Après cette première partie autour de la Place Rouge, je poursuis en longeant la Place des Manèges.
Je ne fais pas deux cents mètres que déjà le premier temple grec se présente à moi ! Version jaune et blanc, le duo le plus courant.
Les vaillants travailleurs ! C'est une variante de l'Ouvrier et la Kholkozienne d'hier.
Je remonte Bolchaïa Nikitskaya en passant devant le Conservatoire Tchaïkovsky où j'avais, l'an dernier, assisté à de beaux concerts. Le compositeur reste indifférent aux photographes, sur son socle.
La rue est une vraie palette de couleurs !
Passage aussi devant l'agence TASS, l'organe officiel de diffusion de nouvelles. Je n'ai pas réussi à me faire à son style de HLM de banlieue !
A sa diagonale sur la place, un vaste édifice me semble presque viennois avec ses "pâtisseries".
L'église de Saint Théodore le Studite
Saint Théodore est une des grandes figures de la religion orthodoxe. Né au VIIIe siècle à Constantinople, il fonda le monastère de Studios, ce qui lui donna son nom. Il y établit des règles fondamentales pour le monachisme orthodoxe et c'est un peu l'équivalent de Saint Benoît dans le catholicisme. Les moines du mont Athos adoptèrent sa règle, qui fut diffusée ensuite en Ukraine puis dans toute la Russie.
Je sais qu'il est fréquemment représenté mais je n'ai aucune idée de ses attributs pour le reconnaître !
L'église qui lui est consacrée me paraît bien petite pour un saint aussi important mais elle ne manque pas de charme. Dommage que l'intérieur fasse un peu bric à brac, que j'ai soigneusement évité pour les photos !
Dans les églises basses, l'iconostase est plus simple et ne comprend qu'une seule bande au-dessus de la porte.
Quatre écrivains en carré : les évangélistes, c'est facile.
Mais là ? On dirait un collage : un barbu à la tête de Christ, avec la tête de Saint-Jean Baptiste comme si c'était Salomé qui la brandissait, et avec apparemment des ailes d'ange. Je sèche !
Sur celle-ci, on distingue aisément l'Annonciation traditionnellement représentée sur la porte.
Copies d'icônes réputées…
Finalement, l'iconostase, outre ce moyen de séparer le mystère sacré des fidèles, comme dans les temples de l'Antiquité, c'est l'occasion de proposer un polyptyque géant. J'aime toujours les polyptyques !
L'église de l'Ascension à Storozhi
Cette énorme église de l'Ascension fut construite en 1848 par l'architecte Grigoriev. Elle occupe tout le centre du boulevard, entre les deux Nikitskaya, la Bolshaya (la grande) et la Malaya (la petite).
Eglise à coupole donc, dont l'ornementation me paraît plus familière. Question de style et de thématique.
Au rez-de-chaussée, ce sont cette fois des tableaux, apparemment sur toile, et non des icônes sur bois qui structurent l'iconostase.
Les babouchkas entretiennent les sols avec ferveur et ça brille !
La piétése manifeste aussi dans les fidèles qui viennent se recueillir.
Les églises orthodoxes russes ne comprennent pas de banc. J'ai assisté quelquefois à des parties de messe et l'assistance se tient debout. Cela crée un grand espace vide, que je trouve ici assez fascinant.
Art Nouveau dans le quartier
Outre cette audacieuse façade sur laquelle je n'ai trouvé aucun renseignement, le quartier est fameux pour la Maison Ryabushinskyi.
L'architecte Chekhtel la conçut pour Stepan Ryabushinskyi, un industriel prospère et grand collectionneur d'icônes (qu'on admire aujourd'hui à la Galerie Tretyakov). Elle fut réquisitionnée pour devenir un bâtiment officiel (entre autres destinations, pour le bureau des passeports) avant d'être occupée en 1931 par Gorki qui l'habita jusqu'à son décès.
Le Routard en fait une description très élogieuse, assurant qu'elle est "le plus bel exemple d'art total,réunissant tout à la fois architecture, peinture, sculpture, arts décoratifs d'un même courant sous le même toit". Diantre !
