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dimanche 30 décembre 2018

Prague : Abbaye bénédictine d'Emmaüs


Un grand clocher attire l'oeil. Le bâtiment figure bien sur le plan mais pas sur le guide. Qu'est-ce que cette mystérieuse abbaye ?




Lorsque déferla sur toute l'Europe le grand mouvement monastique suscité par la règle de Saint Benoît, la Bohême bénéficia aussi de ce renouveau.

L'abbaye fut promptement construite en moins d'un demi-siècle et consacrée en 1373. On la voua très politiquement à une foule de saints : Marie de Nazareth, Jérôme de Stridon, mais aussi aux saints slaves Cyrille et Méthode et aux Tchèques Adalbert et Procope.

Le bâtiment extérieur



L'église gothique impressionne par sa masse quand on pénètre dans l'enclos. Une curiosité : ses tours, bombardées à la seconde guerre mondiale, n'ont pas été reconstruites mais remplacées par de modernes structures de béton, que je trouve plutôt réussies.

La Gestapo avait expulsé les moines pour convertir l'abbaye en hôpital militaire.


Actuellement une artiste expose d'étonnants paysages de neige, en travaillant texture et palette très réduite.


Le cloître



Le cloître me surprend par ses proportions, avec de larges travées lumineuses.


Le jour décline vite et, en l'absence de lumière artificielle, beaucoup de fresques sont difficiles à distinguer. Cette Vierge à l'Enfant très fraîche, avec une riche robe aux plis précis, échappe un peu à l'obscurité ambiante (mais l'ordinateur a beaucoup travaillé pour éclairer la photo).


La chapelle impériale



L'empereur Ferdinand III demanda qu'on consacrât cette chapelle aux saints protecteurs de la peste.
rénovée en 1636, elle fut finalement décorée de fresques pimpantes dans les années 1880 par Beuron et son école.

Je ne sais si c'est l'époque tardive, mais le programme ici n'est pas courant.


Tout d'abord les fameux protecteurs de la peste (Bennon, Sébastien, Fabien et Roch) puis des anges préraphaélites aux lèvres rouges qui participent à la messe chantée par des Bénédictins.


De l'autre côté, Moïse prie pendant la bataille des Amalécites.


 Christ en écho, sur la fresque et en crucifix. Le second me frappe par son expressivité, c'est de la belle ouvrage.


Un trio inusité de saints patrons de la musique : Grégoire le Grand, un des Pères de l'église, y figure peut-être à cause du chant grégorien, inventé par des moines lorrains. Avec lui, les plus habituels roi David et Sainte Cécile avec sa lyre. Composition équilibrée, palette lumineuse.


Le mur d'entrée diffère encore stylistiquement, et on y trouve une composition plus familière.


Les restaurations ont permis de mettre à jour des vestiges de la décoration gothique d'origine, avec des blasons traditionnels comme on en trouve souvent à la voute des églises.


J'ai fait le maximum, mais on n'y voyait vraiment rien. Au moins constate-t-on la présence de fresques et le découpage en registres.



L'église


Une énorme halle à l'allemande, très large mais pas si haute. Un édifice pratique, prévu pour assurer à une foule nombreuse une bonne visibilité de la messe.


En ces temps de Noël, plusieurs crèches y sont exposées. Les statues de celles-ci sont presque de taille humaine.


La statue de Notre-Dame de Montserrat, du XVIIe siècle, fut offerte par des Bénédictins espagnols.


Sans être vraiment une Vierge noire (j'en ai vu aussi sombres que du charbon), celle-ci n'en a pas moins une carnation très mate.


Je suis quand même un peu ébaubi par le peu de décoration dans cette vaste église. Les deux fresques du chœur ne s'en détachent que davantage.



A droite, un curieux édicule. Je pensais à un baldaquin mais ce n'est qu'une arcade, comme une entrée de temple.


Sur la seconde fresque, les Anges du Paradis trompettent à qui mieux mieux.



Une autre surprise avec ce devant d'autel peu conventionnel mais rutilant.




Visiblement bien plus récente, cette salle au plafond stuqué semble toujours en usage.

Saint Jean Népomucène sur le rocher



Comme il faut partir pour l'Opéra (représentation de Rusalka à 17:00), il ne reste plus assez de temps pour visiter cette fameuse église, œuvre de Dietzenhofer. Je me dépêche de faire deux photos avant de filer !


4 commentaires:

  1. I loved the paintings in the chapel.
    Great pics, inspiring post!
    Annie

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  2. Encore un site que je découvre grâce à vous. J'ai vérifié, il n'apparaît même pas sur mon guide de Prague !
    C'est intéressant de voir le contraste entre l'église, presque nue, et ces fresques dans le cloître et encore plus dans cette chapelle très originale.
    Merci pour ce bel article
    Pierre

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense que c'est un lieu très peu visité. C'est un passant qui est venu me recommander la visite alors que je me trouvais près de la statue de Palacky !
      Merci, Pierre.

      Supprimer

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