J'ai papoté longtemps avec les chanteurs de Rodelinda, hier soir, et j'avais encore mon bagage à boucler. Je me suis mis au lit à presque 2:00.Et ce matin, mon réveil sonne à 6:00.
Donc, dans le bus National Express qui me conduit à Stratford-upon-Avon, je dors tout le long du trajet et n'ouvre l’œil qu'en entendant le chauffeur annoncer l'arrêt à Coventry.
Arrivée à Stratford-upon-Avon
Quand je quitte le bus, je constate immédiatement deux choses : il ne s'arrête pas du tout là où j'avais prévu, et il n'y a pas de casier pour déposer mon sac. Pas non plus de transport en commun dans les environs. Ce n'est pas Londres où les taxis sillonnent inlassablement la ville jour et nuit.
Je n'ai plus qu'à rejoindre mon logement à pied, du côté opposé de la ville. Je marche pendant trois quarts d'heure en tirant mon sac, pour traverser Stratford. Soit mille fois béni l'inventeur du sac à roulettes !
Je fais quand même quelques photos au passage. Cloudy weather, comme l'affirmait la météo, et toujours pas de pluie. Tant mieux pour moi !
Le centre me plaît beaucoup. Beaucoup de brique colorée, de chouettes demeures à colombages. On sent la petite ville ancienne, bien entretenue.
Finalement j'atteins le Hunter's Moon Lodge, petite maison d'hôtes assez excentrée (pas très éloignée de la gare, d'où mon erreur). Le sympathique propriétaire, Gary, ne m'attendait pas si tôt mais accepte volontiers de garder mon bagage.
Enfin allégé, je peux reprendre mon itinéraire. Je pars pour le village de Shottery, où se trouve le Cottage d'Anne Hathaway.
La route s'avère fort agréable, en dépit du ciel couvert. Vieilles fermes bordées de prés, cottages aux toits de chaume, petits jardins : c'est le charme des Costwolds, cette région champêtre.
Anne Hathaway's Cottage
William Shakespeare épousa précipitamment, à l'âge de dix-huit ans, cette jeune femme qui en avait vingt-six. Leur fille Susanna, née seulement six mois après le mariage, fut sans doute la cause de cette urgence.
Les parents étaient tous deux conseillers municipaux et amis. C'est dans cette ferme, tout de même éloignée de la ville, qu'Anne fut élevée. A l'époque, c'était une propriété prospère. De l'exploitation agricole ne demeure guère que ce verger, où des pommiers livrent encore une abondante production.
La chaumière était de belle taille pour l'époque, et comprenait plusieurs chambres, un évident signe extérieur de richesse.
La cuisine comportait l'indispensable four à pain qui permettait de fabriquer à la maison cette base de l'alimentation.
Les lits étaient des meubles coûteux et donc rares. J'apprécie ce talent de mise en scène, souvent à l'œuvre dans les demeures britanniques, qui donne l'impression de lieux habités.
Chaise originale, qui tenait peu de place. Les chambres étaient tout de même assez exiguës !
Le conduit de cheminée avait une sortie directe sur cette pièce : fumoir domestique pour jambons et pommes.
A cette époque si odorante, de semblables sacs remplis de produits odorants permettaient d'affronter la puanteur de la ville.
Ce fauteuil fut offert par Shakespeare à sa petite-fille, et porte ses armes (l'écusson, pas le fusil) sur le dossier.
On redescend ensuite, direction la buanderie.
Dans la pièce contiguë, deux restauratrices nettoient une auge.
C'est dans cette salle que Mary Baker recevait les touristes. La célébrité de Shakespeare créa rapidement un tourisme littéraire, dès le XVIIIe siècle (un peu avant le "Grand Tour" en Italie, dirait-on) .
Mary Baker faisait payer six pence pour avoir le droit de s'asseoir sur ce banc où Ann et William se seraient conté fleurette. Les historiens ont rétabli que ce dernier datait du XVIIIe siècle.
Le jardin est planté avec des végétaux connus à l'époque.
Je ne suis pas dépaysé : comme en Provence, la lavande des Costwolds reste une célébrité.
