L'inépuisable musée Kampa consacre une exposition à la génération d'artistes née dans les années 1930/40, puis à celle qui a suivi, pour présenter comment l'avant-garde (essentiellement russe) a été digérée. C'est pour moi une totale découverte. Je ne connais de l'art tchèque du XXe siècle que des compositeurs, quelques architectes et évidemment
Kupka. Aucun des noms présentés ici ne m'est familier, et pourtant l'exposition montre des artistes bien intéressants.
L'avant-garde russe a notamment suscité le constructivisme, avec ses fondateurs Rodtchenko et Malevich, qui se proposait de retenir les principes de construction et de voir dans l'art une solution au quotidien. Les néo-constructivistes ont suivi ensuite.
En République Tchèque, c'est Stanislav Zippe et Pavel Rudolf qui ont commencé à élaborer des liens avec ces artistes ; assimilation, révision, réinterprétation, comme d'habitude. Les recherches sur la répétition et la variation qui naissent de cette "digestion" sont particulièrement fécondes.
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Jarmila Čihánková, Directions opposées, 1967 |
Les premières œuvres de l'exposition se rapprochent par leur travail chromatique, parfois très simple sans aller jusqu'au monochrome, parfois extrêmement élaboré. On mesure immédiatement que les artistes tchèques ne cherchent pas une singularité nationale, mais au contraire s'inscrivent dans les tendances internationales. C'est ce qui a été presque toujours le cas, on pourrait rappeler les influences de l'Europe du Nord sur les
peintres italiens ou, au contraire, les traces que laissent sur les artistes septentrionaux leur passage parmi les écoles vénitienne ou romaine (un
Dürer profondément marqué par son séjour à Venise par exemple).
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Josef Hampl, Serie S 28-71, 1971 |
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Jan Kubíček, Combinaison concrète, 1968 |
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Jan Kotík, Inomago I, 1968-1970 |
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Karel Trinkiewitz, Hot Jazz, 1960-1965 |
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Pavel Maňka, Sans titre, 1960 |
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Anastázia Miertušová, Target Situation, 1968 |
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Stanislav Zippe, Sans titre, 1993/94 |
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Vladimír Kopecký, Mélancolie, 1968 |
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Pavol Binder, Comète, 1990 |
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Milan Grygar, Peinture au bâton, 1966 |
Op'Art et volume
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Ivan Chatrný, Sans titre, I, III, IV, VI, 1971 |
On connaît bien en France le travail des étrangers Chilida,
Vasarely ou
Le Parc, mais ces artistes tchèques sont bien moins fameux, alors que leur travail est très proche de celui des "stars" du genre.
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Vladislav Mirvald, Sans titre, I, II, 1967 |
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Radek Kratina, Éléments rectangulaires en plexiglas, 1975 |
Appropriation de l'espace, variation sur la forme, découverte de nouveaux matériaux comme le plexiglas qui explose soudain dans les années 1960/1970.
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Radek Kratina, Sans titre |
Kratina est un touche-à-tout qui creuse visiblement dans le minimalisme, s'intéressant à la simplicité de la forme.
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Radek Kratina, Cork, 1964 |
Comme le titre le suggère, cette œuvre est réalisée à partir de bouchons soigneusement rangés, où la notion de volume est seulement créée par leur enfoncement plus ou moins grand. J'aime bien cette simplicité du matériau, et l'impression de mouvement que crée ce cadre pour peu qu'on le fixe un moment.
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Radek Kratina, Chaîne, 1966 |
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Jiří Bielický, Relief blanc, 1966 |
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Jiří Bielický, Flux I, 1979 |
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Lubomír Přybil, Diagonale spatiale, 1967 |
Les artistes qui ont travaillé le noir sont célèbres ; Richard Serra ou Pierre Soulages sont bien plus réputés chez nous que Přybil, qui signe ici un travail rigoureux.
