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dimanche 1 novembre 2020

Vienne : la maison natale de Schubert

 

Après la Pasqualati-Haus habitée par Beethoven, je visite l'émouvante maison natale de Franz Schubert.

La maison de Schubert

Vienne, la maison de Schubert

C'est ici que naquit, le 31 janvier 1797, le douzième enfant d'un instituteur et de sa femme. De ses quatorze frères et sœurs, seuls quatre atteignirent l'âge adulte.


Vienne, la maison de Schubert : la cour
 

Si aujourd'hui cette modeste construction fait partie de Vienne, elle était à l'époque située dans le village de Himmelpfortgrund, qui comptait environ trois mille habitants.


Vienne, la maison de Schubert : la cour

Soixante-dix vivaient dans cette maison baptisée Zum rothen Krebsen, À l'Ecrevisse rouge. Elle était divisée en seize appartements.

Vienne, la maison de Schubert : le puits
 

Comme souvent à l'époque, le seul point d'eau disponible était le puits dans la cour.

Vienne, la maison de Schubert : la pièce à vivre

Même si le logement ne comptait que deux pièces, c'était le plus vaste de tous ceux loués ici. Une pièce à vivre et à dormir. Non seulement elle hébergeait la nombreuse famille et comprenait sans doute quelques meubles mais aussi un piano (ou peut-être un clavicorde, un format réduit d'instrument à clavier). L'éducation musicale était jugée très importante dans la famille ; d'ailleurs, tous les enfants qui survécurent jouaient d'un instrument et Ferdinand, frère de Franz, composait également. La famille célébrait événements et jours de fête en musique.

Vienne, la maison de Schubert : la cuisine
 

C'est dans la cuisine que la maman mit au monde ses enfants. Le père louait également un local au rez de chaussée pour pouvoir faire ses cours (sans doute l'avant-dernière porte à droite). Aussi incroyable que cela paraisse, les registres montrent qu'il avait cent-soixante quatorze élèves ! Logique qu'il ait dû engager un assistant.

En 1801, le père trouva une salle plus grande pour ses cours dans la Säulengasse, et toute la famille déménagea alors. Mais cet "appartement"-ci n'était pas considéré comme misérable, au contraire l'instituteur le trouvait très confortable. Les conditions de vie ont réellement beaucoup évolué.


Portraits de famille


Vienne, la maison de Schubert : Ferdinand Schubert peint par son neveu

 

Le frère était instituteur comme son père et sa formation musicale lui permit d'être, pendant dix ans, organiste de l'église de Lichtental. Il accueillit Franz dans son domicile à plusieurs reprises et c'est chez lui qu'il mourut.

Vienne, la maison de Schubert : Franz Theodor Schubert peint par Carl Schubert

 

Le père Franz Theodor venait de Moravie et avait suivi son frère Carl, également instituteur (déjà à l'époque, c'étaient des affaires de famille !) à Vienne où il devint d'abord enseignant chez les Carmélites. Il rencontra une jeune fille de Silésie, Elisabeth Vietz, et ils vécurent ensemble avant de se marier précipitamment car leur premier fils allait naître. Il commença à enseigner le violon au petit Franz quand celui-ci avait huit ans.


Vienne, la maison de Schubert : Ignaz Schubert peint par Carl Schubert

 

Ignaz était le frère aîné (celui donc qui avait nécessité le mariage) et Carl le plus jeune. On voit qu'outre la musique, on pratiquait aussi la peinture dans la famille.

 

Vienne, la maison de Schubert : Carl Schubert peint par Ferdinand Schubert

 

Franz Schubert en portraits


Vienne, la maison de Schubert : Wilhelm August Rieder, Franz Schubert

 

Le cercle chaleureux autour de Schubert occupa une place essentielle dans son existence. Ses portraits les plus connus furent exécutés par ses amis Rieder et Kuperwieser. Ce portrait d'un jeune homme au regard décidé, en tenue bourgeoise, est un des plus réputés.


