Translate

mardi 10 août 2021

Un jour à Delphes (2)


Le sanctuaire d'Apollon fut pendant mille deux cents ans le plus grand centre religieux du monde grec antique, et sa renommée s'étendait dans toute la zone d'influence grecque. Je me réjouis de découvrir enfin ce site majeur.


Je replace ici la maquette exposée au musée. Même si elle ne révèle pas la forte déclivité du site, véritablement étagé en terrasses sur une pente très abrupte, elle restitue avec netteté son aspect antique. Très grossièrement, le site se divise en trois zones : en bas, parmi d'autres bâtiments, on voit les petites constructions des trésors. Le temple d'Apollon, au milieu, se détache par sa taille majestueuse. Le haut mur de scène derrière lui  (par rapport à nous, ) sa droite en fait) permet de reconnaître le théâtre.

Un lieu de culte majeur


Selon la légende, Zeus avait envoyé deux aigles dans le ciel pour déterminer le centre de la Terre, le lieu en communication avec l'au-delà. 
C'est ici qu'ils se rencontrèrent, faisant de Delphes l'omphalos, le nombril du monde. 


Delphes était déjà peuplée à l'époque mycénienne, dès le XIVe siècle avant notre ère, où on adorait la déesse bien connue des cruciverbistes, Gè, la mère-Terre. Toujours selon la légende, Apollon combattit et vainquit ici le terrible serpent Python et son culte prit la place de l'ancien. 

On venait ici surtout pour les prophéties de la Pythie. 
La communication avec l'au-delà (le médium) ou la capacité de prédire l'avenir (le voyant) ont toujours été recherchées. En l'occurrence, la Pythie était une dame à qui on faisait mâcher des feuilles fraîches de laurier, arbre sacré d'Apollon, et qui entrait en transe. Les prêtres qui recevaient les opulentes donations traduisaient au visiteur le message venu tout droit de l'autre monde. L'oracle de Delphes valait tout l'or du monde. 

Soit c'était une sorte de chamane, qui grâce au pouvoir hallucinogène du laurier obtenait de véritables visions, comme c'est toujours pratiqué dans différentes régions du monde, de la Sibérie à l'Amazonie. 

Soit c'était une malheureuse qu'on intoxiquait de force, et les prêtres avisés transformaient son inintelligible baragouin en un message arrangé selon leur convenance. 

De toute façon, c'était très lucratif, et les rapports troubles d'une religion officielle avec le profit existaient très fortement dans l'Antiquité. 



La popularité du site ne céda que sous l'influence insistante du christianisme, première religion à être parvenue à vaincre totalement la gréco-romaine et sa puissante mythologie. Ce qu'aucun des multiples cultes, même celui d'Isis, n'était parvenu à réaliser. 


Donc, à l'époque romaine, le site restait florissant. Ne nous étonnons pas de cette agora réalisée à ce moment. 


L'agora, bordée de colonnades sur trois côtés, accueillait cinq boutiques. On pouvait toujours faire emplette d'une offrande si on avait oublié son cadeau et surtout repartir avec un souvenir de son expérience mystique. Les marchands du temple, une vérité de toute époque. 



C'est ici que débutait la voie sacrée et où se déroulaient les processions religieuses. 



Les cités du monde grec sponsorisaient l'endroit en élevant des statues dont les bases sont encore bien visibles, ou en construisant des trésors aux dimensions d'un petit temple. 

C'était peut-être une marque de dévotion authentique, mais sans aucun doute une bonne opération publicitaire. Le luxe inouï et ostentatoire des décorations ne laisse aucun doute. 


Celui-ci dessus était le trésor des Béotiens. On trouvait même un cheval de Troie, offert par le peuple d'Argos, les Argiens, pour commémorer leur incroyable vistoire sur les Spartiates. 


L'amphalos, le nombril, marque l'endroit où les aigles s'étaient rencontrés. C'est également là que reposait le serpent Python. L'omphalos était recouvert de bandelettes de laine avec des pierres précieuses. 


Peu de trésors sont aussi bien conservés que celui-ci, celui des Athéniens. 






Sur l'aire sacrée se déroulait le Septerion, fête religieuse qui, tous les sept ans, commémorait la victoire d'Apollon sur Python. 


Se trouvait aussi le rocher de la Sibylle, lieu où une Sibylle fort ancienne avait prophétisé la chute de Troie. Et sur une colonne se dressait la magnifique statue de Sphinx exposée au musée. 




Plusieurs temples d'Apollon furent édifiés au long des siècles. On inaugura le plus récent en 330-JC, un temple dorique embelli par des sculptures en marbre de Paros. Les auteurs antiques que deux maximes y étaient inscrites, "Connais-toi toi-même" et "Rien de trop". 

