A la découverte de peintres français, connus, comme Renoir ou Monet, et de peintres tchèques, pour moi ignorés, dans un magnifique musée. La série que j'ai incluse s'arrête aux années 1930 et comprend également quelques artistes allemands, notamment ceux de
Die Brücke.
L'ancien bâtiment de la foire de Prague est devenu un spacieux musée, façon Centre Pompidou, où les œuvres sont clairement exposées, avec beaucoup de place.
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Vojtěch Hynais, Portrait de Masaryk |
Cette section débute par un portrait officiel du
premier président tchèque, réalisé par un peintre académique, qui est suivi par une série de têtes sculptées.
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Frantz Metzner, L'Abbesse |
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Maximilian Oppenheimer, Chirurgie |
Scène touffue et saisissante par un peintre autrichien.
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Maxim Kopf, Times Square |
Incroyable de voir combien
Times Square, cette place de New-York célèbre pour ses publicités, a finalement peu changé, et était déjà bondée en 1924 !
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Karl May, Fleurs |
Fascinante nature morte par un peintre dont j'ignore tout.
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Fritz Kausek, Nature morte |
Une pointe de cubisme dans cette excellente nature morte.
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Wilhelm Thöny, Le Verdict |
Glaçant. A la Kafka.
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Richard Schroetter, Paysage aux baigneuses |
Couleurs et lumières en contraste, mais une palette très réduite et un peu de surréalisme.
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Max Pechstein, Pont près de Lebo |
Très représentatif des tableaux du groupe
Die Brücke : dessin assez simple, couleurs vives et pures.
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Max Liebermann, Jardin de la maison de l'artiste à la Wannsee |
Les villas de la Wannsee étaient le lieu de villégiature favori des Berlinois. L'une d'elles servit à une célèbre conférence qui décida du sort des Juifs pendant la seconde guerre mondiale. Passionnante visite quand on se rend à Berlin !
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František Kaván, Le Saule |
Réalisation par un artiste singulier, peintre et poète.
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Jan Preisler, Baigneuses IV |
Un thème millénaire... Étonnante version qui associe société contemporaine et échos antiques avec les cavaliers nus.
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Max Švabinský, Kamelie |
Max Švabinský fut reconnu comme un des grands peintres tchèques du XXe siècle et exerça une large influence. La lumière comme la palette me semblent très originales.
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Bohumil Kubišta, Carrière à Branik |
Proche de
Die Brücke, Bohumil Kubišta fonda son propre groupe artistique,
Osma. L'expressionnisme se perçoit dans ces arêtes découpées.
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Emil Filla, Nature morte au sanglier et à la grouse |
Je découvre Emil Filla , apparemment un grand nom, chef de file des avant-gardistes tchèques. Cette
Nature morte au sanglier et à la grouse se rattache clairement au cubisme. Je le retrouverai à diverses reprises.
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Pravoslav Kotík, Le Sommeil |
Légèrement érotique mais très délicate peinture.
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Otakar Kubín, Le Berger |
Otakar Kubín est un peu plus connu chez nous sous le nom d'Othon Coubine ; ce peintre s'installa à Paris dès 1926 et obtint la nationalité française. Il y rencontra le succès, acheta le château de Caseneuve ainsi qu'une maison à Simiane-la-Rotonde, en Provence. La palette fondue donne beaucoup de douceur.
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Václav Rabas, Les Champs d'Holešovice |
Peintres français
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Pablo Picasso, Femme debout |
Un Picasso caractéristique de son travail durant les années 1920.
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Georges Braque, Nature morte à la guitare |
Et un Braque tout aussi identifiable.
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Pierre Bonnard, Conversation en Provence |
Etonnante composition, avec ces feuilles qui créent un écran. Un beau Bonnard.
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Henri Matisse, Joaquina |
Un vigoureux portrait plein de caractère, sobre mais expressif.
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Paul Gauguin, Evasion |
La puissance des couleurs intenses. Titre énigmatique cependant.
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Paul Cézanne, Maison au Jas de Bouffan |
Le
Jas de Bouffan, un des lieux de prédilection du peintre aixois. J'adore Cézanne et pourtant ce tableau-ci ne m'enchante que moyennement.
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Georges Seurat, Port de Honfleur |
Une réussite pointilliste avec une douce palette aux pastels fondus. Seurat, un géant trop méconnu !
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Vincent van Gogh, Champ de blé vert |
La veine de van Gogh que je préfère, avec une délicieuse palette fraîche et ensoleillée.
