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lundi 2 mars 2020

Une journée à Vladimir


Une passionnante journée de visite en train depuis Moscou dans une ancienne capitale de la Russie.



En train depuis Moscou



J'ai réservé sans difficulté mes billets depuis la France, les ai imprimés. Je suis également venu repérer la gare...

Bref, je suis prêt, mais un peu endormi. Je n'ai dormi que quatre heures pour pouvoir arriver à la gare en avance.


M'y voici donc. J'ai bien fait de prendre de la marge : mon train est indiqué sur le quai 1-11, alors que les autres sont référencés avec un seul numéro. Et de toute façon, je ne vois de panneau que pour les quais suivants.

Je pars me renseigner au bureau d'informations ; en fait, il me faut passer sur le côté pour atteindre ce quai.


Après vérification du passeport et passage des bagages aux rayons X, je gagne le quai.

Bizarre.

J'y suis tout seul.

Je repars aux nouvelles. En fait, le quai 11 est une partie du quai 1, mais complètement à l'opposé ! Et ce n'est pas à côté.


Je me dépêche vers ce fameux quai 11,où cette fois je ne suis pas seul.


Pour monter dans le train, il faut présenter une pièce d'identité au contrôleur qui, comme chez nous, scanne aussi le billet, et explique que les numéros des voitures (вагон, wagon donc) sont décalés par rapport à celui indiqué. Le 9 est en fait le 5 !

Je m'installe dans la voiture, toute propre, mais dotée de sièges moyennement confortables. Cela m'étonne pour un train longue distance, puisque celui-ci achève sa route à Nizhni-Novgorod.


J'attends que le train traverse la forêt et je m'endors paisiblement.


Le contrôleur vient me réveiller quelques minutes avant l'arrivée, ouf. Je descends dans la gare, très années 1960.

Vladimir et ses maisons en bois



J'ai bien regardé l'itinéraire, ai garni la carte Google Maps de petites étoiles pour ne pas avoir à chercher partout. La gare est très proche du centre historique, et d'ailleurs les fortifications se détachent nettement depuis la gare.

Je n'avais pas prévu que la gare se situait en contrebas ! Il ne me reste donc qu'à entamer ma grimpette.


J'ai le sentiment de me trouver au fin fond de la Russie, dans une derevnya (village de campagne) perdue.


La température est bien en-dessous de zéro et un vent glacial fait partie de la fête. Nous sommes en février tout de même, ce qui semblait moins évident à Moscou !





Sergiev Posad m'avait tout autant surpris. Je ne m'attendais pas à voir autant de maisons de bois au centre de la ville.


Cette fois, j'atteins mon but. J'arrive sur le plateau par l'arrière de la Cathédrale de la Dormition.


La vue n'est pas suffisamment dégagée, mais le panorama suffit à mon plaisir de l'instant.

Pourquoi venir à Vladimir ?


C'est simple, les raisons sont multiples. La ville est à moins de deux cents kilomètres de Moscou et accessible en train direct. Elle  offre beaucoup, avec deux cathédrales parmi les plus importantes de toute la Russie, la seule porte d'or encore en place. Elle acquit un pouvoir religieux considérable quand Youri Dolgorouki (futur fondateur de Moscou) abandonna Kiev pour  transférer le gouvernement. Pendant près de deux siècles, elle fut alors la capitale.



Le fils de Youri, Andrey Bogolyubsky, fit édifier une cathédrale qui devint le siège principal de l'église orthodoxe. Même si elle perdit ensuite cette primauté, elle garde de son puissant passé suffisamment de monuments historiques pour susciter l'intérêt. Elle figure d'ailleurs dans l'anneau d'or qui unit ces cités à la riche histoire (ayant fait partie de la Rus', l'ancienne Russie) autour de Moscou.


J'aime bien ces escapades, faciles à concevoir, et qui permettent d'élargir son horizon. Au Royaume-Uni, je me suis ainsi rendu à Oxford, puis Cambridge et Stratford-upon-Avon à partir de Londres ; à Philadelphie, Boston et Washington depuis New York et l'an dernier, c'est à Sergiev Posad que j'avais consacré une journée depuis Moscou.