Vienne, la maison de Schubert : Franz Schubert (silhouette découpée de 1817)

Vienne, la maison de Schubert : Leopold Kuperwieser, Franz Schubert, 1821

Vienne, la maison de Schubert : Wilhelm August Rieder, Franz Schubert, 1825

Vienne, la maison de Schubert : Josef Teltscher, Franz Schubert, 1825

Vienne, la maison de Schubert : Josef Kriehuber, Franz Schubert, 1846

Vienne, la maison de Schubert : paire de lunettes de Franz Schubert

 

Cette paire de lunettes rondes aux verres fendus est un objet émouvant qu'on retrouve sur tous les portraits.


Vienne, la maison de Schubert : Franz Schubert, Gretchen am Spinnrade

 

Schubert écrivit le superbe Lied Gretchen am Spinnrade (Marguerite au rouet) en 1812, c'est le premier des poèmes de Goethe qu'il mit en musique. Il vénéra toute sa vie le poète allemand qui ne se montra guère aimable à son encontre.


Vienne, la maison de Schubert : le journal de Franz Schubert  

Vienne, la maison de Schubert : Franz Schubert, Die Forelle, première édition

 

Christian Friedrich Daniel Schubart écrivit le poème Die Forelle, La Truite, alors qu'il était incarcéré à la prison de Hohenasperg. Franz Schubert le mit en musique en 1817, c'est la partition présentée ci-dessus. En 1819, il composa des variations sur le thème qu'il avait écrit, devenues le quatrième mouvement du merveilleux quintette avec piano. Liszt, l'infatigable transcripteur, adapta en 1846 ce Lied pour piano seul.


Vienne, la maison de Schubert

 

Les salles suivantes du musée sont installées dans les autres appartements de la construction, qui ne faisaient pas partie du logement Schubert évidemment.


Vienne, la maison de Schubert : affiche de la création de Die Zwillingsbrüder

 

Schubert commença la composition d'une vingtaine d'oeuvres lyriques; toutes ne furent pas achevées, certains sont perdues, et sa production est très rarement donnée. La malchance qui semble avoir essaimé sur sa carrière était bien là et il eut toutes les difficultés possibles à être joué. Il faut reconnaître que, si sa musique est toujours merveilleuse, il n'a pas toujours bénéficié des meilleurs livrets.

Même aujourd'hui, ses opéras sont rarement donnés. Je n'en ai vu que trois  : Des Teufels Lustschloss, Die Verschworenen, et le plus connu Fierrabras. Ce dernier est le seul que j'ai vu deux fois, mais tout de même une avec Jonas Kaufmann !



Vienne, la maison de Schubert : manuscrit (pour Rosamunde ?)

 

La musique de scène était un genre prisé dans la capitale autrichienne, où on donnait couramment des pièces de théâtre avec accompagnement musical. Beethoven en composa plusieurs, comme Coriolan ou Egmont. Schubert écrivit Rosamunde pour le drame d'Helmina von Chézy. 


Vienne, la maison de Schubert : édition originale de Heidenröslein

Vienne, la maison de Schubert : édition originale de Heidenröslein

Vienne, la maison de Schubert : le Theater an der Wien en 1820

 

La façade du Theater an der Wien a bien changé depuis ! Créé par Schikaneder, le librettiste-interprète de Die Zauberflöte, La Flûte Enchantée, est largement associé à Beethoven qui y créa ses troisième et quatrième concertos pour piano, quatre symphonies, son opéra... Ce fut toujours difficile pour Schubert de faire jouer sa musique dans les grands théâtres de la capitale mais c'est ici que fut créée Rosamunde.


Vienne, la maison de Schubert : Moritz von Schwind, Schubertiade

 

Le terme schubertiade désigne une soirée culturelle où on jouait de la musique (des œuvres de Schubert surtout, évidemment), on lisait des poèmes... Leopold Sonnleithner, grand amateur de la musique de Franz, en organisait beaucoup dans la maison familiale. On retrouve Schubert au clavier ; j'ai tenté de le dégager du reflet gênant, il se trouve juste à droite. 

