Translate

dimanche 22 novembre 2020

Vienne : Margareten et Schottenfeld


Malgré la pluie et des imprévus, je poursuis mes promenades dans Vienne ; celle du jour me fait passer par Margareten et Schottenfeld, des quartiers peu visités.


L'article de la veille m'occupe à nouveau une bonne partie de la matinée et je sors tardivement. Le ciel est "bas et lourd comme un couvercle" et la pluie pour le moment bien présente. Elle passera à la journée à s'arrêter et à reprendre, parfois très brièvement, comme si elle adressait d'énigmatiques messages en morse.


 

Je traverse le Dr. Renner-Ring pour voir où en sont les travaux du Parlement. Comme ceux du Neuer Markt, ils semblent bien engagés pour durer un moment. On croirait que les baraques de chantier sont devenues des immeubles permanents.


 

Je file vers le MuseumsQuartier, toujours agréable à traverser. Les anciennes écuries impériales ont été transformées au début des années 2000 en un complexe culturel très vivant, avec des galeries, quatre musées.


 

Le mumok dépend de la Fondation Ludwig et expose l'art du XXe et XXIe siècle. Dans ce sévère bâtiment de basalte, il propose d'intéressantes expositions d'art contemporain.


 

La Kunsthalle défend aussi l'art contemporain ; je n'y ai visité qu'une seule exposition ! Celles du jour ne me tentent pas spécialement. A gauche, c'est le Leopold Museum, le plus visité, où je suis venu très souvent. Le meilleur endroit pour découvrir Egon Schiele, et l'école de Vienne si méconnue.

L'espace de la cour est généralement plein de monde, même quand il neige. Depuis qu'ils ont installé des sièges, ils sont pris d'assaut. C'est très bizarre de n'y voir qu'un seul chaland.


 

Malgré la période peu engageante, on garde le moral : on installe la patinoire pour Noël.


 

La MQ Galerie a créé une art box un peu particulière : dans la vitrine, Alex Kasses a suspendu un fin écran, animé de lumières, formes et couleurs changeantes. En fait le contenu affiché semble généré et modifié par l'approche des visiteurs. L'installation se nomme SIMILARITIES.


 

Les porches du MuseumsQuartier sont métamorphosés en œuvres d'art en permanente évolution. C'est un vaste terrain de jeu pour la bouillonnante création contemporaine.


 

Je remonte une partie de Mariahilferstrasse, la longue artère commerçante, généralement illuminée par l'or de ses arbres à l'automne. Aujourd'hui, ils peinent à compenser la grisaille.


 

Déjeuner : China Kitchen

 

J'avais rendez-vous avec un ami pour déjeuner sur le Naschmarkt mais j'ai reçu hier soir un message ; il est positif au Covid et doit donc rester isolé. J'allais malgré tout déjeuner sur cet agréable marché mais sur le chemin, je passe devant China Kitchen, un restaurant chinois que je n'ai pas testé, sur Linke Wienzeile (et j'en ai essayé beaucoup de ce côté-là !).


 

On ne peu pas dire que ce soit plein, hélas, pourtant c'est une adresse très recommandable. Le décor contemporain, où les tons de frêne domine, apaise l’œil.


 

J'opte une Lager désaltérante, et un délicieux canard croustillant aux légumes sautés (cachés dessous). On m'apporte deux fraîches salades en même temps.


 

Une de mes gourmandises favorites, les beignets de banane. Croquants et moelleux comme il se doit. Moins de quinze euros tout compris. Je note l'adresse !

Je traverse le terre-plein construit au dessus de la Wien, la rivière.

 


 Un coup d'oeil aux deux édifices les plus fameux de la Wienzeile, la Majolikahaus d

Aujourd'hui les tissus indiens du Naschmarkt leur offre un nouveau prolongement.

 

Une tentative dans Margareten

 

Me voilà dans Margareten, le cinquième arrondissement. 

Après avoir visité la maison natale de Schubert, je comptais bien faire de même avec l'appartement de son frère, où il est mort.


