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mercredi 1 novembre 2017

Londres : Docklands, Les Vêpres Siciliennes (ROH, Covent Garden)



J'ai décidé de revenir à pied, mais, ce matin, j'opte pour la solution du fainéant et pars en métro pour Canary Wharf.




Ce quai des Canaries a bien changé depuis la glorieuse époque des docks. C'est maintenant un important centre financier qui concurrence la City. Hauts buildings vitrés qui évoquent ces métropoles mondiales de l'argent.



Je retrouve sans trop de mal mon itinéraire, qui me conduit à l'extrémité gauche des anciens entrepôts.

Museum of Docklands 


J'ai visité ce musée (gratuit, encore un !) il y a quelques années et je l'avais trouvé passionnant. J'avais lu qu'il avait été repensé et une nouvelle visite s'imposait.


En fait,  une large partie a disparu ; tout l'historique des activités portuaires et des ponts, qui remontait à l'époque romaine, s'est évaporé, de même que la partie concernant les aménagements techniques (traitement des eaux, assagissement des eaux, etc) . On commence directement avec la fin du XVIIIe siècle. Je regrette un peu cette suppression, signe sans doute d'un intérêt du public actuel moindre pour l'histoire.

Mais cela demeure un musée instructif, varié et évidemment encore plus accessible.


On commence donc avec un plan de l'époque, puisque le Musée est sis dans un ancien entrepôt du port.


Les instruments de pesée étaient essentiels pour calculer les droits de douane.


On a retrouvé un rat et un chats momifiés !


Avant les caristes, tout le déchargement était évidemment manuel.


Gravure française révélant l'activité du port au XVIIIe siècle.


Maquette d'un quai à la même époque.


Voilà donc comment les marchandises étaient rangées.


Ces reconstitutions de rues, de maisons, de quartiers, si rares en France, rendent vivants les musées britanniques (et japonais d'ailleurs).




Quelle mort affreuse ! Pas mieux que la planche du capitaine Crochet.

J'aborde la partie sur l'esclavage, qui m'avait fortement marqué lors de ma première visite.



Liste des bateaux négriers ayant accosté dans le port.


Le musée montre justement que la notion d'esclavage repose sur la considération de races inférieures. Leur art était méprisé, jugé inexistant, ce que démentent ces belles têtes (yoruba je crois).


Scène de capture.


Gravure illustrant le cheminement du sucre.


Bracelets et perles (les fameuses verroteries), la monnaie d'achat.




Collier d'esclave.



Au XXe siècle, on représente encore en suivant une idéologie colonialiste.


Image raciste montrant des Noirs incapables de se tenir en société.


Vaisselle avec des slogans anti-esclavagistes.

La partie suivante expose le développement des  quais et des activités liées à la Tamise.




La Frost Fair qui se tenait sur la Tamise gelée rencontrait un vif succès, jusqu'à ce que la glace cédât et précipitât tout ce beau monde dans les eaux glaciales.



La construction du London Bridge fut un événement aussi considérable que le percement du tunnel.


Diorama souvenir en papier et billet d'accès.




Les baleiniers revenaient aussi ici pour livrer leur cargaison.




La police fluviale de la Tamise est la plus ancienne du monde toujours en activité. Ces matraques sont peut-être les plus vieilles que j'aie vues.


Un quartier entier est reconstitué.



Déjeuner au Rum and Sugar



J'avais gardé un excellent souvenir de ce restaurant de musée, et il demeure très recommandable. Une bonne adresse pour les amateurs de rhum, avec sa carte de plusieurs centaines de références.



Je choisis dans le menu du jour, accompagné de délicieux pain maison, le scottish bonnet aux crevettes (première fois que je mange un bonnet, mais c'est une variété de piment !), la galette aux patates douces avec épinards et œuf poché, et le gâteau aux fruits secs et au rhum. Avec du cidre à la pression et un café (très très bon), j'en ai pour 16 £. INCROYABLE !




Museum of Docklands, la suite 



Je remonte poursuivre ma visite.


Tout le matériel du petit charpentier naval.



Une forge, lieu indispensable dans un chantier naval.




Ancien menu à bord.


La charrette des pompiers. Depuis le grand incendie de 1666, qui détruisit la moitié de la ville, on prenait ses précautions. Deux incendies majeurs firent voler en cendres les entrepôts.


Première grève massive dénonçant les conditions de travail.




Les conditions de vie étaient effectivement misérables. C'est Oliver Twist, version portuaire.



Les affichettes actuelles, qui recommandent un million de précautions "pour votre sécurité" ont des ancêtres.


Bureau des douanes.


Le thé était fortement taxé. N'oublions pas que l'indépendance américaine est née du refus des taxes sur le thé. C'est l'histoire du Tea Party de Boston.




Petite industrie d'embouteillage.



Site de réception du tabac, qui arrivait en feuilles. Les Tobacco Docks fournissaient toute la Grande-Bretagne.



La riche partie suivante évoque largement la seconde guerre mondiale.


Abri pour se protéger des attaques aériennes.


Un abri en acier, facile à déplacer.








La cuisine mobile, ancêtre des food trucks.


Enfin la dernière partie traite de la période la plus récente et du réaménagement du quartier.



Les grèves des dockers faisaient les gros titres.




Monopoly "social" de ce quartier métissé depuis plus d'un siècle. On peut ainsi tirer la carte "don à la mosquée".


Promenade dans les Docklands


Je vais profiter de ma venue dans cette zone excentrée pour découvrir des quartiers où je n'ai jamais mis le pied. En tout huit kilomètres en zigzaguant un peu. Beaucoup d'entrepôts transformés m'attendent, cette partie si populaire s'est comme partout embourgeoisée.


