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mardi 4 décembre 2018

Paris : L'Elisir d'amore (L'Elixir d'amour) à l'Opéra Bastille


Comme je l'ai souvent écrit dans ces articles, j'ai un gros faible pour Donizetti et j'adore L'Elisir d'amore. Evidemment, je l'ai vu à Vienne il y a moins d'un mois, mais est-ce une raison pour refuser cette reprise parisienne ?



La production de Laurent Pelly


Le rideau de scène : fausses publicités d'époque pour l'élixir de Dulcamara

Bien connue par les représentations de Covent Garden et les séries dans ce même Opéra Bastille, popularisée par les DVD, cette production mérite sa bonne réputation.


L'époque retenue ici est l'après-guerre, ce qui évoque toute une période de cinéma réaliste italien bien représentée dans ce village de l'Italie profonde, avec sa pyramide de bottes de foin et son petit bar du carrefour.


Comme dans toutes les mises en scène de Pelly, on bénéficie des deux points majeurs d'une mise en scène : la conception d'ensemble, basée sur une idée forte, et une direction d'acteurs au petit point. Rien de révolutionnaire dans un opéra difficile à réinterpréter mais un très solide spectacle, qui insiste sur la différence entre les deux protagonistes principaux et sur l'émancipation de l'héroïne, qui est bien la maîtresse du jeu.



L'arrivée de Dulcamara avec son camion de foire sonne particulièrement juste, et se double avec les désopilantes publicités, plus vraies que nature, présentées sur le rideau de scène (voir au-dessus).


Les lumières suspendues sont une belle idée. A la fois luminaires de la fête et étoiles du ciel, c'est un poétique décor pour la furtiva lagrima, le tube de Nemorino.

Les chœurs aux saluts avec le décor

 La distribution du jour


Adriana Gonzalez, Gabriele Viviani, Valentina Naforniţă, Vittorio Grigolo, Étienne Dupuis

Adriana Gonzalez

La jeune Adriana Gonzalez, une Guatémaltèque en résidence à l'Atelier Lyrique, se montre bien prometteuse en Giannetta. Je n'oublie pas que c'est dans ce rôle que j'ai entendu la première fois Aida Garifullina, revue récemment en Adina !

Adriana Gonzalez, Gabriele Viviani

Gabriele Viviani s'avère un baryton tout à fait respectable ; après son Enrico de Lucia, j'avais vraiment apprécié son Gleby d'Iris (Mascagni) à Montpellier, ou son Scarpia.

Je ne suis pourtant pas convaincu que les barytons soient idéaux pour Dulcamara, et malgré sa verve et le soin de l'interprétation, il souffre d'un registre grave moins coloré et moins puissant, ce qui diminue sérieusement son impact. Dommage pour ce sympathique artiste.

Étienne Dupuis

Etienne Dupuis est très à l'aise, au contraire, dans la tessiture de Belcore, et il phrase très agréablement son Paride vezzoso en faisant rutiler sa voix moelleuse. La salle est peut-être un peu grande pour son émission, ce soir, et l'Opéra Garnier lui aurait sans doute convenu davantage.

Valentina Naforniţă

C'est donc la deuxième fois que j'entends l'Adina de Valentina Naforniţă, qui succède ici à Lisette Oropesa (qui s'est assurée un beau succès dans la première série de représentations). Si Lisette a une voix davantage placée vers l'aigu, avec un registre colorature facile, ce n'est pas le cas du soprano plus lyrique de Valentina. Pour ma part, c'est ce type de voix que je préfère en Adina, et je ne suis pas déçu par cette impeccable prestation, très précisément phrasée, avec un jeu de couleurs variées.

Je pense que les deux Adina se valent par la qualité de leur engagement scénique…

Vittorio Grigolo

Vittorio Grigolo a mis le public dans sa poche, à entendre l'ovation triomphale qui salue sa performance. Sa voix toujours aussi puissante, son interprétation au microscope qui l'amène à faire un sort à chaque note, son jeu de ludion surexcité, qui saute, danse, écarte les bras sans cesse, ont visiblement conquis l'auditoire.

Pour ma part, comme avec son Duca di Mantova, je demeure plus réservé. Je trouve que c'est surtout l'excès qui définit sa prestation, et l'agitation permanente avec laquelle il caractérise son personnage m'épuise. Un chanteur doué, un timbre solaire très appréciable, certes, mais un manque de mesure que je regrette beaucoup.

Giacomo Sagripanti, Valentina Naforniţă

 J'ai vraiment apprécié les précédentes prestations de Giacomo Sagripanti, à Paris ou à Moscou, et ce depuis un certain Werther qui m'avait passionné. Je suis un peu moins enthousiaste ce soir, il me semble qu'il apporte moins de personnalité à sa direction. C'est bien fait (tempi justes, qualité du phrasé, solidité de la mise en place), mais je peine davantage à discerner ici une vision originale.

Rien à redire sur les chœurs et l'orchestre qui font un travail très respectable, particulièrement les bois très sollicités dans cet opéra.

Adriana Gonzalez

Valentina Naforniţă

Gabriele Viviani

Vittorio Grigolo

Giacomo Sagripanti et sa femme, la soprano Zuzana Markova

Étienne Dupuis

10 commentaires:

  1. A very funny show, isn't it ? Thanks for this fine and accurate post !
    Annie

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  2. Totalement d'accord avec vous. Grigolo c'est vraiment too much!

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  3. A la longue je finis par me faire une idée de vos critères de jugement. Interprétation intense, oui, mais numéro démesuré, non. Je suis allé entendre sur Youtube ce M. Grigolo, j'ai trouvé qu'il chantait bien avec une belle voix. Colorée comme vous dites. Pour le reste, je pense qu'il faut être connaisseur comme vous pour affiner le jugement.
    En tout cas, comme vous voyez, je me forme grâce à vous !
    Continuez à produire vos passionnants articles.
    Pierre

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    Réponses
    1. Je prends sans doute au moins autant de plaisir à lire vos compliments toujours renouvelés, Pierre.
      Un très sincère merci, et bravo pour votre curiosité et votre ouverture. Je ne connais pas d'autre lecteur "néophyte" (ce n'est pas une critique, rassurez-vous) qui produise autant d'efforts personnels pour me suivre.

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  4. Thank you very much
    V.

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