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Claude Monet, Deux Femmes parmi les fleurs |
Très très
impressionniste ! Les femmes se dissolvent presque dans le massif de fleurs.
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Camille Pissarro, Jardin à Val Hermeil |
Très joli tableau avec des couleurs délicates. Je n'ai pu éviter le reflet !
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Auguste Renoir, Les Amants |
Je ne suis pas toujours fan de Renoir, mais ce tableau-ci s'inscrit dans la série que je préfère (celle du
Déjeuner des Canotiers, par exemple).
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Camille Corot, Forêt de Fontainebleau |
Je pensais que ce tableau datait de la période italienne de l'artiste, où il a souvent utilisé ces ocres francs alors que les œuvres plus tardives baignent souvent dans une tonalité grisée.
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Honoré Daumier, Famille sur les barricades |
Le style du peintre me semble assez facile à identifier mais je ne connaissais pas ce bien intéressant tableau, avec un puissant message politique.
Tchèques, la suite
Beaucoup de peintres font un séjour à Paris et, si ce n'est le cas, sont influencés par d'autres qui ont fait le voyage. Les Allemands de
Die Brücke, les expressionnistes diffusent également leurs expérimentations. L'internationalisation stylistique fonctionne à plein régime, comme autrefois et aujourd'hui. Ce qui se fait en France ou en Allemagne se retrouve à l'étranger. On a beau ignorer jusqu'au nom de ces peintres, on n'est donc pas perdu pour autant.
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Josef Čapek, Maison près de la rivière |
Josef Čapek est mort au camp de Bergen-Belsen.
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Josef Čapek, Le Marin |
On voit ici un cubisme vigoureux et lumineux.
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Josef Čapek, Mr. Myself |
Une peinture aux allures de collage cubiste, dont le titre évoque un autoportrait.
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Karl Schmidt-Rottluff, Place du village |
Un des chefs de file de
Die Brücke, bien représenté par ce tableau aux couleurs violentes et au graphisme rapide.
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Paul Klee, Forêt tropicale |
Paul Klee m'enchante toujours ! Un explorateur de l'art toujours en recherche.
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Otto Dix, La Danseuse |
N'y a-t-il pas ici une bonne touche d'humour ? Otto Dix, un éternel iconoclaste !
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Otakar Marvánek, Forêt d'épicéas |
Die Brücke, version tchèque.
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Rudolf Kremlička, Fille se coiffant |
Rudolf Kremlička ne me dit rien du tout, mais l'intensité coloriste me rappelle un peu Modigliani.
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Jan Zrzavý, Mélancolie II |
Jan Zrzavý a marqué le XXe siècle tchèque par ses
recherches dans différentes directions. Un peintre singulier et riche
que je découvre aujourd'hui.
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Jan Zrzavý, La Veuve |
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Jan Zrzavý, Souffrance |
Un tableau vraiment étonnant, d'une simplification assumée, qui parvient à rester un vrai portrait.
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Jan Zrzavý, Chagrin |
Reflet désolant, d'où photo en biais... Dommage. Je trouve ce tableau hyper-travaillé d'une grande expressivité.
Le rôle de l'Union des Beaux-Arts
Ce cercle allemand (
Kunstverein für Böhmen) fut créé vers 1835 par l'aristocratie qui organisait des expositions dans ses palais ; à partir de 1885, c'est le Rudolfinum qui accueillit ces événements. Au début du XXe siècle, son horizon s'élargit en accueillant des artistes européens, notamment venus d'Allemagne et d'Autriche, mais aussi de France. Le but restait de vendre, mais ces expositions permirent d'échanger des influences. Par exemple, Pechstein, Klee ou Nolde furent salués par des présentations individuelles et jouèrent un rôle majeur. On repère, parfois très nettement, ces jeux d'influences.
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Adolph Hoffmeister, Le Pont |
Une toile naïve qui montre l'héritage du douanier Rousseau.
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František Muzika, Paysage |
Un autre grand nom de l'avant-garde tchèque, à découvrir.
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Jindřich Štyrský, Paysage |
Un artiste protéiforme, peintre, illustrateur, photographe, poète, éditeur...
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Jindřich Štyrský, Paysage aux maisons |
J'ai vraiment apprécié son travail, marqué par une forte personnalité, et toujours un sens aigu de la couleur. Il s'est visiblement imposé un cahier des charges très strict dans ce tableau, qui marche formidablement avec un nuancier minimaliste (mais quelle force dans cet audacieux fond pourpre !) et une gamme virtuose d'effets de matière.
