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lundi 2 novembre 2020

Vienne : Exposition Adalbert Stifter, les peintures d'un écrivain


La maison natale de Franz Schubert expose les peintures d'Adalbert Stifter, surtout réputé chez les germanophones pour ses livres mais qui fut également un peintre estimé.

 

Un écrivain célèbre

 

Adalbert Stifter

Né en 1805 en Bohême,  Adalbert Stifter débute ses études à l'abbaye de Kremsmünster et les poursuit dès 1824 à l'Université de Vienne : droit tout d'abord, puis mathématiques, sciences naturelles et histoire. Un choix éclectique.

 

Adalbert Stifter, Der Kondor (Le Condor)

Sa première nouvelle, Der Kondor (Le Condor) raconte une histoire d'amour malheureuse entre un jeune peintre et une femme. Très originalement, le cadre est une montgolfière au-dessus des Alpes. Ce récit audacieux attire l'attention sur un jeune écrivain extraordinairement prometteur. Il devient immédiatement un auteur célèbre qui peut presque vivre de ses publications, complétées par des leçons particulières : il obtient un emploi de précepteur dans de grandes familles viennoises, notamment chez le prince Metternich.

 

Adalbert Stifter, Die Mappe meines Urgrossvaters (Les Cartons de mon arrière-grand-père)
 
Adalbert Stifter, Die Mappe meines Urgrossvaters (Les Cartons de mon arrière-grand-père)


En 1841 il publie Die Mappe meines Urgrossvaters (Les Cartons de mon arrière-grand-père), un roman de formation fortement autobiographique qui se déroule dans sa Bohème natale.


Adalbert Stifter, Bunte Steine (Pierres multicolores)


Il part à Linz où il a été nommé Inspecteur des écoles et édite parallèlement le journal local, le Linzer Zeitung. Il fait paraître en 1852 Bunte Steine (Pierres multicolores). Les nouvelles qui composent le recueil se déroulent dans des régions différentes, et le titre de chacune est une pierre célèbre de la région : tourmaline, cristal de roche... Il y analyse la place de l'homme au sein du cadre naturel, de la famille et de la société.

 

En 1853, il est nommé conservateur de l'héritage culturel autrichien. Diantre !

 

Adalbert Stifter, L'Arrière-saison (Der Nachsommer)


Le seul livre que je connaisse de cet auteur est L'Arrière-saison (Der Nachsommer), un roman d'apprentissage magnifiquement écrit. Ce chef-d’œuvre de 1857 est fêté bien longtemps après sa publication, par Friedrich Nietzsche, Thomas Mann ou Franz Kafka. Michel Foucault déclare que c'est "le plus beau livre en langue allemande".

Stifter se suicide à Linz en 1868. 


Mais aussi un peintre

 

Adalbert Stifter, dessin au crayon

Adalbert Stifter, dessin au crayon

Durant ses études à Kremsmünster, Stifter dessine régulièrement, activité qu'il conservera au long des années. Un bon coup de crayon, un choix de sujets intéressant.

 

Adalbert Stifter, aquarelle

 

A cette époque, il commence également à peindre à l'aquarelle, le grand medium économique du XIXe siècle, bien plus facile à transporter que la peinture avec un chevalet.


Adalbert Stifter, aquarelle

 

Ce tableau célèbre sera utilisé pour la couverture d'un de ses romans.

 

Mais sa prédilection va à la peinture à l'huile : "il n'y a rien sur Terre, écrit-il, qui m'émeuve autant que la peinture."


 

Pour être tout à fait franc, je trouve que ses œuvres de la première partie de sa vie montrent une peinture très honnête, de bon technicien, qui s'inscrit bien dans le style Biedermeier (période artistique autrichienne de la première moitié du XIXe siècle).


 

Une peinture assez lisse, très propre, avec un certain charme.



 

Les paysages de montagne me semblent les plus réussies de ces années 1830, avec une exaltation de la nature encore romantique, qui à son meilleur s'approcherait de Caspar David Friedrich.



 


 

L'originalité de l'approche de Stifter est qu'il utilise à la fois la peinture et l'écriture pour retranscrire ses idées et ses émotions. Le même paysage peut donner lieu à un tableau et à une nouvelle en parallèle. 




 

Cependant, avec la maturité, Stifter s'écarte de ce style assez léché pour proposer une peinture plus expérimentale.


 

 

Il recherche à transcrire sur sa toile des états d'âme, des sensations, des sentiments, et même des rêveries.


 

On mesure l'évolution de son style ; les cartels parlent d' "expressionnisme précoce", mais ce serait surtout à Courbet qu'il me ferait penser.

 


 Je ne déclare pas que c'est un peintre renversant ni qu'il a joué un rôle majeur dans l'histoire de la peinture, mais je trouve toujours intéressant ces artistes qui tentent de s'exprimer par plusieurs moyens. Et, si je ne trouve pas ici la puissance d'un Hugo par exemple, je suis intéressé de découvrir un peintre chez l'écrivain.

4 commentaires:

  1. Never heard about this author ! I love the last paintings. I will try to get one of his books.
    Thanks for this greatly informative post.
    Annie

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  2. Très intéressante découverte, merci pour ce bel article.

    RépondreSupprimer

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