Je profite du Café du jardin pour me restaurer : saucisses aux poireaux, purée maison, sauce aux échalotes et au cidre (délicieux plat, mais ma photo a disparu) et un scone dont je dois attendre la fin de la cuisson. Avec un verre de cidre, 15 £ et quelques.
Promenade
Je reprends la route, pour me diriger cette fois vers le centre de Stratford.
Je pénètre dans le cimetière, protégé par une vénérable maison de gardien.
Quelques croix celtiques que j'ai vraiment cherchées.
Minuscule chapelle qui semble avoir vécu bien des vicissitudes.
Serait-ce un prunellier ?
Il y a de quoi accueillir le visiteur ! Les guesthouses se pressent les unes contre les autres. Les titres des pièces assurent la base de l'inspiration.
Hall's Croft
La fille de Shakespeare, Susanna, se maria avec John Hall, un médecin assez aisé pour se faire construire cette vaste bâtisse. Mais aussi il s'avéra un gendre attentionné et présent dans les derniers jours de William.
Le contraste est net, par rapport à ma précédente visite. Maison de ville contre ferme à la campagne, pièces plus spacieuses et plafonds plus élevés. Davantage de meubles aussi.
Modèle de chaise haute pour bébé. Les matériaux ont évolué mais le principe demeure identique.
Le torchis, non content d'apporter une isolation efficace, était aussi un bon recyclage : pour sa réalisation, on mélangeait à la paille et à l'argile des excréments d'animaux. La bonne proportion, qui assurait solidité et protection contre le froid, était un secret bien gardé.
Hall se démarquait de ses collègues en utilisant davantage la pharmacopée que la saignée. Il basait néanmoins ses examens sur l'habituelle étude des humeurs (la bile, l'atrabile, le sang et le phlegme), ce qu'on retrouve dans les pièces de Molière. Chez Shakespeare également la maladie (ainsi que la mort !) apparaît à plusieurs reprises.
La vaste cuisine expose un tournebroche à chaîne, comme il en existe encore quelques exemplaires en France.
Vitrail de la Nativité, avec des animaux extatiques devant Baby Jesus.
La chambre de Susanna (le couple faisait-il chambre séparée ?) surprend par sa taille.
La chaise percée évitait de sortir pour les besoins nocturnes.
Tout le nécessaire pour les préparations pharmaceutiques.
Ouvrage sur les propriétés des plantes. La phytothérapie fut la base de notre pharmacie moderne.
Fameux vase à urine, qui permettait d'inspecter sa couleur. Autre ustensile qui apparaît chez Molière, dans le Médecin Volant notamment.
Ces outils de chirurgien font froid dans le dos. Quand on pense que l'anesthésie n'apparut que deux siècles plus tard !
La chambre des filles. Je suis étonné de ne voir aucune pièce pour le personnel. Peut-être dormait-il à la cuisine.
Holy Trinity
Comme beaucoup au Royaume-Uni, cette église de la Sainte Trinité se dresse à la place d'un ancien monastère saxon. La construction commença au XIe siècle et fut achevée deux cents ans après. On se retrouve donc en pleine explosion du gothique anglais, ce qu'on vérifiera avec les fenêtres ajourées de la nef et les voussures à la croisée du transept.
La chapelle Colton remplace l'ancienne "Lady Chapel" et contient les tombeaux de la famille.
Le monument funéraire s'orne d'une devise en français. N'est-ce pas aussi la langue de la devise de la couronne britannique ?
Je règle les trois livres pour m'avancer vers le chœur, et passe donc sous cette voûte assez aplatie, de la croisée. C'est la partie la plus ancienne de l'église.
Spécialité bien anglaise, les coussins brodés au petit point par les fidèles paroissiennes.
Comme l'indique l'inscription en bas, le "vitrail américain" fut offert au XIXe siècle par des admirateurs d'Outre-Atlantique.
Plafond en bois pour cette partie médiévale.
Celle de William reste la plus simple, la moins ornée.
Malgré sa vie voyageuse et ses nombreux séjours à Londres, Shakespeare fut enterré dans l'église où il avait été baptisé, précisément dans ces fonts baptismaux.