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Eduard Ovčáček, Construction avec des cercles, 1968 |
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Jindřich Boška, Relief blanc, 1971 |
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František Dörfl, Spirale, 1970 |
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Štefan Belohradský, Hier et demain, 1965 |
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Tomáš Rajlich, Structure, 1971 |
Rajlich est un des rares dont le nom me parle quelque peu. Son travail, à la fois strict et varié, me fait penser aux nouages de Pierre Hantaï.
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Jiří Hilmar, Sans titre, 1974 |
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Jiří Hilmar, Sans titre, 1974 |
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Jiří Hilmar, Sans titre, 1974 (détail) |
J'ai pris cette photo de profil (la protection en plexiglas est redoutable pour les reflets) qui, j'espère, permet de constater la minutieuse élaboration de ce panneau.
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Vladislav Mirvald, Intersections de surfaces cylindriques avec un anneau, 1967 |
Retour de l'Op'Art, dans toute son efficacité.
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Vladislav Mirvald, Tribut à la République, 1968 | |
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Miloš Urbásek, Gelb Rot Winkel III, 1980 |
Les "nouvelles" générations
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Vladana Hajnová, Sans titre, 2019 |
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C'est intéressant de voir comment les générations les plus récentes reprennent, à leur tour, le flambeau, et transmettent ainsi l'héritage. L'élément de connexion de leur réflexion est principalement l'intérêt d'aller au-delà des catégories établies d'œuvres d'art à travers des procédures de réduction ou de minimisation extrêmes ; pour cela, ils utilisent des moyens artistiques de grille ou de texture.
Vladimir Škoda, Kora, 1995
Les techniques se diversifient. Ainsi Vladana Hajnová crée cette fascinante sculpture en utilisant un stylo-imprimante 3D. Elle explore les possibilités d'une structure monochromatique basée sur la multiplication de l'élément de départ.
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Jiří Stanek, Velum, 1990
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Jiří Stanek, Velum, 1990 (détail) |
Stanek étudie l'espace et ses propriétés créatives avec un matériau basique, le papier. Grâce à une mise en forme systématique, il transforme la surface du papier en reliefs à faible vibration ; ses petites structures et textures attirent irrémédiablement l'oeil du spectateur.
Le cartel indique que cela "stimule la perception du spectateur de la compréhension du champ d'image d'une œuvre d'art ; non comme une définition visuelle fixe, mais comme ressource insaisissable et en constante évolution pour une "ouverture" intuitive de la réalité". J'espère que ma traduction n'est pas incorrecte !
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Václav Krůček, Neutral #1, 2006 |
C'est une réalisation assez hypnotique : une grille discontinue, légèrement tordue, placée contre le mur, qui crée un motif double (celui du grillage et l'ombre). On ne voit pas immédiatement les manques, et je me suis surpris à me demander si je regardais la grille ou son ombre.
Un travail donc à la fois sur la répétition et la différence, mais aussi sur le regard du spectateur, qui pose immédiatement le problème du statut de l’œuvre d'art.
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Václav Krůček, Neutral #1, 2006 (détail) |
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Václav Krůček, Shadow / Lace 03, 04, 2011 |
Václav Krůček évoque des phénomènes optiques dans l'espace entre l'œuvre et le spectateur, tels que "la volatilisation dans l'espace et la formation et la variabilité de la nébuleuse résultant de l'activité optique".
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Václav Krůček, Shadow / Lace 03, 04, 2011 (détail) |
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Břetislav Malý, About grey, I, II, 2019 |
Maly, comme Stanek, analyse dans quelle mesure les facteurs de variabilité, de structure ou de grille interviennent dans l'art. Son travail me rappelle le
Panaméen David Solis, récemment exposé à la Maison de l'Amérique latine, qui utilisait ces bandes parallèles inégales pour évoquer (figurativement) la jungle.
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Břetislav Malý, About grey, I, II, 2019 (détail) |
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Pavel Rudolf, Arrangement, 2001 |
Colors or black and white, or white. Interesting view of czech ways of art.
RépondreSupprimerThanks for your great post!
Annie
You're right, Annie! Thank you very much.
SupprimerUnknown painters, great artists ! Thanks for this discovery of czech art.
RépondreSupprimerRay
Thanks Ray for your kind message!
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