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mercredi 13 avril 2022

New York : Concert du New Juilliard Ensemble


Les adieux de Joël Sachs à la tête du New Juilliard Ensemble

Au fil des années, j'ai suivi quatre concerts du New Juilliard Ensemble, formé de brillants étudiants de la prestigieuse Juilliard School, et spécialisé dans la musique contemporaine. Toujours très investis, et dirigés avec passion et précision par Joël Sachs depuis une cinquantaine d'années, je crois bien !

Ce soir, ce grand monsieur tire sa révérence et laisse à son successeur le soin d'entretenir la flamme. Il a choisi de reprendre une pièce qu'il avait créée en 2004 et de donner trois autres en création mondiale. 



Yanfang Xu, Fantastic Creatures of the Mountains and Seas


La première est un récit narré par une récitante sur fond de musique. 

La compositrice Yanfang Xu est une Chinoise vivant à New York et son œuvre révèle clairement l'influence orientale dans les textures comme dans les thèmes. Très facile d'accès, elle est parfois descriptive (liquidités des bois, ruissellements de la harpe) mais plus souvent encore évocatrice. 


Dès le début du concert, on constate combien les jeunes musiciens sont "dans" la musique qu'ils jouent avec professionnalisme et beaucoup de minutie, enlevés par la baguette enthousiaste du chef. Lennox Thuy Duong interprète avec clarté et vivacité le texte. 


Paul Frehner, Sometimes the Devil plays Fate


La seconde œuvre est un cycle de Lieder, des poèmes souvent répétitifs (comme une psalmodie, ce que la musique n'évoque pas). La partition est très exigeante pour la mezzo-soprano, avec de longues phrases et un très large ambitus, et demande de sérieuses réserves d'interprétation. 


La jeune Mary Beth Nelson n'a pas qu'une belle robe, elle se montre impeccable de netteté du texte et de nuances. Elle montre une séduisante palette, particulièrement dans un aigu très étoffé. 


Le chef et ses musiciens se lancent dans l' interprétation en donnant l'impression de tout donner. Le violoniste Luke Henderson est remarquable. 


Diana Syrse, The Invention of Sex



La troisième œuvre est également pour vœux et orchestre. Chose peu courante, c'est la compositrice elle-même qui assure la partie vocale. 

Fierté sans doute légitime, mais selon moi pas le meilleur choix. 

La voix, sonorisée, est loin d'être extraordinaire, et elle touche rapidement ses limites. Timbre peu riche, aigus saturés et médium creux, avec une technique parfois fruste... 

On est davantage attiré par ces faiblesses que par l'intérêt de la partition, pourtant originale et bien construite pour l'orchestre. 

Ça me fait réfléchir au problème du créateur et de sa création, et je demeure convaincu que l'auteur n'est pas nécessairement le meilleur interprète. On peut voir dans l'œuvre plus loin que son auteur. 

En tout cas, ce soir, c'est flagrant. 


Paul Desenne, Sinfonia burocratica ed amazzonica


La dernière pièce au programme est donc une reprise puisque Joël Sachs l'avait créée avec son ensemble en 2004.

Œuvre très personnelle, puissamment évocatrice d'images, elle réclame une précision redoutable et sa difficulté technique saute souvent aux oreilles. Les jeunes virtuoses n'en font pourtant qu'une bouchée, donnant l'impression de s'y amuser et communiquant leur plaisir au public. 


Dernière fête pour un grand monsieur, infatigable défenseur de la création, merveilleux chef adoré de ses musiciens. Moment d'émotion pour ce dernier salut avec une salle debout (où se trouvent, paraît-il, beaucoup d'"anciens"), la larme à l'œil. 


Joël Sachs

 Merci monsieur. 

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