L'entourage se compose d'un cercle d'artistes et amis, le chanteur Johann Michael Vogl, le musicien Franz Lachner, les peintres Moritz von Schwind (en autoportrait donc), Wilhelm August Rieder et Leopold Kupelwieser, les écrivains Franz von Schober (l'auteur d'An die Musik) et Franz Grillparzer... La comtesse Karoline Esterházy veille sur tout ce beau monde dans son cadre.


Vienne, la maison de Schubert : Hans Temple, Schubertiade chez von Spaun en 1826

 

Le chevalier von Spaun accueillit également chez lui plusieurs schubertiades. Une célèbre aquarelle de Moritz von Schwind montre d'ailleurs Schubert avec son ami Vogel dans l'interprétation d'un Lied. Deux années après, la schubertiade chez von Spaun de janvier 1828 fut la dernière du compositeur.

 

Vienne, la maison de Schubert : la guitare de Franz Schubert


Johann Carl Umlauff, avocat à Vienne, jouait les oeuvres de Schubert sur cette guitare qu'il offrit ensuite au compositeur.


Vienne, la maison de Schubert : Leopold Kupelwieser, Les Schubertiens en excursion de Atzenburgg à Aumühl

Un joyeux groupe d'amis en excursion à la campagne ; Schubert est visible à l'arrière-plan.

Vienne, la maison de Schubert :
Leopold Kupelwieser, Les Schubertiens en excursion
de Atzenburgg à Aumühl (détail)

Vienne, la maison de Schubert : Isabella von Bruchmann, Der Muthville

 

Le négociant Johann Christian von Bruchmann et les siens passèrent, plusieurs années de suite, l'été dans la  Muthville, une villa à Hütterldorf louée au prince Karl Paar. Schubert et Schober, des amis de la famille, y séjournèrent et organisèrent des schubertiades.

 

Vienne, la maison de Schubert : Moritz von Schwind, Un coin dans la chambre de Schubert
 

 En 1821, Schubert vivait dans une chambre louée dans le monastère des Théatins. Le piano est très probablement celui que lui avait offert son père après la création de sa première messe.


Vienne, la maison de Schubert : manuscrit de Ständchen

 

Schubert vécut les derniers mois de sa vie, en 1828, chez son frère Ferdinand, Kettelbrückegasse (près de l'actuel Naschmarkt). C'est là qu'il écrivit cette dernière sérénade amoureuse, une pure merveille de densité sous une apparente simplicité. Elle fut éditée dans le recueil posthume Schwanengesang, Le Chant du Cygne.

 

Vienne, la maison de Schubert : manuscrit du trio D929

 

Le fabuleux deuxième trio op. 100, D929, fut écrit par cet encore jeune homme de trente ans qui allait mourir peu après. La page présentée montre le début du premier mouvement (allegro) mais mon favori est le second, un andante con moto hypnotique qui m'émeut toujours profondément.


Vienne, la maison de Schubert : programme du concert du 26.03.1828

 

Un an avant sa mort, Schubert programma un Kompositionskonzert, un concert consacré à ses seules compositions. Il y tenait le rôle de pianiste accompagnateur. Il y eut un changement de programme, le Lied Fischerweise (Le Chant du Pêcheur) fut interprété à la place de Der Wanderer an der Mond (Message du Voyageur à la Lune). Ständchen et le trio D929 faisaient partie du programme.


C'est une visite évidemment pour passionnés, mais combien émouvante, chez ce compositeur à la musique poignante, une personnalité tellement attachante.
 

6 commentaires:

  1. I love Schubert. Great and inspiring tour in a fabulous place. Thank you so much.
    Annie

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    1. Thank you, Annie. I love his music for so many years. Schubert is one of the composers that I need, deeply.
      This was a great moment for me too.

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  2. Très émouvant de se plonger dans l'univers de ce merveilleux compositeur. Merci pour cette riche publication !
    Margot

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    1. Merci beaucoup, Margot, pour ce chaleureux commentaire !

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  3. Depuis longtemps on attendai una belle page dédiée à Schubert: pour moi c'est un événement. Grand merci!

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    1. Eh bien, un grand merci à vous pour ce chaleureux et élogieux commentaire!

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