Cette riche église du Trastevere contient nombre de richesses et un vrai trésor, une des plus expressives sculptures du Bernin.
San Francesco a Ripa, Saint François près de la rive (du Tibre) fut reconstruite au XVIIe siècle à la place d'une ancienne église où le saint s'était rendu en personne. Ce fut la première église franciscaine de Rome.
Sa façade assez plate n'est réellement pas le meilleur de son architecture. Elle me fait penser à un soufflé qui aurait retombé.
Elle abriterait des reliques du saint, mais je ne les ai jamais vues.
La nef est plutôt sobre, ce qui convient assez bien à un saint célèbre pour son dénuement.
Ce n'est qu'en s'avançant qu'on découvre la coupole stuquée.
Domenico Guidi, Monument du Cardinal Michelangelo Ricci |
Fra' Angelo da Pietrafitta, Crucifix |
Le crucifix en bois polychrome fait ressortir la coulée sanguinolente. Un travail assez rare au XVIIe siècle.
Cette fois c'est Saint François qui soutient le Christ sur la Croix.
Domenico Muratori, Scènes de la vie de San Giovanni da Calpestrano |
La vie de San Giovanni da Calpestrano, franciscain très actif en Europe de l'Est, est racontée par Domenico Muratori, un peintre du XVIIIe siècle.
Stefano Legnani, La Sainte Famille |
Dans la chapelle de Saint Joseph, voici une Sainte Famille au complet. Œuvre d'un certain Stefano Legnani, que je ne pense pas avoir déjà repéré. Sous l'autel repose Sainte Leontia martyre.
Giuseppe Chiari, Les Saints Pierre d'Alcantara et Paschal Baylon |
La chapelle Rospigliosi-Pagliavicini montre cette fois les fastes baroques. Le retable, d'un certain Giuseppe Chiari, est dans le même goût. On y retrouve Saint Pascal (ou Paschal) Baylon, l'Espagnol déjà honoré à l'Aracoeli.
Les monuments funèbres à la famille emploient, assez curieusement, des médaillons. Ici Stefano et Lazzaro...
Et là Giovan Battista et Maria Camilla. On voit beaucoup de tombeaux dans les églises romaines, et ceux-ci ne sont pas les plus réussis selon moi.
Le maître-autel comprend, logiquement, une représentation de Saint François. Elle est attribuée à Diego de Careri et date du XVIe siècle.
La Bienheureuse Ludovica Albertoni du Bernin
Baciccia, La Vierge à l'Enfant et Sainte Anne Le Bernin, La Bienheureuse Ludovica Albertoni du Bernin |
La chapelle de la famille Paluzzi Albertoni a été aménagée spécialement pour recevoir un vrai chef-d’œuvre du Bernin. Tellement qu'on en oublie le bon retable de Baciccia au-dessus, La Vierge à l'Enfant et Sainte Anne !
Ce qui est remarquable ici, c'est la scénographie, calculée pour que la lumière naturelle joue le rôle d'un projecteur.
Le Bernin, La Bienheureuse Ludovica Albertoni |
La "Bienheureuse", membre de la famille donc, est allongée en plein tourment. Même le lit, en marbre coloré, semble tout agité.
Le Bernin, La Bienheureuse Ludovica Albertoni |
Le drapé extraordinaire (c'est vrai que le Bernin fait toujours des merveilles avec ses drapés, quel que soit le matériau de la structure), donne envie de le toucher. Mais c'est surtout un élément du drame, révélateur de l'agonie de Ludovica.
Le Bernin, La Bienheureuse Ludovica Albertoni |
Comme avec l'extase de Sainte Thérèse, la statue qui me semble la plus proche dans l’œuvre du Bernin, l'émotion intense s'exprime par les mains, qui semblent étreindre le torse pour soulager la douleur ; par le regard, éperdu de souffrance ; par la bouche entrouverte, qui exhale le dernier souffle. C'est une œuvre qui exprime avant tout l'abandon, la perte du contrôle de soi, l'émotion qui devient maîtresse du corps. Thématiques au centre même de l'expression baroque, dans un de ses points culminants.
Andrea Bolgi, Buste de Laura Frangipani |
Dans la chapelle Mattei, Laura Frangipani tourne son profil vers le retable.
Giuseppe Mallenghi, copie du Saint Michel de Guido Reni |
Un Saint Michel vient écraser vigoureusement un affreux au sol. Plus que jamais je me demande si Superman et les autres super-héros volants ne trouvent pas leur origine dans ce saint.
Il s'agit d'une copie, l'original est apparemment la version de Guido Reni exposée à l'église des Capucins, Santa Maria della Concezione.
Autrefois était exposé une Pietà d'Annibale Carracci, saisie par Napoléon, toujours au Louvre !
Sur l'autel, le retable de l'Annonciation, de Francesco Salviati, donne son nom à la chapelle.
Cette chapelle rappelle un peu celle couverte de fresques de San Gregorio al Celio, et il y a une raison ! C'est le même peintre, Giovanni Battista Ricci dit Ricci da Novara, qui est l'auteur des deux.