J'arpente la Bolshaya Moskovskaya, la Grande Rue de Moscou, où les constructions basses me changent de la capitale.





La Porte d'Or



On trouvait autrefois trois Portes d'Or qui gardaient l'empire ; à Constantinople, à Kiev (peut-être La grande porte de Kiev, un des Tableaux d'une exposition de Moussorgsky) et donc celle-ci, la seule à subsister.


Elle fut érigée par le prince Andrey Bogolyubsky en 1164. Autrefois munie de deux vantaux couverts de plaques d'or, elle accueillait triomphalement la procession des princes dans la ville. Six autres portes perçaient les remparts (porte d'argent, de cuivre, etc...) et là encore, c'est la seule encore debout dans la ville.


Deux églises y sont aménagées, de petite taille, mais pas davantage que dans les autres églises-porches du même type, comme on peut en voir dans les monastères.



Evidemment, d'autres églises ont été érigées aux alentours.


Même le théâtre se dresse ici, dans un style bien soviétique. Je jette un œil à la saison ; beaucoup de pièces ne m'évoquent rien, sinon une adaptation de La Dame de Pique de Pouchkine (pas l'opéra de Tchaikovsky, d'ailleurs on n'en donne aucun ici).





Cette plus petite est catholique et non orthodoxe ; elle est offerte au culte polonais.


Je descends vers le Couvent Knianigin ; les couleurs transforment quelques gros bâtiments en palais.



Mais, alors que je m'approche du couvent, je retrouve les maisons de bois dans une partie qui me semble plus ancienne. Je reste cependant au cœur de la ville !


Et un petit parc a des allures de forêt...


L'église Nikitskaya


L'église Nikitskaya aurait besoin d'un peu de restauration mais elle garde fière allure. Elle fut construite vers 1765, et c'est évidemment le style baroque, encore très actif à cette époque, qui fut retenu.


Malgré une structure un peu déroutante, elle est plutôt bien unifiée par les couleurs et les lignes formées par les fenêtres.


Je m'attendais à mieux concernant l'intérieur ; l'iconostase moderne présente de vilaines reproductions aux couleurs criardes. Peut-être les fonds ne sont pas ici très abondants...


En revanche, ma visite du Couvent Knianigin m'enchante ! C'est une splendeur.


Je reprends ma promenade dans ces rues pittoresques, direction la Cathédrale Saint Dimitri. Je me crois arrivé en Russie profonde.





Au passage, je marque un arrêt devant une église toute mignonne, de taille modeste mais tout à fait charmante avec ses petites touches azurées.



Sur Sobornaya Ploschad, la place des églises,  s'élève un curieux obélisque.


Divisé en trois parties, il présente un guerrier, un architecte et un ouvrier, résumant ainsi l'histoire de Vladimir. Il paraît qu'à cause de sa division tripartite, c'était l'endroit favori pour faire un "à trois" ; trois personnes achetaient ensemble une bouteille de vodka à trois roubles, la partageaient en trois verres qu'ils buvaient de concert.


Le froid saisissant, que le vent renforce, ne réussit pas à gâcher ma visite de la Cathédrale Saint Dimitri, exceptionnelle construction médiévale présentant plus de mille sculptures sur ses façades.


De la terrasse, j'apprécie la vue sur la Cathédrale de la Dormition, précédée du musée d'architecture (que je n'aurai pas le temps de visiter).


Nouvel aperçu de la plaine depuis les hauteurs.

Déjeuner dans une stolovaya

On m'avait recommandé un restaurant, Pelmen, que je ne suis pas parvenu à retrouver, et qui m'aurait garanti de bons ravioli.


Heureusement, une stolovaya au surprenant décor se présente par magie ; soupe de légumes bien chaude, que j'avale avec reconnaissance, une kotlet avec purée, un gâteau au fromage et cerises un peu cartonneux. Je prends une boisson chaude pour accompagner tout cela, un latte très populaire actuellement.




