Le Caixaforum
C'est un lieu incontournable de Barcelone que cette ancienne fabrique Casaramona, un bijou moderniste, transformé en centre culturel très actif par la banque La Caixa. J'y viens régulièrement au cours de mes voyages et j'y ai vu quantité d'expositions aussi variées que passionnantes, souvent très bien faites. Il y en a plusieurs en même temps mais on paie un tarif unique de 4 € pour tout voir !
Una cierta oscuridad
Article de journal |
Cette exposition, centrée sur l'art contemporain, part de cette stupéfiante photo parue dans un journal : après le vol de La Joconde, les visiteurs du Louvre sont pris à contempler l'espace vide.
Photographie de La Joconde absente |
L'idée de la commissaire de l'exposition est donc de creuser cette thématique du vide et de l'absence, qui questionne l'art tout entier.
On aurait bien pu monter une exposition plus large avec des oeuvres de plusieurs siècles.
J'aurais bien ajouté le trompe-l'oeil de Gysbrechts.
Il ne fait pas partie de l'expo ! |
C'est une toile tout à fait classique, mais peinte en trompe-l'oeil pour imiter le dos. Oeuvre ou absence d'oeuvre ?
Est-ce que ce qui n'est pas là ne compte pas autant que ce qui est présent ?
Et finalement, n'est-ce pas la problématique de la représentation artistique, qui recrée quelque chose qui présentement, là, devant nous, n'existe qu'en tant que création. Je pense notamment au bien nommé La Trahison des images de Magritte, la fameuse pipe avec le texte "Ceci n'est pas une pipe".
L'exposition est un peu inégale et de toute façon trop brève pour aller au fond du problème, mais les notions soulevées m'intéressent beaucoup. J'aimerais bien que cela donne des idées à d'autres responsables d'exposition !
Joan Brossa, Élégie à Leonardo |
Joan Brossa présente, en tant qu’œuvre finie, un écrin vide.
José Maldonado, Ventana II |
Une fenêtre en trompe-l’œil, véritable illusion qui renvoie à un thème chronique dans la peinture. Sauf qu'ici, on n'y voit rien.
Christo, Projet pour l'enveloppement de la colonne de Christophe Colomb |
C'est intéressant d'aborder Christo sur le thème, non de l'emballage, mais de la disparition.
Tim Rollins & K.O.S., Gold Alice I |
Ca, c'est fascinant. Je n'ai vu d'abord que des carrés dorés en couches, sur une toile où étaient marouflés des feuilles d'Alice au Pays des Merveilles.
Tim Rollins & K.O.S., Gold Alice I |
C'est en scrutant intensément que j'ai aperçu l'oeil, puis le visage, et enfin le corps.
Il ne s'agit pas de variations de couleurs mais seulement d'épaisseur. Un travail complexe mais très réjouissant pour l'esprit !
Perejaume, El Lloc i la data |
Le langage de l'art est-il défini par le cadre ? Ce n'est même plus le cadre vide qui créait un débat enflammé au XIXe siècle.
Hiroshi Sugimoto, Rialto, Pasadena |
Pour prendre cette photo, le temps d'exposition a été celui du film. Résultat, on ne voit rien !
Pourtant le film dans cette salle de cinéma a bien été photographié. Il est là, et pas là en même temps.
Pedro Torres, Distancia |
Une installation à base de projecteurs de diapositives, mais sans diapositives, qui créent pourtant une image.
Ecran d'Ira Lombardia |
Ira Lombardia a supprimé, pendant un certain temps, toute information de son site web. Est-ce que cette copie d'écran est pour autant une œuvre d'art ? Je m'interroge.
Collectif, Works to be destroyed |
David Batchelor, Found Monochromes |
David Batchelor est à la recherche de panneaux et écriteaux blancs et il en trouve des quantités ! La projection de son travail est éloquente. Le silence visuel est répété.
David Batchelor, Found Monochromes |
David Batchelor, Found Monochromes |
Martin Parr, Paris, Le Louvre |
artin Parr, dans sa série du Louvre. Le téléphone, au centre, ne prend même plus l'oeuvre en photo, mais seulement celui devant lui, en mise en abyme…
Equipo Cronica, El Embalatge |
J'ajoute ces deux peintures qui proviennent de l'exposition d'art contemporain dans l'autre pavillon, mais qui me semblent compléter utilement la réflexion menée avec ces citations du fameux Guernica de Picasso. Le premier, un habile trompe-l’œil, aurait aisément trouvé sa place.
Equipo Cronica, El Embalatge |
Déjeuner : le restaurant du Caixaforum
Diantre ! Tout a été refait ! Et les tables sont presque toutes réservées ! Heureusement, avec un peu de patience, voici une table.
Verdejo, évidemment.
Petits poivrons farcis à la brandade, un classique.
Thon grillé et épinards aux raisins secs.
Je craque encore devant le riz au lait !
I love this post ! Clever ideas about art...
RépondreSupprimerGold Alice is incredible !
Annie
Thank you Annie ! Still a pleasure to be reviewed by you !
SupprimerTout ça fait réfléchir. Vous ouvrez des perspectives. Ce serait intéressant que vous complétiez cet article avec d'autres oeuvres, comme vous l'avez fait avec le trompe-l'œil. Quand vous aurez le temps bien sûr !
RépondreSupprimerBravo, en tout cas Un article comme on en voit peu sur les blogs.
Pierre
Intéressante suggestion. Pour le moment, mon rythme d'articles ne me laisse pas de répit, mais je tâcherai de suivre votre conseil.
SupprimerMerci Pierre
Mon époux ronchonne que je passe trop de temps sur Internet mais quand ce sont de passionnants articles de cette qualité, je peux prouver que ce n'est pas du temps perdu. Êtes-vous critique d'art ? Publiez-vous des livres ?
RépondreSupprimerJohanna
Non à vos deux questions. Merci infiniment pour votre chaleureux commentaire, Johanna.
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