Une journée caniculaire où le risque d'incendie met la ville sous cloche... L'occasion de se promener dans des quartiers où les touristes ne posent pas le pied.
L'incendie qui s'approche dangereusement d'Athènes n'est pas maîtrisé aujourd'hui. Outre le péril qu'il représente pour la ville, ses industries et ses habitants, cela complique pas mal le programme des touristes. Le mien, aujourd'hui, c'était une excursion au Cap Sounion. Je demande à l'hôtelière de m'aider en téléphonant à la compagnie, vu la mise à jour très inefficace sur leur site. Elle m'aide volontiers et il ressort que le bus ne circulera pas.
Bon.
Par ailleurs tous les sites extérieurs, tels que l'Acropole, resteront fermés par précaution.
Tant pis, je vais improviser. Balade tranquille dans les rues, au hasard de mes pas. On verra bien.
Je descends vers Kerameikos, le quartier des potiers. Voici un édifice qui se détache de la moyenne. Théâtre, bâtiment officiel ? Mystère. Google Maps reste muet et la chaleur, accablante même ce matin, semble avoir vidé les trottoirs de pourvoyeurs de renseignements éventuels.
L'église Saint Constantin
Je me console avec l'église Saint Constantin dont la coupole compose une bonne partie de ma vue, depuis la chambre d'hôtel. Plein de bonnes nouvelles : elle est ouverte, on peut photographier, et je connais un peu l'iconographie de Constantin et de son inévitable mère Hélène, la prétendue découvreuse de la "Vraie Croix".
L'église n'est pas si ancienne, XIXe ou début XXe, et très richement ornée. Entièrement couverte de fresques, même.
Même les plafonds des galeries en ont profité.
La Pêche miraculeuse, je présume. C'est vivant, coloré, dans un style qui évoque les mosaïques.
Une série de scènes de la Passion bien difficiles à dater.
Pour la scène supérieure, cavaliers plus étoile, ça pourrait bien être un cortège de rois mages. Mais où sont-ils, dans ce cas ?
L'iconostase rutilante propose son habituelle série de saints. Constantin devrait être à droite de la porte centrale.
Dans le choeur, une Vierge à l'enfant aussi consensuelle que le Christ Pantocrator de la coupole.
Pour la série de saints, me voici en difficulté. Peu d'attributs, des inscriptions avec de nombreuses abréviations mystérieuses (et encore, je me débrouille avec l'alphabet cyrillique, c'est déjà ça). Problème récurrent.
Les peintures enchâssées dans des plaques métalliques semblent être une vraie spécialité orthodoxe. On en voit beaucoup en Russie.
La Dormition de la Vierge, facile. C'est une scène qui donne souvent lieu à de grands débordements d'émotion et ici je trouve le chagrin assez retenu. L'artiste s'est cependant plu à en varier les manifestations. L'homme qui porte la main sous le nez, à gauche, me semble à la fois rare et très juste.
Bon, je ne sors guère plus savant sur l'art orthodoxe, mais la visite m'a bien plu.
Et j'ai bien fait d'en profiter ! Je tente un musée proche. Je trouve bien une dame à la billetterie, simplement là pour m'informer que le musée est fermé. Tiens donc ! Et pourquoi ça ? Parce qu'en cas d'évacuation, on n'aurait pas le temps de faire sortir tout le monde. Voilà qui est rassurant. Je suis sidéré qu'on ait fait venir cette employée pour cela plutôt que d'avoir affiché un panonceau.
Un peu de street art
Je reprends donc mon errance. Peu de constructions anciennes, à croire qu'Athènes a eu un passé agité (guerre et séismes, à n'en pas douter) et les nouvelles ne sont guère enthousiasmantes, même au cœur de la ville. En revanche, je note un louable effort d'embellissement à travers des manifestations de street art variées.
Certains quartiers offrent des avenues plantées. L'ombre est bien appréciable en cette journée exceptionnellement torride. Mon thermomètre, au fond de mon sac (donc pas toujours à l'ombre, c'est vrai) marque déjà 47° C.
Le style des années 30 a bien existé à Athènes. Ce genre de marquise se voit de temps en temps, mais la ferronnerie des balcons, ici en bon état, beaucoup moins.
Une construction historique et originale. Qu'est-ce, mystère ?
Illustration engagée mais ce n'est pas de la peinture murale ; c'est un autocollant gigantesque appliqué sur le mur. On en voit notamment à Paris.
Après avoir franchi, non sans difficulté, de très larges boulevards d'allure moscovite, je cherche à déjeuner sans le moindre succès. Le café que m'a sorti Google Maps est fermé. J'arpente un quartier sans doute résidentiel.
En scrutant le plan, je remarque l'indication du jardin botanique de l'université d'agriculture. Ce n'est pas si loin.
En fait, c'est loin d'être à côté. Le quartier lui-même se nomme Botanikos, on s'attend à des merveilles !
C'est une plaisanterie ; en fait de jardin botanique, c'est une friche où tout meurt de soif.
Je me suis sensiblement éloigné du centre et je désespère de trouver un point de restauration. Je me rends à la raison et reviens vers la partie centrale. Au passage, une église dédiée à Saint Georges, évidemment fermée. Je n'ai pas le sentiment d'une perte essentielle.
