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mercredi 11 août 2021

Le site de Mycènes


 Enfin j'accède au site de Mycènes et à la fameuse Porte des Lionnes !


Mycènes, c'est un lieu mythique à bien d'un titre. Historiquement, une des plus anciennes civilisations européennes dont nous possédons de brillants vestiges. La légende a placé ici Agamemnon et sa célèbre famille des Atrides, dont Electre, Clytemnestre, Crysothemis et Oreste... La tragédie a su explorer le potentiel psychologique de ces récits et l'Elektra de Strauss est pour moi un des sommets de l'opéra. 

Bref, Mycènes était pour moi un incontournable. 


Avant même les Atrides, on trouve dans le déroulé mythologique de la cité la fondation par Persée, le fameux vainqueur de la Gorgone. 


Je replace ici les maquettes du musée qui permettent de mieux comprendre le site. 


On voit une citadelle fortifiée qui surveille les vallées. Elle n'est pas placée au sommet de la montagne et cela me pose question. Une position plus élevée était peut-être trop difficile d'accès, peu pratique (je pense au problème des citernes qui était très soigneusement étudié pour assurer la survie en cas de siège). Ou encore tout simplement inutile. 



Nous pénétrons toujours par la Porte des Lions / Lionnes. Je vois que selon les sources, on parle de l'un ou de l'autre. Je résume les arguments en présence : pour le féminin, la forme élancée des animaux. Pour le masculin, la symbolique royale et guerrière, déjà transmis dans tout le monde indo-européennes, vraisemblablement à partir de l'Inde. Les deux sont convaincants ! 


La sculpture est toujours magnifique dans la simplicité de la structure : trois blocs surmontés d'un tympan sculpté, le tout s'encastrant dans la muraille comme la dernière pièce d'un puzzle. Une impression d'évidence. 


La première zone qu'on découvre se découpe en tombes circulaires. Cinq furent fouillées par Schliemann dès 1874.


C'est ici que furent mis au jour les formidables pièces, masques, bijoux, qui redorèrent soudain le nom de Mycènes. C'est le Musée Archéologique d'Athènes qui expose l'essentiel de tout cela. 


On sait que Schliemann était persuadé de la véracité de la légende. C'était ce qui l'avait amené à fouiller Mycènes (ou Troie) et lors de découverte, il écrirait au roi de Grèce qu'il avait "contemplé le visage d'Agamemnon." 


Je n'y crois guère et, franchement, j'estime que la légende ne m'est pas nécessaire pour apprécier ma visite. Je vais penser beaucoup à Elektra durant ma visite. Pas vraiment pour me demander d'où arrive la porteuse de traîne, mais plutôt en considérant le lieu comme un terrain de possibles. La force brute, animale de ce récit m'a toujours fasciné et je suis curieux de voir comment on a pu le connecter avec ce lieu. 

Le royaume de Mycènes était peuplé d'Achéens. Vers 1600 avant Jésus-Christ, cette civilisation brillante s'étendait loin. 



Dans le Péloponnèse évidemment (Tyrinthe, Asini, Argos) mais encore Corinthe et son isthme et même on a retrouvé des vestiges mycéniens à Thèbes. J'aimerais bien savoir où, mon passage récent ne peut me laisser penser que cette grosse ville peu attrayante se targue d'un quelconque passé. 


La civilisation mycénienne possédait son système d'écriture, disposait de techniques solides. Les fameux murs cyclopéens impressionnant tant qu'on inventa ce mythe de l'appui des malheureux cyclopes.


Persée ramène d'Orient ces grands gaillards anthropophages et leur force colossale permet d'élever des murs d'énormes blocs. Ce n'est qu'une des multiples formes du gigantisme, thématique privilégiée de la mythologie grecque. 


Je rappelle que l'autre grande occurrence des Cyclopes se trouve dans l'odyssée, avec le fameux Polyphème qui capture Ulysse et ses compagnons. 



Le nord de la citadelle est occupé par le palais, divisé en espaces bien séparés. 


Cette zone palatiale offrait une vue bien dégagée sur tous les côtés. J'enfonce une porte ouverte, c'est évidemment la fonction initiale d'une citadelle ! 




Les incendies se sont rapprochés dangereusement, le site a eu chaud. L'année dernière, si je me rappelle bien. J'écris sans avoir vérifié. 





La citadelle, je le répète, n'est pas construite au sommet, et malgré tout, quelle vue sur les vallées avoisinantes ! 


Le palais comprenait un megaron, une salle officielle pour les réceptions, assemblées et autres réunions du conseil, et des appartements royaux. 

Je peux dire que ce que j'observe ne coïncide avec aucun des décors vus pour Elektra ! Après tout, point n'est besoin d'enfoncer un livret dans un lointain passé pour lui donner du sens... Mais je me demande ce que ça donnerait, la tirade de Clytemnestre au milieu de ces blocs... 
Et, au fait, où met-on Elektra ? Dans la citerne, comme Jochanaan ? 


Ou dans un de ces escaliers secrets qui permettaient d'avoir accès à des réserves dissimulées ou à une source bien pratique... 


Sauf erreur, cette partie devait être lourdement protégée. On voit bien nettement les deux gonds dans le bloc. 



De l'autre côté, deuxième porte, dite porte de la poterne. Toujours dans le même mythe, c'est par ici que s'échappe Oreste après avoir vengé son père en tuant sa mère. 


Deux portes, pour une citadelle, c'est l'idéal. Pas trop difficile à garder, une seconde sortie en cas de besoin, voire une seconde entrée dans l'hypothèse d'un embouteillage. 


N'oublions pas que Mycènes commerçait avec toute la Méditerranée, et qu'on a retrouvé ici des témoignages encore plus lointain, comme l'ambre de la Baltique. Qui dit commerce dit automatiquement circulation "des biens et des personnes"... 


Les tombes en forme de tholos, construction circulaire, sont les plus récentes. Celle-ci a été baptisée tombe d'Egisthe, sans davantage de fondement. 


Le trésor des Atrides 


Ce "Trésor" est une tombe, une autre en forme de tholos. Très spectaculaire en soi. 

En outre, j'arrive au moment de la lumière oblique, face à moi. Ce contre-jour magnifie l'entrée dans la sépulture. 


On pénètre par le dromos, un couloir de 40 m de long, et on arrive à une porte étroite et sobre. 


L' intérieur crée immédiatement la surprise : c'est plus grand que prévu ! On est trompé par la hauteur de la porte. 

14 m de diamètre, 13 de haut. La clef de voûte, le bloc placé tout en haut, pèse 120 tonnes. 


Lieu saisissant, qui suffirait presque à nous faire admirer une civilisation brillante et méconnue.


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