pas d'aligner les passages célèbres. L'adaptation de la Ronde du Veau d'or est aussi enthousiasmante que périlleuse, en alignant des difficultés de toutes sortes, dont de grandes phrases en doubles notes. C'est ébouriffant.




Seconde partie avec une Quatrième Symphonie de Brahms qui permet davantage au chef de s'exprimer. Je le trouve à la fois très attentif à la structure d'ensemble, avec une vision élevée pour montrer la construction de chaque mouvement, et tout aussi soucieux de révéler la polyphonie en mettant en avant la clarté du tissu orchestral. Plusieurs fois lors du concert me vient à l'esprit la métaphore du vitrail.
Des tempi globalement plutôt retenus, ce qui fait du bien après la désorganisation de la Traviata d'hier soir, et une tonalité plus sombre dans le quatrième mouvement qui contraste fortement avec le troisième.
Bref, beaucoup de musicalité, une vision personnelle et intéressante, mon attention n'est pas relâchée. Un bis d'orchestre, ce qui est devenu rare, un menuet de Mozart termine la soirée sur une note plus légère.

Thomas Sanderling

4 commentaires:

  1. Great review Congrats!
    Annie

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  2. Un bien intéressant article, même si cela concerne des interprètes que je ne connais pas. Je me rends compte que j'en connais peu, au regard de votre culture qui semble immense !
    J'ai l'impression bien agréable, à sa lecture, d'avoir moi aussi assisté au concert. Merci donc.
    Pierre

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    Réponses
    1. Culture immense ? Si seulement… Vous ne voyez que ce que je sais, pas les gouffres de mon ignorance !
      Grand merci pour votre chaleureux commentaire, Pierre !

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