Promenade dominicale dans Vienne, jusqu'au quartier de Lichtental, avec beaucoup de découvertes, et quelques étapes gourmandes.
L'an dernier je m'étais amusé à photographier un grand nombre de statues humaines disséminées sur les façades. Je ne reprends pas le thème cette année, mais difficile d'échapper à ce jeune Mercure au chapeau ailé !
Malgré la journée maussade et pluvieuse, les arbres dorés enchantent les rues.
Vienne, Liebenberg-Denkmal |
Le Liebenberg-Denkmal (Monument à Liebenberg) fut dédié au bourgmestre (maire) de Vienne, Johann Andreas von Liebenberg, en signe de gratitude pour avoir délivré la ville du siège turc.
En 1683, Vienne fut assiégée par l'armée ottomane de deux cent mille soldats. La garnison viennoise ne comptait dans ses rangs que dix mille hommes. Cependant von Liebenberg mobilisa la population et réussit à défendre Vienne jusqu'à sa libération. Malheureusement il ne put y assister car il était mort deux jours avant.
En 1887, on décida d'ériger un obélisque (comme à Rome !) au grand homme : l'architecte Franz von Neumann le dessina et Johann Zilbernagel se chargea des sculptures. Il fut gravement endommagé durant la Seconde Guerre mondiale mais restauré en 1949.
Deux anges en bronze présentent sur la base un portrait doré de Liebenberg en médaillon. Une allégorie de la victoire brandit fièrement la couronne au sommet.
Je grimpe vers Schreyvogelgasse, avec l'intention de visiter la Pasqualati-Haus, une des maisons de Beethoven.
Vienne, Schreyvogelgasse |
Schreyvogelgasse est une de ces rues charmantes du centre-ville, juste derrière la Freyung, assez ignorée car bien dissimulée. Elle était autrefois le chemin de garde de la fortification.
Vienne, Dreimäderlhaus |
Dreimäderlhaus (La Maison des trois filles) semble plus ancienne qu'elle n'est, mais elle fut tout de même construite en 1803, dans le style "joséphinien" (du nom de Joseph II).
La porte est un parfait exemple de l'arc en anse de panier.
Vienne, Dreimäderlhaus |
Vienne, Dreimäderlhaus, La Trinité |
La façade a conservé sa peinture extérieure (j'espère que ce n'est qu'une copie aujourd'hui !) avec une représentation de la Trinité.
Mes horaires pour la maison de Beethoven étaient faux, mais elle ouvrira dans un peu plus d'une heure. J'ai le temps d'aller déjeuner.
Vienne, Kupferdachl (Zum Leupold) |
Déjeuner : Zum Leupold
Vienne, Zum Leupold |
Ce restaurant est double et les deux différentes façades correspondent à la même maison. Je n'y ai plus déjeuné depuis longtemps, c'était tout le temps plein de monde. Je profite du calme de ce dimanche en temps de Covid.
Vienne, Zum Leupold |
Je retrouve les classiques sur la carte, et énormément de plats me tentent. Le poisson-chat à la courge, je n'ai jamais goûté ! C'est dur de se décider.
Vienne, Zum Leupold, paleron mijoté |
Enfin je me décide pour des spécialités du jour, le paleron mijoté aux oignons caramélisés, un vrai délice de viande fondante et goûteuse. En tout point délectable.
Vienne, Zum Leupold, riz au lait aux marrons |
Le dessert était prometteur avec du riz au lait et de la crème de marrons, mais l'ensemble me paraît finalement un peu écœurant. Trop de chocolat, trop de crème fouettée.
J'aurais dû prendre les Knödel aux noisettes, j'en avais mangé ici il y a six ou sept ans et elles m'avaient laissé un souvenir marquant !
Vienne, Pasqualati-Haus |
Cette fois est la bonne.
Je reviens vers le Schottenring, le boulevard des Ecossais. Les moines irlandais et écossais appelés à Vienne par Henri II au XIIe siècle ont d'abord laissé leur nom à l'église, Schottenkirche, puis à la porte monumentale et au boulevard.
Vienne, Votiv-Park |
Les Sigmund-Freud-Park et Votiv-Park entourent la Votiv-Kirche, l'église votive, dont les travaux de restauration progressent à chaque voyage.
Ghettoïsé derrière sa grille, un arbre étend ses larges feuilles pour récupérer le maximum de lumière.
Dans Alsergrund
Vienne, K.K. Staats-Gymnasium |
Une partie de la Wasagasse est occupée ce grand bâtiment, que j'avais déjà remarqué mais sans m'y intéresser particulièrement ; je prends enfin la peine de lire l'inscription et de me documenter un peu.
C'est le Maximilian- ou K.K. Staats-Gymnasium, un lycée construit par Heinrich von Ferstel, l'architecte de la Votivkirche et du fameux palais en fausse Renaissance qui porte son nom. L'établissement scolaire compta parmi ses élèves les chefs d'orchestre Erich Kleiber et Josef Krips ou l'écrivain Stefan Zweig (qui décrivit l'établissement comme "un bagne"). Savez-vous que Zweig était un grand francophile, fin connaisseur de la poésie de Verlaine, et ami très proche de Romain Rolland à qui il adressa plus de cinq cents lettres ? Ils firent plusieurs voyages ensemble et Zweig mena une tournée de conférences sur l’œuvre de Romain Rolland. Leur passionnante correspondance est éditée chez Albin Michel.
