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lundi 18 avril 2022

New York : Au MoMA (3)

 

Après les premier et second volets, voici le troisième de ma visite au MoMA de New York. 

 Dans la collection Lillie P. Bliss

Lillie P. Bliss fut une collectionneuse avisée qui réunit un grand nombre de tableaux, parmi lesquels une fameuse série d'impressionnistes. Son don constitua la base du MoMA et reste une de ses parties les plus fameuses.

Pablo Picasso, Nature morte verte, 1914

Un peu chargée, une nature morte qui rend hommage aux "tables mises" des maîtres hollandais.

André Derain, L'Estaque, 1906

Ce village près de Marseille inspira les peintres au début du XXe siècle et vit les tout débuts du cubisme. Version fauvisme pour ce délicieux paysage de Derain.

Paul Gauguin, La Lune et la Terre, 1893

Cette toile est inspirée par un mythe polynésien où Hina, l'esprit de la Lune, implore Fatou, celui de la Terre, d'accorder aux humains la vie éternelle, ce que ce dernier refuse catégoriquement. Gauguin accentue les différences entre les deux personnages et profite pour peindre un superbe nu.

Vincent van Gogh, La Nuit étoilée, 1889

Un des tableaux stars (normal, pour des étoiles) du musée. Van Gogh peignit cette Nuit pendant son séjour à l'asile de Saint Paul de Mausole, près de Saint Rémy de Provence, où il passa douze mois.

Ce tableau nocturne fut cependant réalisé de jour, en plusieurs séances. 

Vincent van Gogh, La Nuit étoilée, 1889

Van Gogh confère à la nuit un langage émotionnel qui éloigne le tableau de la réalité et le rapproche du XXe siècle. Son succès attire toujours un gros rassemblement autour de lui.

Paul Cézanne, Nature morte aux pommes, 1895-8

Dans son atelier aixois, Cézanne arrangeait les mêmes accessoires qu'il agrémentait de fruits, avec une prédilection pour les pommes.Le joyeux désordre résulte en fait de savantes compositions.

L'ensemble est tout de même un manifeste de la peinture plus que du sujet, avec des zones volontairement inachevées et le coup de pinceau très apparent.

Paul Cézanne, Pins et rochers, c. 1898

On présume que ce beau paysage a été peint à Fontainebleau.

Paul Cézanne, Le Garçon à la veste rouge, c. 1888

Cézanne engageait rarement des modèles professionnels, préférant peindre son entourage. Il le fit pourtant avec ce tableau, embauchant un jeune Italien, Michelangelo di Rosa, qu'il portraitura à quatre reprises.

Monet, ancien propriétaire du tableau, le déclarait son œuvre favorite et assurait qu'il prouvait la supériorité de Cézanne. En outre, Modigliani conservait toujours sur lui une carte postale de ce même portrait.

Georges Pierre Seurat, Port-en-Bessin, l'entrée du port, 1888

Seurat, c'est mon pointilliste de prédilection. J'adore ces paysages d'une infinie douceur, ses nuances de bleu en particulier. J'ai un merveilleux souvenir d'une lointaine exposition au Grand Palais, occasion bénie de voir un grand nombre de ses toiles ; pratiquement tout Seurat est à l'étranger, hélas.

L'influence du progrès

Cette salle sombre rassemble photographies, peintures, dessins, et même objets publicitaires pour montrer l'influence du progrès technologique (la machine, la construction, l'électricité...) sur l'art.

Trois photos de ponts datant des années 1860. Les deux dernières sont d'Andrew Joseph Russell.

Emile Bernard, Le Pont de fer à Asnières, 1887

Giacomo Balla, Lampada - Studio di luce, 1910

Le peintre futuriste décompose la lumière comme il le fait avec le mouvement. Très beau tableau que la salle obscure met vraiment en valeur !

Edouard Vuillard, La Lampe verte, 1893

Travail de lumière dans la galerie d'intérieurs clos qu'apprécie le peintre.

Félix Valotton, trois gravures, 1897

Je vois moins leur pertinence dans cette salle mais c'est toujours un plaisir de voir ces xylographies caustiques de Vallotton. Les titres donnent toute la dimension : Le Grand Moyen, La Santé de l'autre, Le Mensonge.

Coles Phillips, lihographie, 1917

Economie d'énergie déjà : La lumière consomme du charbon. Economisez la lumière, vous économiserez du charbon.

Le choix du fond de l'image est tout à fait inattendu.

Charles Marville, Rue de Rivoli, c. 1870

Le Metropolitan Museum possède un large fonds de photographies de Marville et avait monté, il y a quelques années, une exposition sur ce formidable raconteur du Paris du XIXe siècle. 

C'est surprenant de constater combien le lieu a, à la fois, peu changé (arcades, luminaire) et s'est énormément transformé. Le sol était un peu négligé, mais vide !

Constantin Brancusi

Constantin Brancusi, Mlle Pogany / Colonne sans fin / Petit oiseau

J'évoquais récemment dans mes articles sur Modigliani ce fantastique sculpteur d'origine roumain, qui révolutionna la forme et exerça une influence capitale sur la sculpture du XXe siècle. Son sens de l'épure, le fini des surfaces sont admirables. Mais ce qui m'impressionne le plus chez lui, c'est la capacité à extraire du sujet l'essence même, comme un concentré hyper-réduit.

Constantin Brancusi, Mlle Pogany, 1913

Constantin Brancusi, Le Poisson / Le Coq

Le poisson n'est plus qu'un silhouette ; le coq a gardé une ligne et un symbole de crête !

Constantin Brancusi, Socrate / Oiseau dans l'espace / Maiastra

Constantin Brancusi, Socrate / Maiastra / Oiseau dans l'espace

Giorgio de Chirico

Giorgio de Chirico, La Sérénité du Savant, 1914

De Chirico faisait preuve d'un modernisme plus mesuré que ses camarades de l'école de Paris et affirmait ses connaissances de l'art ancien dans sa peinture ; les tableaux de la Renaissance et la sculpture antique y tiennent une place importante, et leur juxtaposition génère un mystère surréaliste.

Le travail sur le support est ici stupéfiant ! La forme trapézoïdale n'est pas un effet photographique de votre serviteur. 

Giorgio de Chirico, Le Chant de l'Amour, 1914

Giorgio de Chirico, Le Voyage anxieux, 1913

Giorgio de Chirico, Grand intérieur métaphysique, 1917

 De Chirico revisite la représentation de l'atelier, devenue un classique au XIXe siècle.

 

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