Yokohama : Gassho Zukuri, la maison d'une famille (Sankei-en)

Le Sankei-en renferme une collection de maisons anciennes transportées ici par un amoureux des constructions traditionnelles. Gassho Zukuri est l'habitation la plus vaste et la seule qu'on puisse explorer. Elle réserve bien des surprises !

Cette demeure de taille imposante fut construite au XVIIIe siècle à Shirakawago, pas très loin de Takayama, une de mes destinations préférées au Japon.

Le nom de Gassho, "les mains jointes" , qui est utilisé par de nombreux temples en rappel du geste de prière, évoque ici la forme particulière du toit.

C'était la bâtisse du chef de village, et elle rappelle d'autres que j'avais visitées à Hida no Sato, un site où sont rassemblées d'anciennes fermes de la région.

Celle-ci devait être détruite, mais son démontage et remontage ici, en 1960, garantit sa sauvegarde.

C'est un exemple intéressant de demeure intermédiaire entre la ferme, avec ses activités agricoles, et la résidence d'un notable avec ses caractéristiques luxueuses.

C'est une des rares fois, depuis que je visite des maisons japonaises anciennes, où je vois un foyer en activité. Aujourd'hui où la température a grimpé à nouveau, on mesure bien le réchauffement général de la maison !

Par ailleurs, l'évacuation de la fumée est médiocre, et c'est logique en l'absence de conduit. L'odeur de bois en train de brûler se sentait dès que je suis entré.

La maison japonaise, c'est le règne du tout transportable et démontable. Chez nous aussi, le coffre fut longtemps la règle, mais avec le passage à la résidence fixe, le meuble a pu s'affranchir des nécessités du transport. Table, commode, armoire, lit, les ébénistes s'en sont donné à cœur joie.

Au Japon au contraire, on a cherché à conserver la possibilité de déménager en permanence. Je me demande s'il y a un lien avec l'histoire, les contraintes du shogunat et le passage en force à l'ère Meiji.

Le signe de luxe, comme toujours, c'est dans les détails qu'on le trouve. Peintures sur les placards...

Et des dessus-de-porte très originaux !

La cuisine est également révélatrice ; tout est en bois, y compris les récipients (en fait, ceux en terre cuite sont au grenier).

Les tonneaux servent à la fermentation du miso et du saké.

L'évier : un tronc évidé, alimenté par une canalisation de bambou. Pas de système d'évacuation.

Depuis que je le mentionne, les lecteurs fidèles doivent être familiers du yakisugi, technique de combustion superficielle du bois qui assure protection et étanchéité tout en conférant la couleur sombre indissociable de la maison japonaise.

Ce qui est nouveau pour moi, c'est que les fagots de paille sous le toit ont reçu le même traitement.

Entre la fumée et la lumière chiche, c'est difficile de faire une photo correcte ! Les étagères étaient utilisées pour la sériciculture (élevage de vers à soie), grande ressource traditionnelle de la région de Hida.

Le grenier servait évidemment de fumoir, comme je le constate aujourd'hui. Avant l'invention de la conserve, sans parler des moyens de réfrigération puis de congélation, les techniques de conservation restaient indispensables pour assurer l'approvisionnement hivernal.

Presque toutes convergeaient vers la même nécessité, retirer l'eau d'un aliment. D'où le succès du séchage, du salage et du fumage.

La cave si exploitée en Occident est rarissime ici. Peut-être à cause des typhons et des cyclones.