Ce lycée employa comme professeurs, entre autres célébrités, le compositeur Friedrich Cerha et le psychologue David Ernst Oppenheim (qui renouvela la pédagogie), un élève de Freud qui habitait à deux pas d'ici.
Même si je ne les cherche pas particulièrement, atlantes et caryatides émaillent ma promenade.
Vienne, Otto-Wagner-Haus |
C'est tout à fait par hasard que je découvre cette maison, le premier bâtiment viennois d'Otto Wagner. Le grand architecte, un des principaux artisans de la Secession, n'a pas construit que la Majolika-Haus à Vienne : sa ville natale est parsemée de ses réalisations, ponts, pavillons, immeubles de la caisse d'épargne... Il a aussi édifié une célèbre église à Hütteldorf (l'église am Steinhof) que je n'étais pas parvenu à visiter, il y a quelques années. Toujours sur ma liste !
Vienne, Palais Liechstenstein |
J'avais vaguement l'idée de visiter le Palais Liechstenstein, devant lequel j'étais passé l'an dernier. Cet été, ma visite de Sant'Ignazio à Rome avec son fabuleux plafond en trompe-l’œil m'avait rappelé que son auteur, le peintre Andrea del Pozzo, avait également décoré des plafonds ici. Je n'ai visité ce palais qu'une fois, vers 2007-2008, et j'y retournerais volontiers.
Je jette un œil sur le site du palais ; leur principale activité semble être la location du lieu pour des soirées, la visite, obligatoirement guidée (22 € par personne tout de même), n'a lieu que le vendredi. De toute façon, la prochaine aura lieu le 9 avril !
Vienne, Strudlhofstiege |
Les Strudlhofstiege, un escalier Art Nouveau, furent célébrés par le roman d'Heimito von Dotterer, Die
Strudlhofstiege. Je ne l'ai pas lu et je crois qu'il n'a jamais été traduit en français mais j'ai découvert ce grand écrivain autrichien avec Les Démons (Die Dämonen) et Les Fenêtres éclairées (Die erleuchteten Fenster oder Die Menschwerdung des Amtsrates Julius Zihal), deux livres remarquables que je recommande vivement.
Le Palais Strudlhof qui a donné son nom aux escaliers se trouve à l'arrière, à gauche.
Je n'ai pas noté sur le moment, mais en recherchant sur le plan, il semblerait qu'il s'agisse du bâtiment du séminaire. Le blason de cardinal m'avait particulièrement attiré l’œil !
Lichtental
J'atteins Lichtental, cette banlieue de Vienne maintenant englobée dans Alsergrund, le neuvième arrondissement de la capitale autrichienne.
J'y arrive bientôt à la maison natale de Schubert. Visite émouvante car c'est un compositeur qui me touche beaucoup, dont j'ai lu la passionnante biographie des Massin et que j'écoute très souvent.
Poursuite imprévue dans le même bâtiment avec une exposition de peintures d'Adalbert Stifter, que je connaissais seulement comme un grand écrivain autrichien.
Vienne, Schubertgasse |
Devant la maison natale, la rue a évidemment pris le nom de Schubert. Une entrée s'illumine providentiellement pour me montrer son élégante ferronnerie, ce qui me fascine toujours.
Vienne, Sobieskiplatz |
Le patronyme polonais de la Sobieskiplatz est sans doute celui de la famille polonaise de Thérèse, la régente de Bavière. L'hypothèse de la vodka Sobieski me semble totalement improbable !
Vienne : Wiener Melange, Sobieskiplatz |
En tout cas, j'ai bien mérité une petite pause. Un Wiener Melange, grande spécialité locale, accompagne mon feuilleté au pavot. Comme d'habitude, il faut laisser ses coordonnées sur le petit papier...
Au Volksoper
Vienne, Volksoper |
Je gagne rapidement le Volksoper, salle à laquelle je suis fidèle depuis mon premier voyage. En période de Covid, c'est évidemment un peu plus compliqué. Il faut retirer ses billets en dehors du théâtre et entrer par la porte extérieure désignée ; tout est fait pour que les spectateurs ne se croisent pas.
Vienne, Volksoper |
Dans la salle, non seulement on est séparé par une place de son voisin, mais ce théâtre se distingue en diffusant un film sur l'écran. Sur le ton humoristique, évidemment, on est au Volksoper !
Vienne, Volksoper |
Robert Meyer, le directeur, paie de sa personne en nous prévenant des bons gestes à adopter.
Et c'est parti pour une excellente représentation de Die Zauberflöte, La Flûte Enchantée.
Amazing historical tour in wonderful (but cloudy) Vienna with the best guide.
RépondreSupprimerStill the best blog on Earth!
Annie