Le passé glorieux de la prospère Rhodes est bien mis en valeur dans le riche musée archéologique de la ville, installé dans l'Hôpital des Chevaliers.
La galerie de l'étage, très spacieuse, expose une vraiment remarquable série d'autels funéraires.
Impossible de nier la qualité des sculptures avec le volume de la tête, la délicatesse des fleurs ou l'effet de matière avec le fin ruban plissé. Trouvé dans la nécropole de Rhodes, cet autel fut sculpté à Aphrodisias, phénoménal centre de production d'Asie Mineure.
Cette amphore servit au IXe siècle d'urne funéraire à un guerrier. Période glorieuse de l'art géométrique et de ses variations abstraites.
Provenant d'une tombe du VIIIe siècle à Tsampikos, un vase à tête humaine. Je pense que l'artiste a figuré un guerrier avec son casque (l'arcade sourcilière et le nez me le rappellent).
Toujours de Tsampikos, mais datant de - 650, une série de lécythes. Je connais surtout le vase étroit et bien droit avec une décoration sur fond blanc qui a été décliné en tant de splendeurs, mais voilà une variante au bec courbé. J'avais vu des productions romaines semblables qui servaient de biberon mais j'ignore si c'est le cas ici.
Cette étonnante poterie et les deux suivantes proviennent de la tombe d'une jeune fille à Lagos, datée d'environ - 600. On reconnaît bien un singe avec le pelage tacheté. Je trouve que l'artiste a accentué l'expression, presque humaine.
Le cartel parle d'une figure casquée. C'est vrai que les repères de genre évoluent, mais je trouve cette tête bien féminine. Joyeusement souriante et bien franche avec ses yeux immenses écarquillés.
Aryballes provenant de Corinthe, grande productrice de poteries dans toute la Méditerranée.
Provenant de Marmaros, une tombe datée de - 550 a livré un riche ensemble de poteries. Les archéologues ont pu attribuer celle-ci à un peintre connu au nom toujours secret, baptisé "Peintre du Louvre". Une Amazone y est entouré de deux Sphinx.
Cette hydrie, un vase à eau, fut exécutée en Laconie, par un autre peintre connu et anonyme, le "Peintre de la Chasse". Le nom des personnages est inscrit, Aniochidias, Archilochidas, Deinomachos et Sinys.
Même si le terme évoque pour nous une autre créature (en fait plutôt le triton antique), voici la Sirène, un oiseau à tête féminine.
On connaît l'épisode de L'Odyssée où Ulysse doit boucher les oreilles de l'équipage pour éviter de succomber à leur cris.
Trouvée à une tombe de Frakidis datée de -525, une belle amphore attique à figure noire avec un dessin très élégant. Rencontre de deux barbus entourés de sphinx et, au-dessous, un sanglier et un lion.
A nouveau de Tsampikos, une coupe à la ligne très pure, soulignée par une paire d'anses graciles. La frise d'animaux très stylisés a une largeur calculée, sans surcharge. Un bien bel objet du VIe siècle.
Bardé de sa peau de lion, on retrouve Héraklès-Hercule à l’œuvre.
Une foule féminine réunie dans une tombe à Anoakia, vers -550. Le cartel donne peu d'informations mais plusieurs portent un oiseau à la main et celle qui est assise me semble enceinte. Pour les premières, une offrande, un signe du voyage dans l'au-delà ? Je me limite à des hypothèses prudentes.
Un larnax de terre cuite, une boîte funéraire, a livré notamment cette amphore du Peintre du Louvre. Le départ du guerrier, paraît-il.
Zeus s'entoure de deux déesses ailées sur cette chatoyante amphore multicolore.
Sur cette amphore du peintre Antiménès, un couple d'amants est flanqué de deux yeux apotropaïques, c'est à dire qui conjurent le mauvais sort. Ce symbole demeure très courant dans la Grèce contemporaine.
A nouveau le peintre de Louvre.
Je suis très surpris par cette audace stylistique : il a rompu avec la coutume du profil et a représenté un quadrige frontalement. Certes, hommes et animaux tournent la tête (soit pour conserver la tradition artistique, soit parce que le défi technique était insurmontable), mais les corps des chevaux et du cocher sont bien de face.Voilà un vase que je n'avais pas encore photographié, le lébès, qui reprend la forme du chaudron en bronze. La scène évoquerait les préparatifs du mariage.
Très délicat amphorisque (proche de l'aryballe) en pâte de verre du Ve siècle. Ces couleurs-là, coquille d’œuf, marine et turquoise, forment le trio le plus courant.
Impeccable petite pyxide trouvée à Tsampikos. La forme de cet objet n'a jamais varié jusqu'à nos jours.
En général, ce sont les rhytons (les vases à boire en forme de corne) qui présentent ces têtes. C'est très troublant, car ils ont conservé les couleurs que les statues de marbre ou de bronze ont le plus souvent perdues. A mon avis, c'est le plus fidèle portrait des Grecs de l'Antiquité.
Le petit cavalier. Tout à fait attendrissant.
Provenant de Marmaros, deux personnages assis. Le premier a un étonnant chapeau, une variante du bonnet phrygien, et le second est identifié comme un Africain.
Une dame assise sur son lit. Quelle variété, vraiment, dans ces poteries du Ve siècle !
Magnifique et captivant !
RépondreSupprimerRoger
Merci beaucoup, Roger, pour ce chaleureux commentaire !
SupprimerTrès bel article qui présente des objets rares, étonnants, très bien conservés. Ça donne envie de se précipiter à Rhodes !
RépondreSupprimerArmel
Merci beaucoup Armel, je vous y engage !
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