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lundi 31 décembre 2018

Prague : Sainte Agnès de Bohème, le couvent


Après cette promenade dans Josefov, j'atteins mon but, le couvent de Sainte Agnès de Bohème.



Je n'ai encore jamais visité ce fameux couvent, pourtant un des lieux célèbres de la ville. Un ancien couvent de Clarisses dont on a magnifiquement restauré les bâtiments.





C'est Jean-Paul II qui finit par canoniser Agnès, "la Bienheureuse", la fille du Roi de Bohème qui avait pris le voile des Clarisses, ces religieuses qui suivaient la règle de Sainte Claire, l'équivalent féminin des Franciscains. C'est un des tout premiers groupements de Clarisses hors d'Italie.

La jeune fille qui vécut au XIIIe siècle est devenue la sainte patronne de Bohème.


Fille d'Ottokar I, Agnès avait été élevée par des Cisterciennes et on calculait à qui la marier pour produire une union fructueuse. Mais la jeune fille, animée d'une foi ardente, écrivit au pape pour obtenir sa protection. A l'âge de vingt-neuf ans, elle créa ce couvent (sans doute son origine favorisa un peu les donations) et se consacra aux pauvres et aux malades. Elle devint abbesse et veilla à ce que la règle de l'ordre soit strictement observée. Elle mourut en 1282, très respectée pour sa dévotion et les qualités montrées dans l'administration du monastère.

C'est elle qui est représentée sur le billet de cinquante couronnes.


La cuisine est une étrange pièce carrée sans cheminée, mais au plafond percé. Je présume que le foyer était donc central. Ambiance enfumée garantie !
 
 
La maquette présente un vaste enclos, avec d'importants bâtiments. C'est surtout la surface de l'ensemble qui m'impressionne.


Les salles suivantes sont transformées en un petit musée lapidaire, avec des vestiges sculptés. Je trouve cette tête de petit veau très pittoresque !

 

Voilà une stèle à tous points de vue singulière : par la matière (la marne, peu employée) ; par le sujet (trois saintes identifiables : Catherine avec son épée, Barbe-Barbara avec sa tour, Agnès avec l'agneau, choisi pour la ressemblance avec le nom) ; par le style, avec ces yeux presque orientaux ; enfin par les rares symboles maçonniques sur les écussons de l'arcature.

 
 
Les voici donc, ces deux symboles maçonniques.



 

La pierre tombale d'un fondeur de cloches, on ne peut pas se tromper !



Quelques fresques subsistent, mais ma photo est vraiment médiocre ! Je n'ai pas pu faire mieux.


Pas de fantaisie chez les Clarisses. Les bâtiments montrent extrêmement peu de décorations (comme d'ailleurs ceux de l'abbaye bénédictine d'Emmaüs, visitée hier). Le cloître est à l'image de l'ensemble, d'une grande sévérité. Pas un chapiteau orné, pas une sculpture. Mais l'harmonie des voûtes gothiques, c'est déjà beaucoup !


Grande salle, toujours aussi rigoureuse, divisée en deux par le pilier central. D'un côté le réfectoire, de l'autre l'atelier où travaillaient les nonnes. On garde toujours à l'esprit la devise de Saint Benoît, Ora et labora (Prie et travaille).


A côté, une salle très similaire : la salle du chapitre ou salle  capitulaire. La petite porte au fond donne sur la minuscule cellule de l'abbesse. Je n'ai pas pris de photo, elle était obscure et tout aussi dénudée.


La Chapelle de Notre Dame fut construite vers 1240 (donc dans les premières années du couvent), simultanément avec le chancel de l'église de Saint François qui la jouxte. Elle fut modifiée  plusieurs reprises, d'abord divisée en deux parties ensuite réunies. Elle servait à la bénédiction de l'abbesse et à la consécration des novices.



L'église de Saint François est le centre liturgique le plus ancien du couvent. C'est là qu'Agnès prononça ses vœux, en présence d'évêques et de toute la famille royale.


Il ne reste que l'arcature et la base de l'enfeu d'Agnès, une construction où elle était enterrée. Le bouquet montre la dévotion dont elle fait toujours preuve.



On remarque tout de suite l'ornementation, certes limitée aux chapiteaux, mais jusque-là absente. De belle facture, en outre.


La présence de blasons ne surprend pas ici.


Les tombeaux royaux témoignent de la renommée du lieu. Cunégonde de Souabie a eu droit à une représentation gravée, simplifiée mais élégante.



Dans ce contexte de rigueur absolue, je suis d'autant plus stupéfait par ces chapiteaux à tête.





Aucune indication sur ces têtes féminines couronnées de feuillage. Agnès ferait-elle partie du lot ?



Certes, la vigne est un symbole chrétien, mais je suis toujours surpris de voir ces représentations-là dans un couvent, encore plus de Clarisses, dont la règle était particulièrement ascétique.

8 commentaires:

  1. A guided tour of a wonderful monastery, deep in history,with #1 pics.
    Thanks for this captivating post!
    Annie

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    1. Thank you Annie ! It is still a great pleasure to read your warmest comments.
      Sorry for my late message !

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  2. Magnifique monastère, très différent de celui d'Emmaüs que vous avez visité auparavant. Je n'ai jamais rien vu qui ressemble à cette pierre tombale avec les trois saintes.
    Merci pour cet enrichissant article.
    Pierre

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    1. Effectivement, cette stèle est d'un modèle rare.
      Merci pour ce chaleureux commentaire!

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  3. Outstanding post upon a wonderful old monastery. A great testimony of Middle Ages.
    Pretty nice pics and texts.
    Thanks for your work.
    Janna

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  4. Thanks Janna for your nice feedback, I appreciate!

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  5. Très beau couvent. Article très intéressant avec des commentaires de qualité.

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  6. Merci beaucoup, cher Anonyme, pour ce chaleureux commentaire !

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