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samedi 31 juillet 2021

Athènes : l'Antique Agora

Site incontournable de l'histoire mondiale, où Socrate présentait sa philosophie et Saint Paul venait prêcher... Même si l'histoire n'a pas été tendre pour les constructions antiques, cela reste une visite captivante.

L'Agora était le centre de la vie publique dans l'Athènes antique ; lieu de commerce, de politique, mais aussi de vie sociale.   On a rédigé des thèses entières sur le sujet, domaine dans lequel les Français se sont brillamment illustrés, et ce n'est pas l'objet de ce blog d'être exhaustif.


Cependant le site n'est pas si facilement lisible, et j'ai choisi de placer au début de mon article cette maquette exposée dans le musée qui permet de mieux déchiffrer les alignements de pierres. Le temple d'Héphaïstos à droite et le portique d'Attale, une galerie marchande couverte, servent de repère pour s'orienter.


Le site, bon exemple de végétation méditerranéenne avec ses myrtes, ses pins et ses buissons de romarin, est suffisamment planté pour être bien agréable à visiter. 

L'Odéon et le Gymnase

Si l'odéon d'Hérode Atticus, au pied de l'Acropole, était bien conservé, celui-ci n'offre plus que quelques blocs où on a remonté quelques statues. Après la période romaine, le pillage des matériaux suivi des nouvelles constructions ottomanes eurent raison du site. Il fallut attendre la patience des archéologues fouilleurs pour remettre à jour les traces de ce passé prestigieux. C'est donc peu, mais c'est déjà beaucoup.

Agrippa, le gendre de l'empereur Auguste, voulut un odéon (un petit théâtre) prestigieux, particulièrement dédié à la musique, et il fut complété par un Gymnase, "le palais des Géants", un luxueux établissement de bains.


Les quelques statues gigantesques ont la lourde charge de rappeler ce passé prestigieux.


La stoa de Zeus Eleutherios

La stoa est un portique, une longue colonnade couverte, et c'est bien difficile de l'identifier ici (bravo aux valeureux archéologues !) mais la reconstitution du dessin aide un peu. Elle accueillait le culte de Zeus Eleutherios et Socrate était un habitué des lieux.

Le temple d'Héphaïstos

Ô miracle, voici un temple dorique vraiment très bien conservé. Celui qui est le mieux préservé de toute la Grèce, paraît-il.

C'est Ictinos, un des architectes du Parthénon,  qui fut chargé de sa construction en 449 avant notre ère. Il était dédié à Héphaïstos, le Vulcain des Romains, le dieu forgeron. Logique, c'était l'activité principale du quartier où on l'avait bâti.

Il est orné des travaux d'Hercule, assure-t-on. Je me retrouve avec le jeu habituel de l'identification des scènes (l'an dernier, Hercule m'avait donné du fil à retordre à la Villa d'Este) et cette version lacunaire me semble encore plus ardue. Hercule combat beaucoup, il faut bien le reconnaître.



Les trente-quatre colonnes, toujours légèrement coniques, assurent une belle régularité.

Comme toujours, il fut sauvé par sa transformation en église, Saint Georges en l'occurrence, au VIIe siècle. L'espace intérieur avec la cella n'est pas immense, pourtant. On ne peut pas s'avancer plus loin que les marches, vous l'aurez compris.

D'autres batailles féroces se déroulent sur les frises : Thésée contre les Lapantides (il faut que je révise, ça ne me parle absolument pas) et Lapithes contre Centaures. Je présume que les corps équestres appartiennent à ces derniers.


En prime, depuis la terrasse, vue gratifiante sur l'Acropole.

On voit presque tout, la Porte avec le temple d'Athéna Niké, celui de Poséidon, le Parthénon... D'ailleurs, hier, je faisais la photo inverse du temple d'Héphaïstos depuis l’Acropole !


La Tholos

Encore une fois, heureusement que le dessin est là.

Cette Tholos, un édifice circulaire bien reconnaissable, s'avérait le quartier général des prytaneis (on connaît le prytanée, lycée militaire) ; ils servaient de comité exécutif et siégeaient ici par rotation. Cette Tholos renfermait aussi les poids et mesures officiels.

Ces sites antiques sont toujours un réservoir de tessons de terre cuite.

La Fontaine

Il faut féliciter les archéologues émérites qui sont parvenus à retrouver le bâtiment ci-dessous dans la quasi-absence de vestiges retrouvés.


La Prison

Les blocs me semblent un peu plus loquaces. En tout cas, c'est ici qu'on enfermait les indélicats ou ceux dont on voulait se débarrasser. La prison permettait aussi de stocker en abondance la ciguë, solution définitive réputée.



Je crois qu'il s'agit d'une variété d'acacia... S'il y a erreur, n'hésitez pas à m'envoyer une petite note assassine...


Bien peu de sculptures sont visibles in situ, mais on voit tout de suite que celle-ci n'est pas antique. Elle serait plutôt à rattacher à la construction suivante.

L'Eglise des Saints-Apôtres

Cette église byzantine, mignonne comme tout, fut érigée au XIe siècle, afin de rappeler l'enseignement de Saint Paul sur l'agora.

La façade est vraiment originale avec ces signes apparemment cabalistiques : en fait, il s'agit d'une imitation de la calligraphie coufique, une écriture orientale anguleuse. Je me rappelle de splendides manuscrits admirés à Istanbul.


Les fresques ne semblent pas toutes conservées mais il en reste suffisamment  pour se représenter l'ensemble. Ont-elles été rapportées où sont-elles restées en place ? J'ai des doutes. La gardienne m'informe que celles-ci proviennent d'églises du coin. Celles sur les voûtes, en revanche, sont d'origine et datent du XVIIe siècle.

Dans l'iconographie byzantine et orthodoxe, j'ai toujours énormément de difficultés à identifier les personnages si leur nom n'est pas écrit. Peu d'attributs, des visages qui se rapportent plus à un style qu'à un type de personnage, hormis celui du Christ Pantocrator qui connaît peu de variantes. Moi qui adore ce jeu d'identification, je suis toujours frustré de perdre à presque tous les coups.

Tout de même, je sais reconnaître un ange !

On est encore dans les exemples anciens ; l'espace du culte est bien séparé de celui des fidèles, mais par une barrière ornée de plaques sculptées et d'une poutre, ce qui deviendra la poutre de gloire chez nous. Mais ce n'est pas encore l'iconostase, qui dissimule complètement la partie arrière.

 Pour les colonnes, évidemment, on n'a eu qu'à se servir sur le site. De mémoire, l'église est édifiée sur un ancien nymphée.





Et voilà un parent bien proche des pavements cosmatesques si répandus à Rome !


Au fond, voilà le Portique d'Attale reconstitué, qui abrite maintenant le musée. La construction est évidemment moderne mais elle restitue bien le bâtiment d'origine, donc une grande galerie marchande qui était aussi un lieu de rencontre très prisé.


La stoa moyenne peut encore se lire dans le tracé des bases de colonnes.


 

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