Si le registre de baptême nécessite de bonnes compétences en épigraphie, celui de décès me paraît bien lisible.
La chapelle de Thomas Beckett est dédiée à cette grands figure religieuse nationale, assassinée dans la cathédrale de Canterbury.
Je pérégrine sur les bords de l'Avon, que je trouve bien sauvage, avant de traverser un quartier de mews rénovées, bien proprettes.
Vendu! Demeure d'époque en plein cœur de la ville. Pas très droite cependant, et sans doute un gouffre financier annoncé.
C'est dans cet hôtel de ville que siégeaient les deux conseillers municipaux, père et beau-père de Shakespeare.
La chapelle de la Guilde, logiquement proche de l'hôtel de ville (c'était également le cas à Londres).
C'est le père de William qui autorisa la dégradation de ses peintures.
La nuit tombe sérieusement ; je fais un tour dans les rues du centre, cherchant un café pour ma pause vespérale.
Eh bien voilà ! Excellent cake à l'orange et aux cranberries et bol de mocha (un délectable mélange de chocolat et de café).
Mes forces recouvrées, je reprends la route vers la Lune du Chasseur.
Le propriétaire très prévenant m'explique le fonctionnement de tous les éléments de ma confortable chambre, remplie il est vrai de nombreux petits détails. Il se montre extrêmement soucieux de mon bien-être et la chaleur de son accueil me donne l'impression d'être un ami plus qu'un client.
Au boulot, j'ai deux articles à pondre !
grand mreci pour cette belle promenade dans cette ville mythique charmante. Nous sommes gatés.
RépondreSupprimerBisous Mam.
Merci beaucoup ! Bisous.
SupprimerThanks very much for this walk in a such picturesque old city! It is a privilege to see all these shakesperian places!
RépondreSupprimerAmazing post.
Best,
Annie
Thank you very much for your nice message !
SupprimerMarvelous! Wonderful! This a great post, with great pics! Congrats!
RépondreSupprimerAnnie
Thanks very much for this kind review!
SupprimerTrès bel article. On a l'impression de visiter la ville avec toi.
RépondreSupprimerFélicitations !
Françoise
Merci beaucoup pour ce chaleureux commentaire !
SupprimerBisous.
The best post about Stratford-upon-Avon EVER!
RépondreSupprimerThomas
Thank you, this is a very nice review. Very kind from you!
SupprimerJust great. Many details, many pics, a lot to learn.
RépondreSupprimerThanks.
Justin
Thanks Justin, this is very helpful to read such enthusiastic reviews!
SupprimerJust a perfect post.
RépondreSupprimerHanna
Thanks Hanna for this perfect review!
SupprimerJe suis allée à Stratford il y a plus de 16 ans avec mes élèves! J'espère qu'ils en gardent un aussi bon souvenir que moi. J'avais beaucoup aimé, surtout la maison de John Hall. Merci pour la visite! Bises Agnès
RépondreSupprimerMerci beaucoup Agnès !
SupprimerJ'aimerais utiliser votre article en classe avec mes élèves, m'y autorisee-vous ?
RépondreSupprimerCathy
Mais avec grand plaisir, chère collègue !
SupprimerMerci pour ce bel article avec des photos qu'on ne voit nulle part.
RépondreSupprimerJe prépare un voyage à Stratford au printemps. Est-ce que vous avez réservé les entrées de sites à l'avance ? Est-ce qu'on trouve facilement à se loger ?
Damis
Merci pour vos compliments, Damis. Comme l'indique la date de cet article, j'ai voyagé à Toussaint et ce n'était franchement pas bondé à ce moment-là. Ce n'est peut-être pas le cas au printemps, je ne peux rien vous garantir.
SupprimerL'offre de logement est large à Stratford mais, comme partout, la réservation préalable me semble prudente.
N'hésitez pas à me demander d'autres informations si nécessaire. Je vous souhaite un excellent voyage !
Awesome post. Lovely pics, great texts.
RépondreSupprimerLena
I really appreciate your nice comment, thanks Lena!
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