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jeudi 11 avril 2019

Moscou : La Traviata (Théâtre Stanislavsky)



Ce soir, je découvre un théâtre où je n'ai pas encore mis le pied, le Stanislavsky, nommé en l'honneur du fameux metteur en scène, et justement célèbre pour ses productions.



C'est une salle de dimensions assez modeste, mais très élégante, en bleu nuit et blanc.



La production d'Alexander Titel



C'est une production peu commune. Le décor est basé sur des vitrines où une soufflerie agite des confetti, éclairés diversement selon le moment, parfois immobiles. Pendant l'ouverture, on les voit avec des inscriptions "Sale", et ce sera effectivement le cas au dernier acte. Elles composent l'espace différemment, en damier aux actes I et II-2, en L au II-1 et bouchent la moitié de la scène au III. Au premier acte, c'est un salon chic où les invités s'amusent comme des petits fous et sautent sur des ballons.


Au II, ils délimitent une chambre envahie de bagages à peine défaits ; Alfredo boit un café au lit pendant son air, et c'est là que Germont est reçu, ce qui me paraît une idée contestable. Comment ce bourgeois que Violetta n'a pas encore rencontré peut-il être introduit ainsi dans l'intimité ? A moins que ce soit précisément cela qu'on veuille souligner. Au II-2, les chœurs sont rangés sur les côtés pendant que zingarelle et matadori, des danseurs, se livrent à un strip-tease poussé.



Au dernier acte, on voit les chanteurs du carnaval passer derrière, ainsi que Flora et les nobles invités qui regardent fixement Violetta à travers les vitrines, sans s'en soucier autrement. Elle repasse derrière sur les dernières mesures et meurt, en semblant pénétrer dans l'une d'elle.
Il faut souligner l'extrême soin de la direction d'acteurs, où pas un geste n'est anodin, et où les personnages interagissent sans cesse. Lorsqu'ils s'adressent l'un à l'autre, ils se font face et il s'agit de vrai dialogue. Expressions, langage du corps, tout est travaillé et fait honneur à la réputation de la maison.

La distribution du soir



 Le nombre des seconds rôles fonctionne bien avec une troupe. Ici, j'entends l'Annina de Valeria Zaitseva et le Gastone de Valery Mikitsky, un ténor bouffe caractéristique, que je verrai mieux dans des rôles qui exploitent son tempérament. Je retiendrai l'efficiente d'Irina Vashchenko, dotée d'un superbe timbre, qui apporte beaucoup de relief à Flora. J'ai apprécié aussi les sonores Barone de Roman Ulybin et Marchese de Stanislav Chernenkov ainsi que l'excellent Dottore de Mikhail Golovushkin.




Je crois avoir entendu le vétéran Evgeny Polikanin pour la première fois il y a vingt-cinq ans, à Paris ! Il montre encore bien des qualités : une voix sonore sur toute la tessiture, des aigus solides (malgré un inévitable élargissement du vibrato sur l'extrême aigu), un style respectable, une vraie présence. Dommage que l'accent soit aussi prononcé sur des voyelles souvent trop ouvertes.


J'avais été séduit par la performance de Vladimir Dmitruk, à Vienne, dans Otello de Rossini aux côtés de John Osborn, Maxim Mironov et Nino Machaidze. Ce ténor à la voix solaire, excellemment projetée, bien soudée, assure son rôle (y compris la cabalette) sans faiblir et avec beaucoup d'investissement. C'est un très bel Alfredo que voilà.


Maria Makeeva s'avère une solide Violetta, très engagée, avec une voix constamment bien placée, même dans un grave étonnamment présent. Elle ne triche jamais et affronte crânement toutes les difficultés du rôle en lui apportant une réelle émotion. Une superbe actrice, en outre !

Si cette soirée n'est pas parfaite, c'est que je n'ai guère apprécié la direction de Felix Korobov, qui bouscule sans cesse les tempi, et a visiblement sa propre vision du solfège. Les croches deviennent des doubles croches, les blanches se changent en rondes sans qu'on sache pourquoi. Il adresse des regards furibards aux musiciens qui ont du mal à suivre et doit agiter largement les bras pour éviter les décalages des chœurs, ce qu'il parvient à rattraper avec un indéniable métier. Mais franchement, je n'ai jamais entendu cette œuvre ainsi, et je ne peux pas écrire que je considère cela comme un progrès.

Irina Vashchenko

Sans que j'aie compris pourquoi, je ne parviens à voir qu'un nombre très limité d'artistes alors que je suis à la sortie alors que l'orchestre quitte à peine le théâtre. Je finis par être chassé lorsque le concierge me dit qu'il n'y a plus personne !

Stanislav Chernenkov

avec Maria Makeeva


6 commentaires:

  1. I love Traviata! This one seemed to be a fine experience.
    You look handsome with this beautiful Violetta!
    Thanks, an outstanding post.
    Annie

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  3. Ce n'est pas ce qu'on s'imagine quand on parle de Traviata mais je me fie à votre avis d'expert. Etait-ce chanté en italien ?
    Quant à ce théâtre, il me plaît beaucoup !
    Pierre

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    Réponses
    1. J'ai bien eu droit à de l'italien !
      Merci beaucoup, Pierre.

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