 

J'ai logé il y a une dizaine d'années dans ce quartier à la fois vivant et tranquille, rempli de petits commerces. Kettenbrückengasse paraît l'épicentre d'un quartier asiatique plein de supermarchés aux multiples variétés de nouille et d'échoppes qui proposent le panda agitant la patte. Même le coiffeur, Friseur en allemand, fait partie de la communauté.




J'atteins sans difficulté cet immeuble où Schubert est décédé, avec une cour paisible comme dans tant d'autres à Vienne.


 

On a préservé la pompe à eau, vestige d'une époque qui ne connaissait pas la distribution d'eau dans les étages. Quant à l'appartement de Schubert, c'est fermé. Mon guide et GoogleMaps prétendaient le contraire. 

Tout n'est pas perdu : l'affichette sur la porte assure qu'il ouvre le mercredi et le jeudi, de 10:00 à 13:00 et de 14:00 à 18:00. Je retenterai le coup.



Même si le quartier est quelque peu excentré, il affiche sa collection de façades ornées de statues. On est à Vienne, tout de même !


 

Bon. Tant pis. Je retraverse le Naschmarkt pour filer vers Schottenfeld.


 

Un peu de street art au passage...


 

J'ai mes adresses fidèles sur  Mariahilferstrasse. Je profite de ma traversée du quartier pour faire un peu de shopping. Comme aux Etats-Unis, les pantalons sont ici vendus avec double taille : largeur ET longueur. Pas de retouche à faire et la coupe me convient bien. Je me fournis chez Peek & Cloppenburg depuis des années. Passage aussi chez Müller, comme à l'accoutumée.


Schottenfeld


Schottenfeld, le "champ des Ecossais", était autrefois une aire de campagne peuplée de fermiers, charretiers et producteurs de lait. La présence des Ecossais à Vienne demeure dans plusieurs noms, la Schottenkirche (église des Ecossais) qui a entraîné la Schottentor (porte des Ecossais) et le Schottenring (boulevard des Ecossais). C'est Henri II qui fit venir à Vienne moines irlandais et écossais. Le Schottenstift possédait toute la zone qui a gardé le nom de Schottenfeld et le blason du quartier montre toujours un moine bénédictin.

Au XVIIe, le quartier changea de destination pour fabriquer de la soie.  En 1719, le Schottenstift dut vendre les champs en raison de difficultés financières. Les acheteurs des terrains devaient s'engager à construire une maison ou à revendre leur parcelle dans un délai d'un à deux ans. Cette offre était particulièrement appréciée des entreprises manufacturières, à l'étroit dans les murs de la ville ancienne. Le quartier devint célèbre avec l'édification de la Westbahnhof, la gare de l'ouest, la seconde de la capitale.


C'est maintenant un quartier convivial avec de nombreuses terrasses aménagées sur des bouts de trottoir. Évidemment, pluie et Covid se sont unis pour les vider aujourd’hui.


 

Au croisement de Zieglergasse et de Westbahnstrasse, une construction plus basse rythme le carrefour. 


L'église Saint Laurent (St. Laurenz, Schottenfeldkirche)


 

Le saint martyrisé à Rome, sur le grill, fut populaire dans toute l'Europe, sans doute largement grâce à ses aumônes envers les pauvres. La scène où il distribue tous ses biens fut fréquemment reprise.

 


Autrefois s'étendaient les terres du monastère des Ecossais fondé au XIIe siècle, Unserer Lieben Frau zu den Schotten (Notre-Dame des Ecossais).

Benno Pointner, abbé du Schottenstift, passa commande à Andreas Zach qui avait construit, peu avant, la Gumpendorfer Pfarrkirche (église Saint Gilles à Gumpendorf, un quartier de Vienne), une église trapue avec un clocher en bulbe. L'architecte éleva de 1784 à 1787 une église-halle classique baroque, avec la façade surmontée d'un clocher. Il choisit de valoriser sa hauteur en la décorant de pilastres élevés décorés de sobres chapiteaux ioniques et effectivement, l'église en impose.