De temps en temps, quelques petits parcs où de rares téméraires tentent une expérience de dessication. Mais dans l'ensemble, beaucoup de lieux abandonnés, de trottoirs mal entretenus, une voirie qui semble déficiente. La ville ne semble pas bien opulente.
Cette bâtisse-là m'a vraiment frappé. Passant devant (sur le trottoir opposé, un véritable traquenard pour se briser la cheville), je la croyais abandonnée comme tant d'autres. Mais j'ai vu soudain les plantes et le parasol. C'est incroyable, on vit dans une maison dont une partie est délabrée !
Une louable tentative de rappeler l'histoire dans un quartier anonyme.
Déjeuner !
Finalement, alors que je m'apprêtais à sauter le repas, je tombe sur une séduisante boutique, mi-pâtisserie mi-traiteur, qui propose une très large gamme de plats séduisants.
Je repère les haricots géants et complète avec du jus d'orange frais (la boisson la moins sucrée) et même une pâtisserie. Les haricots sont délicieux, avec de fines tranches de pancetta et une sauce au paprika. Le dessert, que j'imaginais au chocolat, n'en a en fait que l'enveloppe. L'intérieur est un gâteau de Savoie garni de crème pâtissière. Plus léger que ce qu'on pouvait craindre.
Je m'en tire pour dix euros. Vraiment une adresse providentielle !
La place, dont j'ai complètement oublié le nom, bénéficie d'une sculpture, très années 1970. Pas terrible tout de même, mais c'est encore ce que la place compte de mieux.
Je m'arrête une nouvelle fois dans une chaîne de café, où je marque une longue pause en faisant durer mon double expresso glacé. Je scrute le plan pour dénicher une curiosité à voir.
Le Champ de Mars
Ce n'est pas du tout une curiosité que ce parc proche du Musée Archéologique, je l'avais déjà repéré. On me signale une statue d'Athena Parthenos. Une vraie, une copie ? Je vais bien voir. En tout cas ce n'est pas le fier militaire sur qui on tombe, sitôt le portail franchi.
Ca me rappelle beaucoup certains parcs publics japonais. La chaleur aussi, au fait. Elle a vidé aussi bien les allées du jardin que les rues de la ville. J'ai l'impression, en marchant, que mes semelles vont fondre. En plus, les incendies ont répandu dans l'air une poussière de cendres et si on respire sans masque, la gorge pique rapidement. Je conserve donc le masque mais avec cette température, c'est un supplice.
Athena a dû se tapir dans un bosquet. A la place, je suis gratifié d'une vraie galerie de portraits, sans doute de grands hommes de la Grèce. J'avoue avec honte que je n'en connais aucun.
M. Nique-ta-race (non, j'exagère, c'est Nikitaras) s'avère un héros de l'indépendance grecque qui s'illustra par sa fougue face aux Ottomans. La page de Wikipedia d'où je tire l'information est d'ailleurs illustrée de la statue ci-dessus.
Ben ça alors. Un gisant dans un parc, c'est pas tous les jours qu'on en voit. Athena Parthenos, je veux bien, mais c'est surtout un déroulé des héros grecs.
Pour une raison qui m'échappe, ce grand homme fait face à cette mignonnette chapelle de campagne, bien évidemment fermée.
Le jardin botanique aurait bien pu profiter aussi de tuyaux d'arrosage !
Appel au peuple ; si un lecteur connaît le nom de cet arbre pleureur et me le communique, il a au moins droit à toute ma gratitude. Je l'ai su mais ne parviens pas à remettre le doigt dessus.
C'est en cherchant la sortie de cette fournaise que je découvre finalement Athena Parthenos. Pas vraiment un vestige archéologique, mais elle ne manque pas d'allure. En fait, elle se dresse sur le côté droit du parc, et pas du tout au centre comme le prétend le plan.
L'itinéraire et la chaleur ont raison de mon intrépidité. Je consulte le plan pour rentrer au plus vite, et voilà qu'on me conseille la rue ci-dessus.
Spir., c'est l'abréviation de Spirou. Ca alors ! Saviez-vous que c'était un prénom grec ?
C'est peut-être dans ce quartier que j'aurais dû user mes semelles, ce matin. C'est beaucoup plus sympathique et ombragé, rempli de petits commerces et de boutiques accueillantes.
On le repère plus difficilement car des arbres (dont les inévitables ailantes) ont occupé la place, mais voici un de ces terrains vagues qui peuplent toute la capitale. C'est vraiment très mystérieux. Problèmes de droit, de succession, de règlement ? Je me demande comment une ville aussi densément habitée peut laisser autant de morceaux de terrain en friche.
Chouette quartier, apparemment.
Very interesting tour, I thought I was walking with you.
RépondreSupprimerJust great! I would have loved those beans!
Annie
Thanks for your kind message dear Annie!
SupprimerTrès chouette article plein d'humour. Tu as le chic pour nous intéresser avec pas grand chose !
RépondreSupprimerMerci
MM
Ça, c'est un compliment. Merci MM !
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