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mardi 19 avril 2022

New York : Au MoMA (4)


Suite de ma visite au MoMA, avec l'art naïf, quelques aspects des Etats-Unis et le Bauhaus. 

Peinture naïve

Morris Hirshfield, Inseparable Friends, 1941

Hirshfield se lança dans la peinture à la retraite, à l'âge de soixante-cinq ans, après une vie de couturier. Malgré la stylisation, les détails sont méticuleusement représentés.

Morris Hirshfield, Tiger, 1940

Un drôle d'animal que n'aurait pas renié le Douanier Rousseau.

André Beauchant, Le Bateau de Cléopâtre, 1939

Il faut venir à l'étranger pour découvrir des peintres français inconnus ! Chez nous, la peinture naïve est souvent considérée avec une certaine condescendance.


John Kane, Autoportrait, 1929

L'autoportrait ne triche pas sur l'âge (il avait soixante-neuf ans à ce moment-là) mais s'orne d'une flatteuse variante d'auréole.


Horace Pippin, Abraham Lincoln, the Great Emancipator, pardons the Sentry, 1942

En pleine guerre, Pippin rappelle un épisode d'un autre conflit, faisant partie de l'histoire nationale. Lincoln pardonne une sentinelle, condamnée pour s'être endormie pendant son service.

Curieux tableau avec un très fort constraste.


Joseph Pickett, Manchester Valley, c. 1914


Séraphine Louis, L'Arbre du Paradis, c. 1928

La domestique Séraphine Louis peignit cet arbre composé de motifs décoratifs, où la composition prime sur la vision de l'espace. Un travail qui s'inscrit bien dans une perspective du XXe siècle, mais son travail fut longtemps méconnu. Un film réussi a salué sa mémoire, il y a quelques années, mais elle continue à être bien rarement exposée.

Aspects des USA

Edward Hopper, Gas, 1940

Un homme s'affaire dans une station service au milieu de nulle part. On retrouve ce goût pour les scènes désolées et ce travail sur la lumière qu'affectionne Hopper.


Margaret Bourke-White, At the Time of the Louisville Flood, 1937

Souvent l'art vient de la rencontre entre deux idées. Extraordinaire photo ! Elle aurait bien pu figurer dans la rétrospective de l'Albertina.


Lisette Model, Windows Reflections, 1940

La photographe autrichienne exerça une grande influence sur la photographie américaine, incitant ses collègues à sortir dans la rue.


Charles Sheeler, Bucks County Barn, 1932

Peinture proprette qui glorifie la ferme de campagne.


Philip Elliott, Sans titre, c. 1950


Andrew Wyeth, Christina's World, 1948

Wyeth peignit sa voisine, Anna Christina Olson, qui souffrait de dégénérescence musculaire, devant sa ferme dans le Maine.

Je trouve ce tableau assez extraordinaire. Il s'inscrit dans une longue tradition de paysage avec personnage, mais le choix de le placer de dos, dans une position inusitée, modifie déjà la donne. Quand on connaît la situation de ce personnage et qu'on lit le titre, l'interprétation de la scène change radicalement.

Bauhaus

Oskar Schlemmer, Escalier Bauhaus, 1932

Walter Gropius fonda à Weimar le Bauhaus, une "réunion entre l'industrie et les arts". Le mouvement se déplaça ensuite à Dessau puis à Berlin. Dans cette école, on étudiait forme, espace, couleur, et on suivait des cours pratiques d'arts appliqués comme la ferronnerie. Le but était toujours une recherche de simplicité.

D'une certaine mesure, le Bauhaus est à l'origine du design du XXe siècle, et on en ressent toujours l'influence. Nos cuisines aménagées en sont les héritières directes ! C'est qu'il s'agissait de produire pour le plus grand nombre et non pour l'élite. Le concept IKEA en découle également.

Les Nazis firent fermer le Bauhaus en 1933, et ses têtes pensantes s'enfuirent rapidement. Plusieurs trouvèrent refuge aux Etats-Unis où ils diffusèrent leurs idées.

Marcel Breuer, Fauteuil et table roulante, 1928

L'un et l'autre sont devenus des classiques.


Laszlo Moholy-Nagy, EM 1, 2, 3, 1928

Laszlo Moholy-Nagy fit réaliser ces plaques émaillées par une manufacture de Weimar. Il proclamait la nécessité de produire l'art en série et rejetait l'idée de la pièce unique. Il se vantait d'avoir donné les instructions pour ces EM 1, 2,  uniquement par téléphone.

Marcel Breuer, Chaise longue, 1935-6

On voit combien les concepteurs des fauteuils IKEA se sont inspirés de Breuer !


Vasily Kandinsky, Pression douce, 1931

Kandinsky, qui avait déjà vécu en Allemagne et participé à la création du groupe Blaue Reiter (Le Cavalier bleu), revint en 1922 pour intégrer le Bauhaus, avec ses amis Klee et Albers. Il y resta jusqu'à la disparition de l'école, donnant des cours sur la couleur et la psychologie de la forme.

Il partit ensuite à Paris où il obtint la nationalité française (qu'il conserva jusqu'à sa mort, en 1944).


Ludwig Mies van der Rohe, Resor House, c. 1937

Ludwig Mies van der Rohe dirigea le Bauhaus durant ses trois dernières années, avant d'émigrer prestement aux Etats-Unis, à Chicago, où il prit la tête de l'Illinois Institute of Technology. C'est un des architectes les plus influents du XXe siècle. Il conçut de grands immeubles collectifs d'habitation, base de que nous appelons le HLM (souvent décrié mais encore une solution aux problèmes de logement) et surtout ses travaux sur l'acier et le verre créèrent le gratte-ciel moderne.


Ludwig Mies van der Rohe, Resor House, c. 1937

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