Rien à redire à ces sages préceptes ! 


Voilà donc les vestiges, bien impressionnants et significatifs tout de même, de ce qui fut un des temples les plus célèbres de l'humanité. Le lieu de la Pythie.

La majesté du site, la situation dominante sur la vallée, participent efficacement à l'effet produit. A l'époque où le temple se dressait avec sa fastueuse décoration, ça devait sidérer les pèlerins.

 

Le pilier de Pausias II est toujours là.

Mais la base du trépied des Platées est une copie. C'est l'unique monument souscrit par le peuple grec dans son ensemble et non par une seule cité, qui rappelle la victoire sur les Perses dans un lieu nommé les Platées. Le pilier torse supportait un trépied en or.

Constantin le Grand la transporta à Constantinople, sur l'hippodrome, où elle se trouve toujours. Je me rappelle très bien l'avoir vue lors de mes lointaines visites d'Istanbul.



Près du théâtre, le visiteur s'ébahissait de nouvelles splendeurs. La colonne des danseuses, dont les splendides sculptures sont exposées au musée, côtoyait l'ex-voto de Daochos, le groupe familial.




Le théâtre voit ses origines étroitement liées avec la religion. Le premier du genre n'était-il pas apparu dans le sanctuaire de Dionysos à Athènes ?

Tous les quatre ans, se déroulaient ici les Jeux Pythiques, un équivalent des plus connus Jeux d'Olympie. Bien plus qu'aujourd'hui, c'était un mélange équilibré de sport et d'art. Ces jeux comportaient des épreuves d'athlétisme (ce n'est pas pour rien que le gymnase était tout proche) et des épreuves d'art dramatique. N'oublions pas la musique, domaine réservé de l'Apollon Musagète, celui proche des Muses.

Le théâtre qui nous est préservé date du Ier siècle de  notre ère et il remplaça celui du IVe siècle avant Jésus-Christ. Cinq mille spectateurs pouvaient y prendre place. C'est un chiffre assez considérable pour un sanctuaire, certes fameux, mais perdu dans la nature, à l'écart de toute ville importante.



C'est l'heure de quitter le site. Heureusement, ce n'est pas immense, j'ai réussi à le visiter sans trop bâcler. 

Il me reste quinze minutes avant le départ du bus ! 






Un moment de panique. Le Lonely indique une gare routière à l'autre bout du village. 
Je m'y dirige à grands pas mais le doute me prend. Je me renseigne. L'information s'avère erronée, l'arrêt demeure celui du matin. Ouf ! 
De toute manière, il était inutile de se précipiter : le bus arrive avec quinze bonnes minutes de retard. Mes compagnons géronais et moi commencions à nous tourmenter. 



Bientôt je connais les ordinaires pouvoirs soporifiques du bus, et je sombre dans un sommeil profond. 





Imprévus 

Lorsque j'ouvre l'œil, le bus est déjà, paraît-il, arrêté depuis une heure, à 30 km de la capitale. La Grèce est ravagée actuellement par des incendies et l'un d'eux s'approche dangereusement d'Athènes. Il est d'autant plus problématique que de nombreuses industries chimiques sont implantées dans cette zone. 

L'autoroute est coupée et la sortie, à quelques kilomètres, totalement saturée.

Nous restons immobilisés encore une heure. Quand nous atteignons enfin la sortie, mauvaise nouvelle. Impossible de rejoindre Athènes. Il faut remonter tout au nord et faire un grand détour par Thebes.


Chacun suit la situation avec son téléphone, l'employé vient nous voir à intervalles réguliers. Il nous prévient bientôt que la climatisation va être coupée. Nous en arrivons à nous rationner en eau. Tout dépend des réserves de chacun. Nous collectons un peu des bouteilles de chacun pour remplir celle d'une mamie, qui semble bien fragile et qui souffre beaucoup.

Après six heures de bus, nous débarquons dans la gare routière où, par chance, les toilettes sont toujours accessibles. Voilà déjà quelques heures que c'était un problème.

Autre coup de chance, le métro circule encore et je réussis à l'attraper. Je me demande pourquoi Google Maps ne me l'a pas proposé ce matin.


Quelle aventure ! 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Un grand merci de prendre le temps de laisser un commentaire. Je promets de le lire aussi vite que possible.
N'hésitez pas à signer votre message, ce sera encore mieux : je n'ai AUCUN moyen de connaître votre nom, votre e-mail, ou votre blog.
Si vous préférez que vos coordonnées n'apparaissent pas, mais que je vous réponde en privé, utilisez le formulaire de contact, accessible sur la version web du blog.