Moscou : Dans Arbat (2)

 Déjeuner : Mu-Mu (My-My)

J'avais testé l'an dernier la chaîne de restauration à la vache. Je ne sais toujours pas s'il s'agit de produits de la ferme mais la cuisine m'avait paru plutôt savoureuse. Je retrouve sans peine l'adresse où j'avais déjeuné.

Je choisis le bortsch, vraiment excellent, teste le steack avec des pâtes chinoises et des légumes (viande assez tendre mais un peu fade) et le gâteau au fromage. Kompot pour accompagner, du jus de cerise ; on verse de l'eau bouillante sur des fruits mixés et on filtre, c'est goûteux et peu sucré.

J'ai le ventre plein, je peux repartir en promenade !

Eglise des patriarches Athanase et Cyril

Il m'a fallu un moment pour l'identifier, celle-là ! Pas de panneau, pas d'indication sur GoogleMaps, et la dame qui vend des cierges me répétait "Afanassia y Kirilla" sans que je voie de quoi il s'agissait. Il ne s'agit pas d'un édifice absolument mémorable, mais je suis toujours étonné de l'imagination des architectes religieux ici. A partir d'un vocabulaire somme toute limité, on combine toujours différemment. Ici coupole, clocher, tympan sur colonnes, une première locale.

L'intérieur non plus n'a rien de mémorable, mais c'est une église proprette et qu'on entretient avec soin.

Toujours une grande variété d'influences. A côté d'un pâté de style plutôt russe, avec des touches de néo-classicisme, un étonnant cône vitré. J'ignore s'il est moderne...

Une pâtisserie rose bonbon comme on en voit à Vienne…

Gogolevski Bulvar (Boulevard Gogol)

Chaque promenade me confirme le nombre de parcs dans cette ville, parfois minuscules, parfois très vastes. Ici c'est une vaste allée arborée qui est dévolue au plaisir des lecteurs sur les bancs, des enfants qui jouent, des messieurs qui offrent des fleurs à leur dulcinée.

Ce groupe statuaire de taille conséquente n'évoque pas Gogol, un habitant du quartier, mais Mikhail Sholokov, prix Nobel de littérature, écrivain du fleuve dans sa série de romans sur le Don. Le Don paisible est son plus connu.

De vieux messieurs proposent des livres d'occasion, une babouchka vend ses créations tricotées main. Je lui concède mentalement un prix de créativité.

L'allée débouche sur l'église du Christ sauveur, visitée l'an dernier. Je rebrousse chemin.

Très joli petit palais à la décoration de stuc.

Maison Burganov

Le sculpteur Aleksandr Burganov fut un initiateur du surréalisme dans le monde russe. C'est ici qu'il avait son atelier. Au bord du trottoir, quelques œuvres sont présentées.

Outre que c'est écrit, ce n'est pas difficile d'identifier le danseur Noureiev jeune.

Et, de nouveau, voici le violoncelliste Mstislav Rostropovitch.

C'est un curieux mélange d'éléments traditionnels et de simplification moderne.

Surréalisme, je ne suis pas sûr. Ce pourrait être du néo-primitivisme, façon Goncharova, ce courant qui remit à jour le folklore russe en cherchant à en retrouver les racines.

Soudain, sans crier gare, c'est une maisonnette en rondins qui apparaît.

Dans cet immeuble vivaient nombre de "célébrités". La plaque m'a plu  et j'ai un peu cherché. Donc, j'ai appris que Maria Mironova et Aleksandr Menaker formèrent un couple très connu en Russie de comédiens de théâtre, chanteurs, acteurs de cinéma. Leur fils, Andrey Mironov, était également une star de cinéma.

Ce ravissant petit palais fut habité par Aleksandr Herzen, très brièvement. Ce penseur politique, journaliste, écrivain, est considéré comme un des précurseurs du socialisme. Il contribua largement à la fin du servage. Mais il vécut surtout en France, à Paris où il était très proche de Proudhon, et à Nice où il est enterré. Une dame qui vient me faire la causette parle un peu de français et m'assure que c'est un tRRRRès gRRRRand homme !

C'est une variante du cône vu précédemment. Celui-ci pourrait être d'époque, années 1930 peut-être. C'est une alternative originale à l'oriel !

Arbatskaya (rue Arbat)

Je finis par gagner cette rue piétonne extrêmement fréquentée, et retrouve des touristes que je n'ai plus vus depuis longtemps.

Aucun doute, en Russie, on adore les statues dans l'espace public. Voici donc Pouchkine et son épouse, réputée ravissante, juste en face de leur demeure. Inutile de préciser qu'elle est fermée aujourd'hui !

Dommage, je l'aurais bien visitée ! Je reviendrai la visiter.

Bulat Okudjava était un poète un peu bohème, proche d'un autre contestataire, Vissotsky, le grand amour de Marina Vlady. Ce dernier est extrêmement vénéré ici ! Mais Okudjava semble également connu ; une jeune fille récite à quelques mètres de la statue, les larmes aux yeux, ce que je présume être un de ses poèmes.

Surprise ! Décidément je trouve partout dans le monde des annexes de la fameuse maison new-yorkaise de Madison Square !

Eglise de la Transfiguration de Jésus sur les sables

Encore un nom à coucher dehors… Une église du XVIIIe siècle, avec une série de bulbes et un clocher pyramidal qu'on nomme un chatior.

L'intérieur est splendide : fresques d'excellente qualité, iconostase dorée sans excès qui contient de bien belles icônes.

Smolenskaya et Novy Arbat

Après ces petites rues bien agréables, je me heurte au contraste du gigantisme soviétique, avec des avenues immenses et un fameux gratte-ciel : le ministère des Affaires Etrangères.

Une arche rescapée...

Eglise de Saint Nicolas sur les bâtons de bois

Décidément, les noms des églises me laissent pantois. J'avais décidé que la précédente serait ma dernière de la journée mais, apercevant les bulbes dorés, je n'ai pu résister.

Je tombe mal, c'est l'heure de la messe. Des chanteurs aux voix impressionnantes charment mes oreilles. En fait, le service se tient très en avant de la grande iconostase, donc je peux arriver à la photographier de profil sans déranger personne.

La petite est très rutilante. Ce saint en pagne, est-ce Saint Jean Baptiste ?

Voilà donc la grande. L'encadrement n'est pas très sobre, en tout cas.

Je me dépêche franchement à présent. Je ne tiens pas à arriver en retard à ma représentation !

Quelques photos hâtives sur le chemin…

Un chef d'œuvre, dans le genre. Malgré le répertoire imposé, l'artiste s'est débrouillé pour mêler un peu de personnalité avec ces couleurs très limitées et ces lignes brisées.

L'opération qui suit, c'est opéra à l'Académie Gnessin.Ce soir, Nozze di Figaro, ou plutôt, Svadba Figaro !

Un des chanteurs m'a appris l'incendie dramatique de Notre-Dame de Paris. Je suis sous le choc.
Je reviens en coupant vers Tverskoy ; soudain je n'en reviens pas ! Je suis entouré de chevaux !