Un prix de floraison  ?




Le bâtiment de l'Orient Star, une célébrité de Limehouse, a survécu. Le quartier était le principal Chinatown de Londres, bien plus important que les quelques rues folkloriques proches de Piccadilly.


La taille de l'église, début XIXe, révèle l'importance de la population.



Un bien inattendu monument dans le cimetière. Un lointain souvenir de la pyramide de Cestius de Rome ?







Les anciens canaux, comme ce Regent Canal, ont été reconvertis en ports de plaisance.








Dans un petit jardin public, un rosier presque sauvage s'est mis en tête de fleurir dans le palmier !


C'est dans cette église que fut baptisée la mère de Thomas Jefferson.



Preuve d'un quartier toujours multi-kulti, comme on dit à Berlin, le panonceau de la piscine en plusieurs langues.


Le légendaire Tobacco Dock, une énorme forteresse. En pleine reconversion, mais désert aujourd'hui.





Le quartier de Saint Katherine's Docks, tout proche de la Tour de Londres, s'est mué en ensemble immobilier huppé.







Tower Bridge et Tower of London



Me rapprochant de ces lieux iconiques, je retrouve tout à coup la foule des touristes !









All Hallows by the Tower



J'ai encore un tout petit peu de temps. J'ai toujours voulu visiter cette église délaissée par les hordes qui ne viennent ici que pour les bijoux de la Couronne. Elle se targue pourtant d'être la plus ancienne de la City.





Ca vaut le coup. Nef harmonieuse, statues médiévales, le fameux Rétable Tate. Je ne descends pas dans la crypte, j'ai encore du chemin jusqu'à Covent Garden.


Je file tout droit (façon de parler, ça tourne pas mal dans le quartier) , par Saint Paul et Old Bailey.


Les Vêpres Siciliennes au Royal Opera House, Covent Garden





Me voici donc de retour au Royal Opera House, plus connu chez nous sous le nom de Covent Garden.

Une année chanceuse : deux Vêpres Siciliennes en quelques mois, c'est plutôt rare.

Et encore plus mon agenda actuel, qui me vaut d'entendre en moins d'un mois trois opéras de compositeurs italiens dans leur version originale française (une Favorite à Marseille et Don Carlos à Paris).

La proximité des dates m'amène à trouver un soudain rapprochement avec ce dernier opéra : même conflit père-fils basé sur une situation politique, sur le thème de l'oppression par l'occupant.


J'ai vu ce spectacle en 2013, et le plateau est presque identique.

La mise en scène originale est basée sur une métaphore. Tout se passe sur une scène d'opéra mise en abyme, où un ballet de jeunes filles représente le peuple sicilien. A la fin, l'opposition est caractérisée par la danseuse blanche (Hélène) et la danseuse noire (Procida). On n'atteint pas l'intelligence et la profondeur de la production de Warlikowski, mais c'est un parti prix intéressant et qui unit les scènes parfois décousues. Le public ne semble pas choqué de voir Procida en tenue féminine, ce qui, je pense, aurait déclenché les huées de notre public rétrograde.

Maurizio Benini

Maurizio Benini dirige avec beaucoup d'ampleur et de précision un orchestre soigné et des chœurs bien timbrés. Dommage que leur diction soit médiocre, défaut que partagent les seconds rôles, bon chanteurs par ailleurs.

Erwin Schrott

S'il ne m'a pas convaincu sur toute la représentation, j'ai admiré le travail de nuances et la variété de dynamique d'Erwin Schrott en Procida.

avec Rachele Stanisci

La dernière fois Rachele Stanisci remplaçait Lianna Haroutounian à la dernière minute. Aujourd'hui, c'est bien elle qui est programmée. Elle chante avec beaucoup d'intelligence ce rôle si exigeant, soignant l'homogénéité des registres et la couleur de la voix, plutôt qu'à rechercher la puissance dans cette grande salle. C'est fort judicieux vu la longueur du rôle, la sollicitation de toutes les ressources de la voix, et les difficultés belcantistes semées dans le tardif boléro. Elle offre un beau timbre de soprano dramatique. Voilà une cantatrice qui mériterait d'être plus connue.

Michael Volle

Michael Volle est un des rares barytons aussi à l'aise,  et aussi brillant, dans Wagner, Mozart (un beau Papageno à l'Opéra Bastille) ou Verdi. Sa leçon de chant, délivrée d'une voix riche, avec un excellent français, n'a d'égal que son expressivité.

avec Brian Hymel (à New York, ma photo de Londres est très mauvaise)

Belle réussite de l'éclatant Brian Hymel, lui aussi dans un français parfait. Sa scène avec le O jour de peine est un des grands moments de la soirée. Lui aussi hérite d'un rôle endurant, et ses aigus du dernier acte ne montrent aucune fatigue. Bravo, après sa belle performance dans Guillaume Tell au Met

10 commentaires:

  1. Very interested by this museum. Your pics of Thames with fading sun are AAA.
    Congrats Fredailleurs for this post!

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  2. Magnifique musée et intéressante promenade dans des quartiers inconnus. Bravo pour ton passionnant article !
    Françoise

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    1. Merci beaucoup, Françoise, pour ce très gentil commentaire !

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  3. A great post in unknown area. You are a great blogger, it is a pleasure to follow your travels.
    Sincerely,
    Carrie

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    1. Thank you very much, Carrie, it is an honour to receive such a great review !

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  4. Great post upon a great museum! A goodcidea for my next trip!
    Horst

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  5. Great post ! Your blog is amazing ! To be well-known for sure.
    Deandre

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