Une large fortification entoure un ensemble, que j'associe à un monastère.





Le motif du crénelage est très particulier, comme un rappel des kokochniki.


En fait, il s'agit de l'ancien kremlin de Vladimir. On connaît surtout le Kremlin de Moscou mais les villes importantes de la Rus', l'ancienne Russie, en étaient également dotées. Cela centralisait pouvoir religieux, politique, tout en garantissant un rôle défensif.


Pendant la période soviétique, c'est là que s'était installé le KGB.


C'est aujourd'hui un ensemble charmant avec un petit parc intérieur.



Deux églises se détachent du groupe édifié, toutes blanches. La première s'avance avec un clocher-porche imposant.


La second est structurée d'harmonieux arcs successifs.




Alexandre Nevsky, le héros national qui repoussa les invasions suédoises, a droit à sa statue.


Il s'agit aujourd'hui du planétarium, mais apparemment c'est une église reconvertie.


Dans le parc, quelques reproductions de photos anciennes présentent Vladimir à la fin du XIXe siècle. Sans surprise, ce sont des constructions en bois qui y apparaissent.


Il est temps de visiter la Cathédrale de la Dormition, formidable église décorée de fresques prestigieuse, une des plus importantes de toute la Russie.

Dernière promenade



Il me reste encore un peu de temps avant le départ de mon train, j'en profite pour repartir vers la Porte d'Or. Quelques sites historiques sont signalés sur la partie sud, à l'extrémité du plateau.


Au bout du parc, on a statufié les grands personnages de Vladimir, les princes Vladimir et Fyodor.


Je fais bien, car le quartier est tout à fait charmant et mériterait sans doute une visite plus détaillée. Au bout, on distingue le clocher de l'église Georgy Pobledonost. Qui est-ce ? 


Ici, la toiture affecte une forme inconnue ; sans le bulbe doré, je penserais à une église de Nouvelle-Angleterre.


L'ancien château d'eau a également une allure originale ; il a été transformé en musée historique. J'en compte toute une série à Vladimir, qui offre sans doute de quoi remplir plusieurs jours de visites. On m'avait également recommandé une ancienne pharmacie dans le quartier, que je n'ai pas davantage le temps de voir en détail.


Il est temps de rebrousser chemin !


Dernier coup d'oeil vers la Porte d'Or.


Dernier passage devant la Cathédrale de la Dormition...



Je redescends vers la gare, toujours surpris par ces nombreuses maisons de bois.




Retour à Moscou



On est bien en Russie, pays où les fleuristes doivent satisfaire une clientèle nombreuse. Je n'en connais pas d'autre où on voit autant d'hommes avec des bouquets à la main.

Si on n'a pas eu le temps d'acheter son bouquetde fleurs avant de prendre son train, pas de souci ; on peut en acheter un au distributeur automatique.


C'est l'heure de mon train !


Je garde les yeux ouverts, cette fois ; le paysage m'offre la forêt, souvent dense, mais peuplée de petits villages. Peut-être des datchas...



Je ne perds pas de temps une fois à Moscou ; je pénètre dans l'impressionnante station de métro Kurskaya, juste à côté de la gare.



Je change à Ploschad Revolutsyi, une des célèbres stations de Moscou, avec ses arcades où veillent des personnages de bronze.



C'est que ce soir, j'assiste au concert dans la salle Tchaïkovski !


Et je ne serai pas déçu. Lars Vogt dans le quatrième de Beethoven, Valentin Uryupin délivrant une magistrale version de la Pathétique de Tchaikovsky avec un somptueux orchestre.

2 commentaires:

  1. Such a great discovery! Your pictures are wonderful. Russia is so beautiful in winter. But we have really more, more snow!
    Annie

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    Réponses
    1. I can imagine a huge snow in Northern U.S. ! Yes, it was a great discovery for me too!
      Thanks Annie.

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