Yamaguchi : le temple Ryufuku (Ryufukuji)

Un temple avec un mystère à élucider...

Le temple Ryufuku a une histoire peu commune ; il fut à l'origine construit ailleurs, à Shirashi, et ce fut d'abord le temple d'une école de bouddhisme zen, de la branche Rinzai. En 1206, il s'agissait donc du Hoshuin Zenunji, le -ji signifiant temple. Durant la période Muromachi, au XIVe siècle, on ajouta quelques modifications et, à ce moment-là, il avait pris son apparence définitive.

C'est le daimyo Ouchi qui le rénova pour devenir, cette fois, Soudoji. Mais il fut vaincu à la guerre par Mori Takamoto qui en fit un temple familial et privé, en changeant son emplacement. Un incendie causa des dommages dans les bâtiments et on dut le restaurer au XIXe siècle.

La porte d'entrée se signale immédiatement par la largeur de son toit.

Le pilier commémoratif, au centre, est une rareté. J'en ai très rarement vu dans des temples japonais.

Le mystère de la cloche

La tour de la cloche est un classique des temples et monastères et elle tenait le même rôle que chez nous, avertir les populations.

Mais alors que je ne vois personne autour de moi, je l'entends sonner. Fichtre ! Un de ces célèbres fantômes japonais se serait-il manifesté ?

Je m'approche ; c'est encore plus sidérant, je vois le marteau, une poutre suspendue, se lever seule et heurter la cloche.

Magie !

Mystère !

Manifestation divine !

...

Il me faut m'approcher et faire le tour pour enfin obtenir une explication. La vidéo vous permettra d'être aussi avertis que moi.

C'est vraiment un système ingénieux mais complètement invisible lorsqu'on est placé face à la cloche. Un système électrique tend la chaîne du linteau qui la frappe, la lâche et recommence.

Le boddhisattva Jizo protège enfants et voyageurs. On le couvre bien pour le protéger à son tour. Avec la chaleur qu'il fait aujourd'hui, j'espère que cela lui tient lieu d'isolant !

Architecture Muromachi

La période Muromachi, s'étendant des XIVe au XVIe siècle, vit les Ashikaga parvenir au shogunat. Ils rognèrent l'autorité des grands temples anciens, comme ceux de Nara où le pouvoir avait siégé, et favorisèrent le développement de l'école zen ; plusieurs grands temples de Kyoto, comme le Tofuku-ji ou le Tenryu-ji, furent construits à cette époque.

Si l'allure générale est bien celle des temples japonais qui s'étendent dans le pays, une observation un peu plus attentive montre que, comme entre les styles gothique et roman, des différences existent.

Le toit est inhabituellement large.

Le toit de chaume ne se voit pas partout. J'ai une nette préférence pour la texture un peu veloutée qu'il semble offrir, du moins vu de loin.

Le bois est le cyprès, le plus couramment utilisé et qui repousse les parasites par la forte proportion d'huile essentielle qu'il conserve longtemps (ce qu'on appelait le sandarac dans l'Antiquité et au Moyen-Age).

Toutefois ici, on n'a pas employé que le bois, mais aussi l'écorce.

Un mini-jardin, mais habité par de tout petits poissons qui se cachent sous les rochers à la moindre ombre sur l'eau.