 

La nef est en croix latine avec un transept à deux travées, mais elle est surmontée de voûtes carrées.


 

La tribune surmonte l'entrée avec un vaste buffet d'orgue, complètement refait par Jacob Deutschmann en 1825 et restauré en 1966 par Philipp Eppel. Il a bonne réputation si j'en juge par les commentaires lus ici et là. Leopold Kantner, un musicologue autrichien, en fut titulaire.


 

J'ai uni mes efforts, ceux de l'appareil photo puis de l'ordinateur pour tenter de montrer quelque chose. La photo reste imparfaite, j'en conviens, mais c'est le meilleur résultat auquel je suis parvenu !

La voûte carrée est décidément étonnante. Comme à l'extérieur, on a recherché à renforcer le sentiment d'élévation ; ici on a utilisé une architecture feinte de balcons et de colonnes. Ce n'est pas le chef-d’œuvre d'Andrea del Pozzo à Saint Ignace de Loyola, à Rome, mais c'est fort convenablement troussé. Friedrich Staudinger, un peintre du XIXe siècle, le réalisa en y incorporant le Jugement Dernier central.


 

Apparemment il s'agirait d'une peinture de Carl Hemerlein, un artiste du XIXe siècle, qui aurait représenté Saint Léonard, un saint légendaire qui aurait vécu auprès de Clovis. La scène principale de son iconographie est la libération des prisonniers, c'est peut-être ce qu'Hemerlein a représenté ici.


 

L'imposant maître-autel date de 1786. Johann Baptist Hagenauer, un sculpteur de Salzburg, le dessina. Colonnes de marbre rose, statues blanches ornées de touches d'or se chargent d'illustrer cette période de transition entre classique et dernier rococo. A l'origine on y avait placé un retable du XVIIe siècle de Peter Strudel, un peintre qui décora le Belvedere et le Palais Strudlhof. Mais en 1852 on commanda une nouvelle version à Hemerlein, qui proposa cette L'Apothéose de St. Laurent, visiblement un pastiche du baroque.

Je ne peux m'approcher, les vitraux laissent filtrer un jour maigre. Je ne suis pas parvenu à une meilleure image, c'est difficile de commenter le retable en question.


 

Les deux peintures qui l'entourent semblent assez clairement du XIXe siècle, elles rappellent la peinture d'histoire si diffusée dans toute l'Europe ; sans doute même le style nazaréen, particulièrement diffusé à Vienne. Les gestes convenus, la palette acide semblent indiquer un même auteur pour les deux. Sous toutes réserves, il pourrait s'agir également de Carl Hemerlein.

 

 

 Deux scènes avec deux personnages, avec peu d'attributs, ce n'est pas évident. Avec un total de quatre et la présence de livres, je pencherais pour une double paire d'évangélistes.

Dans ces églises viennoises qui ne sont pas les plus célèbres, c'est vraiment difficile de faire des recherches à distance.



 

La chaire est très surprenante ; accrochée à la paroi, elle est couverte d'un toit étonnamment large, à son tour surmonté d'un saint.


Je dois avouer que je suis très surpris par cette visite. Je m'attendais à tout autre chose dans une église du XVIIIe siècle, et assurément pas à toutes ces curiosités !

4 commentaires:

  1. A nice walk in cloudy Vienna, full of informations!
    Annie

    RépondreSupprimer
  2. Interessante promenade avec une église totalement inconnue des guides !
    Michèle

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup ! C'est vrai que c'est une église très rarement visitée.

      Supprimer

Un grand merci de prendre le temps de laisser un commentaire. Je promets de le lire aussi vite que possible.
N'hésitez pas à signer votre message, ce sera encore mieux : je n'ai AUCUN moyen de connaître votre nom, votre e-mail, ou votre blog.
Si vous préférez que vos coordonnées n'apparaissent pas, mais que je vous réponde en privé, utilisez le formulaire de contact, accessible sur la version web du blog.