C'est devenu difficile en France de voir des opérettes de Kalman, ce Hongrois devenu pur Viennois, et dont plusieurs œuvres se maintiennent au répertoire du Volksoper. Pourtant, Die Csardasfürstin, créée en 1915, n'arriva ici qu'en 1966. Et pourtant, on n'est pas loin de la 500e ! Je l'ai déjà vu dans ce théâtre, le lieu idéal pour voir ce répertoire où il est si amoureusement présenté, mais dans l'ancienne production. La nouvelle date de l'an dernier et en est déjà à sa quatorzième représentation.
La production de Peter Lund
Peter Lund a conçu une production très vivante avec un ingénieux décor de blocs mobiles. Au début, lorsqu'Edwin soupire dans le château, la scène présente une bibliothèque qui va soudain se fendre en deux. Les deux parties pivotent et deviennent la scène du cabaret pour la deuxième scène.
Ils pivotent de nouveau pour recréer les appartements de Sylva, en se présentant de profil ; des éléments descendent des cintres pour dessiner les loges des danseuses.
En outre, le contexte historique est mis en avant avec des projections de films d'époque, vrais ou faux ; aux extraits d'archives se mêlent des pastiches très crédibles pour retracer la carrière de Sylva aux Etats-Unis.
Les scènes du château sont hilarantes, grâce à une direction d'acteurs très travaillée.
Le moment où Sylva dévoile sa véritable identité est souligné par son portrait gigantesque projeté sur le fond ; les personnages de la galerie de portraits semblent être venus pour assister à la scène (et s'en offusquer !).
Ajoutons des ballets parfaitement réglés, et une atmosphère de cabaret qui me semble lorgner sur l'entre-deux-guerres, et même sur l'expressionnisme allemand. Bref, une production qui fonctionne bien.
Distribution du jour
Pour ce répertoire comme pour la comédie musicale, on n'a pas forcément besoin des plus belles voix du monde, ni des plus puissantes, mais il est indispensable que les chanteurs jouent, dansent, et sachent bouger. Le Volksoper a tout cela dans sa troupe.
Nikolaus Hagg, dans une série de rôles est toujours efficace, ainsi que Christian Graf, un autoritaire Eugen, et que Wolfgang Gratschmeier, digne prince, émouvant lorsqu'il apprend la véritable identité de son épouse.
C'est Sigrid Hauser qui incarne cette ancienne chanteuse devenue princesse, et son duo avec Feri, son ancien amoureux, est irrésistible.
Ce dernier est le très professionnel Boris Eder, qui chante avec une voix typée.
Michael Havlicek a en charge le lourd rôle de Boni, avec des duos de danse et une large partie chantée. Il fait aussi bien l'un que l'autre, avec une voix agréable et légère.
Sa Stasi (diminutif d'Anastasia, rien à voir avec la police secrète de la R.D.A.) est Juliette Khalil, piquante et très vive.
Szabolcs Brickner, que je n'ai entendu que dans Alfred de Die Fledermaus, est un très élégant Edwin, et il chante avec classe son air du deuxième acte, un des tubes de la partition. Beaucoup de chic dans cette incarnation.
Le rôle de Sylva Varescu est important et demande des talents multiples ; il faut danser à plusieurs reprises, et chanter dans une tessiture large, sollicitée dans le grave comme dans l'aigu. Ursula Pfitzner est rompue à ce répertoire et fait tout cela avec énormément de chic, tout en laissant deviner les fêlures du personnage. Je l'ai toujours entendue excellente !
C'est un spécialiste de l'opérette viennoise, Alfred Eschwé, qui dirige avec beaucoup de métier et de vie un orchestre irréprochable. Que demander de plus ?
Nikolaus Hagg |
Juliette Khalil |
Szabolcs Brickner |
Boris Eder |
Christian Graf |
Alfred Eschwé |
Wolfgang Gratschmeier |
Sigrid Hauser |
Ursula Pfitzner |
Michael Havlicek |
It looked funny and wonderful !
RépondreSupprimerI would like to have attended this performance...
Great article.
Annie
Oh yes, it was a great pleasure to attend it !
SupprimerThank you, Annie.