Promenade dans Vienne avec visite de deux églises : Schottenkirche (celle des Ecossais) et Mariahilfer Kirche (Notre-Dame du Bon Secours).
J'ai bien dormi, mais comme le sommeil manquait, grasse matinée aujourd'hui. Il me faut aussi achever l'article sur Zar und Zimmermann de la veille. Résultat, je ne mets le nez dehors que vers 10:30.
Schottenkirche
Je loge pas très loin de cette église des Écossais que j'aime beaucoup, c'est l'occasion d'y remettre le pied. Comme hier, sur la place, les militaires procèdent à des démonstrations.
L'église est celle d'une abbaye, réellement fondée par des moines écossais au XIIe siècle, quand Henri II quitta Klosterneuburg (village sur le Danube dans les environs, siège d'une abbaye, d'un palais et producteur de vins merveilleux) et décida de s'établir à Vienne. Il fit venir des étrangers pour établir ce nouveau centre religieux. A l'époque, on avait dans un lieu semblable tout à la fois des lettrés, copistes, médecins, apothicaires, et évidemment des prêtres pour servir la messe. Impossible de se passer d'une abbaye.
Bien sûr, ce n'est pas celle que l'on voit, comme d'habitude. Au XVIIe siècle, on reconstruisit tout pour mettre au goût du jour et après le siège des Turcs, on procéda à de nouvelles modifications. Et au XIXe encore. Ajout de peintures, etc., rien de surprenant.
Alors que certaines églises viennoises frappent par l'obscurité où elles plongent immédiatement le fidèle, sans doute pour lui procurer une expérience mystique, celle-ci a choisi de privilégier la lumière (Et lux fit ! dit la Bible) avec un intérieur lumineux en deux tons, un blanc immaculé et un rose saumoné.
Les peintures complètent la palette avec de petites touches de bleu.
La voûte est une des plus heureuses de la ville, avec ce délicat décor en ramages, qui évite la surcharge par l'accord gris-blanc, une rareté à ma connaissance dans les décors intérieurs.
J'ai bien peu d'indications sur les peintures. Je présume qu'il s'agit des atrocités commises par les Turcs et d'une victime devenue martyre… Lorsqu'on subit un siège ou une guerre, on a toujours tendance à mettre en avant la férocité de l'ennemi.
On trouve bien les classiques, comme ces putti grassouillets.
On s'attend à une chaire baroque toute en volutes. Pas du tout, c'est un sévère édicule. On penserait presque à des fonts baptismaux.
Je ne sais pas de qui il s'agit et je le regrette bien. Le monument funéraire semble révérer un sacré personnage : instruments de géographie en haut, dont un globe, symboles militaires en bas (tambour de bataille et canon chargé).
Je lis Philipp Friedrich, plus loin Steiber, mais entre les deux ? Je n'ai rien trouvé pour savoir qui est honoré par ce complexe médaillon.
Rien n'est indiqué, à nouveau. Je propose Pierre et Paul avant la prison à Rome. J'ai adoré mes cours d'iconographie religieuse à l'université, je ne résiste jamais au plaisir !
C'est dans cette Schottenkirche qu'eut lieu le service funéraire commémoratif pour Joseph Haydn, quelques jours après sa mort, en 1809. C'est également là que fut baptisé, plusieurs décennies après, le jeune Fritz Lang.
Le Palais Kinsky
Une construction du début du XVIIIe siècle pour la famille Daun qui la vendit, une cinquantaine d'années après, aux Kinsky, des nobles venus de Bohème. Sa façade harmonieuse est souvent prise en photo.
Je ne l'ai jamais visité mais j'ai très souvent parcouru ses cours qui suivent le modèle viennois, tel qu'on peut le voir à la Hofburg notamment.
Vestibules richement ornés de statues baroques alternent avec de grandes cours rectangulaires. A gauche, une femme résiste vaillamment à son assaillant qui tente de l'emporter. Une Sabine, peut-être.
Mariahilfer Strasse
J'ai des courses à faire, direction donc cette immense rue, haut lieu du shopping viennois. Certaines enseignes ont plusieurs magasins dans la même rue. Ce n'est pas là qu'on trouve le plus de photographes mais je ne peux jamais m'empêcher de dresser l'œil. Ici, à quelques exceptions près, on se trouve dans la Vienne du XIXe siècle, hors les murs de celle du siècle précédent.
Petits carreaux de mosaïque pour décorer cette façade. Le dé U, devant, c'est le symbole du métro (U-Bahn).
Et même quelques tentatives contemporaines, plutôt rares dans une ville qui conserve autant de témoignages du passé.
Mariahilfer Kirche
L'église de Marie du Secours (Notre Dame du Bon Secours chez nous) abrite un tableau du même nom qui fit l'objet d'un pèlerinage assidu. Histoire classique : première version, on casse tout (le Siège de Vienne fait le plus gros du carnage), et on refait fin XVIIe, intense époque de travaux viennois. Ajouts au XVIIIe (les tours, les coupoles), et embellissements au XIXe siècle. L'extérieur est assez sévère, pour ne pas dire sinistre, mais l'intérieur a davantage d'attraits.
Beaucoup de blanc, heureusement, mais ici la déferlante baroque s'est déversée avec plus de générosité. De l'or partout.
Voilà des années que je passe dans cette église et je n'ai jamais regardé de près ce groupe sculpté fort singulier. Qu'est-ce que cette chose foulée aux pieds, outremer et argent ? Une statue ?