Le programme a d'ailleurs des éléments semblables, une foule d'anges dans la coupole, des Évangélistes avec leur symbole dans les pendentifs (les parties vaguement triangulaires des angles).
Les prophètes sont présents, avec à chaque fois des citations sur leur livre (qui évoque la représentation traditionnelle des Tables de la Loi) ; Salomon à gauche, en oriental enturbanné, Jérémie à droite, en robe corail.
Au centre des arcades, des scènes habituelles : un bain d'enfant, sans doute Jésus ; plusieurs de ces représentations furent cependant transformées en bain de Jean-Baptiste quand montrer le bain de Jésus devint interdit.
De l'autre côté, c'est visiblement la Visitation, où les deux futures mères se rencontrent.
A côté des Évangélistes, les Sibylles débordent un peu du cadre pour plus de réalisme. Les sibylles étaient des prophétesses païennes, mais comme celle de Cumes aurait prédit à l'empereur Auguste la venue du Christ (voir l'histoire de l'église de l'Aracoeli), elles ont droit à leur place dans ce programme.
Une surprise enfin : une Nativité de la Vierge de Simon Vouet, assez saisissante. Un clair-obscur bien travaillé, des postures toutes différentes, et un mouvement qui semble arrêté sur l'instant. La Sainte Anne ressemble peut-être à une matrone romaine, mais après tout, c'était peut-être là exactement son modèle.
Et puis, j'allais oublier, c'est également ici que repose le peintre Giorgio de Chirico.
L'église est assez proche de la plus fameuse Santa Maria del Trastevere et on peu facilement visiter les deux ; elle est ouverte de 7:30 à 13:00 et de 15:00 à 19:30. On y est très chaleureusement accueilli et je ne peux qu'en conseiller vivement la visite !
La Chapelle de l'Annonciation
Sur l'autel, le retable de l'Annonciation, de Francesco Salviati, donne son nom à la chapelle.
Cette chapelle rappelle un peu celle couverte de fresques de San Gregorio al Celio, et il y a une raison ! C'est le même peintre, Giovanni Battista Ricci dit Ricci da Novara, qui est l'auteur des deux.
Le programme a d'ailleurs des éléments semblables, une foule d'anges dans la coupole, des Évangélistes avec leur symbole dans les pendentifs (les parties vaguement triangulaires des angles).
Les prophètes sont présents, avec à chaque fois des citations sur leur livre (qui évoque la représentation traditionnelle des Tables de la Loi) ; Salomon à gauche, en oriental enturbanné, Jérémie à droite, en robe corail.
Au centre des arcades, des scènes habituelles : un bain d'enfant, sans doute Jésus ; plusieurs de ces représentations furent cependant transformées en bain de Jean-Baptiste quand montrer le bain de Jésus devint interdit.
De l'autre côté, c'est visiblement la Visitation, où les deux futures mères se rencontrent.
A côté des Évangélistes, les Sibylles débordent un peu du cadre pour plus de réalisme. Les sibylles étaient des prophétesses païennes, mais comme celle de Cumes aurait prédit à l'empereur Auguste la venue du Christ (voir l'histoire de l'église de l'Aracoeli), elles ont droit à leur place dans ce programme.
Simon Vouet, La Nativité de la Vierge |
Une surprise enfin : une Nativité de la Vierge de Simon Vouet, assez saisissante. Un clair-obscur bien travaillé, des postures toutes différentes, et un mouvement qui semble arrêté sur l'instant. La Sainte Anne ressemble peut-être à une matrone romaine, mais après tout, c'était peut-être là exactement son modèle.
Et puis, j'allais oublier, c'est également ici que repose le peintre Giorgio de Chirico.
L'église est assez proche de la plus fameuse Santa Maria del Trastevere et on peu facilement visiter les deux ; elle est ouverte de 7:30 à 13:00 et de 15:00 à 19:30. On y est très chaleureusement accueilli et je ne peux qu'en conseiller vivement la visite !
Le site d’implantation de cette église est particulièrement agréable. Sa façade, très équilibrée, rappelle celle des églises jésuites. L’intérieur est riche de peintures, de sculptures et de décorations réalisées par de grands artistes, tels Le Bernin, dont la statue de Ludovica est bien éclairée et met en valeur sa souffrance. Tout est somptueux. Dans cette église reposent de nombreuses familles, inhumées dans de riches salons où domine le marbre. Je profite de l’histoire, du savoir, des évolutions picturales et sculpturales pour n’admirer que des beautés. Fred, je reçois tout cela avec grand plaisir. Merci. Bisous. Mam
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ce riche commentaire ! L'église, trop méconnue, vaut effectivement vraiment la visite. La statue de Ludovica est de ces œuvres qu'on n’oublie pas !
SupprimerGros bisous.
Such a wonderful church. This Ludovica's statue shows grandeur and emotion. Unforgettable.
RépondreSupprimerThank you, I especially enjoyed this visit with my favourite specialist !
Annie
Thank you, dear Annie ! It'a pleasure to see you enjoyed it !
SupprimerSplendide église, passionnante visite ! Merci pour ce remarquable article.
RépondreSupprimerAntonin
Merci Antonin pour votre chaleureux commentaire !
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