Normalement elle devrait être ouverte aujourd'hui. Déception.
Je poursuis donc dans le quartier et découvre une demeure apparemment ancienne. Elle m'évoque les constructions du XVIe siècle de Kitai-Gorod, comme le palais des boyards Romanov, avec un type architectural très voisin et ce grand escalier extérieur.
Il y a même une synagogue dans le quartier, enfouie dans un bloc vitré…
… et un bout de Paris !
L'église de Saint-Jean Chrysostome
J'ai eu beaucoup de mal à l'identifier, celle-ci ! Elle n'apparaissait pas sur mes plans et à l'intérieur, les panneaux informatifs me noyaient. Je n'ai pas le niveau pour comprendre tout ce qui est expliqué mais j'ai réussi à suivre qu'elle avait changé de désignation à plusieurs reprises, pour finalement être consacrée à Ioann Bogoslov, ce qui ne m'avançait guère. C'est en cherchant qui était cet inconnu que j'ai découvert qu'il s'agissait de Jean Chrysostome, Bouche d'Or chez nous, l'archevêque de Constantinople devenu un des premiers saints de l'église orthodoxe.
Eglise de petite taille, un peu sur le même plan que la précédente de Théodore le Studite.
On a cherché à définir l'iconostase en bandes, par trois formes d'encadrements.
Et, fait rare, la porte ferme complètement l'iconostase, alors qu'en général elle laisse un espace libre au sommet des vantaux.
Avez-vous vu l'ange miniature, comme un oiseau, qui souffle le texte à l'évangéliste ?
Le grand lustre non plus n'est pas banal.
Je continue en me rabattant vers le théâtre. La ferronnerie m'attire toujours !
Et un nouveau théâtre ! On en voit partout dans Moscou, mais il doit bien y en avoir une dizaine dans ce seul quartier.
Helikon-Opera
Ma destination, la voici. L'Helikon-Opera, un théâtre fondé au début des années 1990, célèbre pour l'originalité de ses productions. Et le théâtre aussi réserve bien des surprises !
Pas le hall de la billetterie, encore bien sage…
Dès l'escalier qui descend vers la "garderob", on repère un style peu conventionnel.
Mais chic, il n'y a pas à dire.
Une cour vitrée a été transformée en petit bar-boutique.
La maquette permet de bien comprendre : la salle a été réalisée directement dans une cour.
A l'étage, c'est le palais classique, comme on en voit des centaines dans la ville.
Petite salle de concert, intime comme un salon de musique.
Encore plus secrète, celle-ci est dédiée à la grande Elena Obraztsova, une formidable mezzo-soprano. J'ai de très beaux souvenirs de cette cantatrice et j'ai vu sa tombe l'an dernier, à Novodievitchi.
Me voici dans la salle : un grand auditorium d'où on voit partout.
Le couloir des toilettes ! Ca rutile !
Wonderful churches, full of gold and art works! I see it is a pretty beautiful town!
RépondreSupprimerI loved this post!
Annie
Amazing walking tour in a nice period area! Great post!
RépondreSupprimerThanks for this kind message!
SupprimerPromenade architecturale aussi agréable que féconde pour révéler les trésors cachés de cette ville décidément magnifique.
RépondreSupprimerVos lecteurs peuvent compter sur vous pour découvrir des articles originaux, riches et passionnants !
Pierre
Encore une fois, un grand merci pour votre commentaire si généreux ! Vos compliments me vont droit au cœur !
SupprimerUne succession d’églises, théâtres, quelques beaux immeubles dont la maison Gorki, très moderne, marquée de la « patte » d’un architecte, caractérisent ce quartier Tverskoï dans lequel l’Hélikon opéra occupe une place importante… un plaisir de visiter ce lieu avec des saisons musicales alléchantes.
RépondreSupprimerMoscou est vraiment une ville magnifique qui associe religion, culture et une grande beauté.
De quoi être émerveillé, surtout avec un article passionnant. Que de découvertes !
Bises. Mam.
Je vois qu'on continue à avancer ! Bravo pour cette maîtrise !
RépondreSupprimerEt toujours un grand merci pour ce généreux commentaire.