Et, tout en haut, ne vois-je pas un triangle avec un œil ? L'œil de la Providence qui voit tout et sait tout, retenu comme symbole par les Francs-Maçons (pas seulement eux, mais à Vienne, ça n'aurait rien d'impossible). J'ai fait quelques recherches en déjeunant, je n'ai rien trouvé.
Au-dessus de la chaire, des angelots s'affairent avec ce qui me semble bien être des symboles de la passion.
Au centre de l'autel, le tableau de Célestin Joanelli, la fameuse Notre Dame du Bon Secours. Je n'ai pas essayé de photo plus proche, elle n'a d'intérêt que par sa valeur historique.
Opulent buffet d'orgue. J'ai entendu un concert ici, on ne peut que louer la qualité de l'instrument.
Trompe-l'œil de belle facture, avec tous les effets de perspective souhaités.
Et même, dans une chapelle, une fausse grotte. La renommée du lieu est garantie par la quantité d'ex-votos sur les murs.
Un peu plus bas, c'est la Stiftskirche qui dresse son clocher baroque.
Un peu de street art, au passage. Je tente différentes adresses familières, sans succès (ou c'est fermé, ou c'est trop tard), pour aboutir sur le Linke Wienzeile qui borde le Naschmarkt.
Déjeuner dans une brasserie
Visiblement le rush est terminé, mais on peut encore me servir dans une salle qui fleure la Vienne de jadis.
Pour huit euros et quelques, menu du jour : potage aux fanes de radis et Wienerschnitzel. Avec la bière et le café, une histoire d'une douzaine d'euros.
La soupe est délicieuse !
Fines escalopes croustillantes ; la salade, avec maïs et concombre, m'enchante moins, mais ça fait toujours de la verdure.
Le Pavillon Sécession
Puisque je n'en suis pas éloigné, je fais un détour vers le Pavillon Sécession, une réalisation d'Olbrich de la toute fin du XIXe siècle. Au-dessus de la porte, la devise : A chaque époque son art, à chaque art sa liberté.
A l'intérieur on peut admirer la frise Beethoven de Klimt, très investi dans le projet.
La restauration a vraiment profité à l'édifice, l'or rutile sur un blanc immaculé. Ce n'était pas le cas il y a quelques années !
La célèbre résille d'or qui dessine une coupole est une merveille de légèreté visuelle.
J'emprunte le passage souterrain. Cela m'a toujours fait penser à une installation contemporaine.
Je passe devant la Hofburg, mais rapidement !
Parfait pour expliquer ce qu'est le mouvement dans la statuaire baroque ! J'en profite ; le 1er novembre, le groupe sera mis à l'abri contre le gel dans une construction de bois.
Apparemment un quadrige classique. J'adore toujours l'homme de gauche, corde enroulée au bras (prisonnier ?) qui part à la renverse et dégringole, bouche ouverte pour s'égosiller ! La réaction du cheval est tout aussi expressive. Sans doute un symbole d'un hérétique quelconque, vaincu par la raison, ou une autre affaire du même genre.
Queue à l'Opéra
J'ai bien fait de me dépêcher, il y a déjà du monde. Tous les jours on vend quatre cents places debout. Pour quatre euros on peut être au parterre ! Mais, si on veut avoir le premier rang du Stehparterre, il faut arriver tôt !
Je papote avec de sympathiques Taiwanaises et corrige des copies. La preuve en photos pour les deux !
Le temps passe vite et youpi, j'ai une place au premier rang. Prêt pour Elektra.
Wonderful guided tour in Vienna ! I love these magnificent churches.
RépondreSupprimerThank you very much !
Annie, I recognized you ! thank you very much.
SupprimerPassionnante visite de Vienne, que vous semblez bien connaître. Votre blog a toujours le mérite d'attirer notre attention sur ce qu'on ne verrait pas, même si nous faisions nous-même la visite.
RépondreSupprimerMerci !
Pierre
C'est très gentil ! Merci pour ce compliment chaleureux.
SupprimerAmazing pictures, a captivating post ! Thanks
RépondreSupprimerRuth
Thank you Ruth ! A pleasure to read you again.
SupprimerTrès belles églises qu'on peut apprécier grâce à vos commentaires. J'espère que vous allez en visiter d'autres pour qu'on puisse en profiter !
RépondreSupprimerLucas
Mais oui, et l'article est déjà publié !
SupprimerMerci, Lucas.
Soleil resplendissant, place élégante… une promenade agréable en perspective.
RépondreSupprimerL’intérieur de l’église écossaise est surprenant, mais harmonieux grâce à sa luminosité et le choix de couleurs pastel. Une profusion de dorures à l’intérieur de l’église de Marie du Secours est atténuée par le blanc des murs : on ne sait où porter le regard.
Le Pavillon Sécession a toujours un grand succès, à juste titre, et est le maillon d’une passionnante ballade dans ces rues aux façades de maisons très élégantes. Encore un article généreux et documenté.
Bisous. Mam.
Oh, je vois qu'on travaille dur ce matin ! Merci pour ce long commentaire !
RépondreSupprimerGros bisous
I loved this post !
RépondreSupprimerCould you make for us a guided tour of Church am Hof ? and another one with Saint Peter Church ? It would be great !
Thanks a lot.
Ruth
I will try very hard!
SupprimerThanks Ruth.
Superbe balade. Des églises magnifiquesqque tu aides à mieux apprécier. Félicitations.
RépondreSupprimerMichèle