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Jindřich Štyrský, Jardin japonais |
Si les couleurs n'évoquent guère l'archipel nippon (où l'artiste ne s'était sans doute jamais rendu), j'aime beaucoup sa construction spatiale et l'utilisation de quelques motifs pour créer un rêve de Japon.
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Jindřich Štyrský, Pierrot noir |
Un magnifique portrait cubiste, avec un sens aigu de la couleur.
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Josef Šíma, Denise Germain et Nadine Šíma |
Un peintre naturalisé français, surréaliste auprès d'André Breton.
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Anton Bruder, Un village en mars |
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Kurt Halleger, Hvar |
Une peinture volontairement synthétique qu'avive un sens aigu de la couleur.
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Willi Novak, Homme au cheval |
Le mystère de cette toile m'a attiré, avec les frondaisons qui dissimulent un édifice énigmatique.
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Fritz Kausak, Compagnie autour de la table |
Les Joueurs de cartes, version tchèque. La compagnie n'est pas très gaie... Vin triste.
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Charlotte Schroetter-Radzinova, Pierrot, Arlequin et une jeune fille |
Une artiste inconnue, mais quel beau tableau ! Je pensais d'abord à un Picasso, période des
Saltimbanques.
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André Derain, Une Femme assise |
Je ne l'avais pas du tout identifié !
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Pierre Bonnard, Jeune Femme |
Un second Bonnard, aussi vibrant que vivant.
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Otakar Kubín, Bouquet |
Bouquet un peu tristounet, mais un travail fort minutieux sur les fleurs.
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Suzanne Valadon, Bouquet devant la fenêtre |
Je suis loin de tout aimer chez Valadon, mais ce bouquet fantasque me plaît beaucoup. Les lignes des tiges qui s'entrelacent avec celles des branches, l'encadrement de la fenêtre répété par celui de la toile, la palette réchauffée par les couleurs complémentaires...
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Georges Braque, Nature morte aux raisins |
Très maîtrisé, presque austère.
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Pablo Picasso, Absinthe et cartes |
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Pablo Picasso, Nature morte au gobelet |
J'adore ce tableau, et ce travail très efficace sur les lignes.
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André Derain, Nature morte au pichet |
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André Derain, Nature morte au panier |
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André Derain, Nature morte aux fruits |
Je me laisse souvent berner ; je m'attends presque toujours à la période fauviste chez Derain alors qu'il a aussi été traversé par de nombreux courants.
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Otakar Kubín, Nature morte aux fruits |
Voilà aussi un peintre qui change beaucoup d'un tableau à l'autre.
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Maurice de Vlaminck, Nature morte aux œufs rouges |
Méconnaissable ! Pour une fois, un Vlaminck que je trouve vraiment intéressant.
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Raoul Dufy, Au Port |
Un Dufy 100% Dufy !
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Albert Marquet, Marseille en hiver |
Magnifique d'économie et d'atmosphère. Le temps immobile est toujours magnifiquement traduit par Marquet.
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Maurice de Vlaminck, Une Rue |
Très étonnant. Les matières improbables fonctionnent pourtant très bien et ce tableau a un incroyable relief.
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Maurice Utrillo, Rue des faubourgs |
La toile est charmante mais ce type de vue, étrenné chez les Hollandais du Siècle d'Or, ne subit guère d'évolution chez Utrillo.
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Marie Laurencin, Filles dans un paysage |
Une peintre un peu oubliée, très facile à identifier par ses personnages, souvent féminins, au teint pâle et aux yeux noirs et pleins. La palette froide est un autre indice valable !
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André Lhôte, Paysage |
Excellent peintre, inventif, bon coloriste, mais rarement valorisé chez nous. Très chouette paysage !
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František Kupka, Machines |
Un tableau de la période "machiniste" de Kupka, après la
rétrospective du musée Kampa.
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Toyen, Trois Danseuses |
Enfin une peintre dont j'ai entendu parler ! Marie Čermínová fut la compagne de Jindřich Štyrský (ce que j'ignorais) ; ils s'installèrent ensemble à Paris, et elle produisit des peintures originales, en passant du cubisme à l'abstraction lyrique, avec une longue étape parmi les Surréalistes dont elle fut très proche.
C'est sous le pseudonyme de Toyen qu'elle créa de nombreuses toiles, illustrations... Elle s'installa définitivement à Paris et fut extrêmement influente dans le collectif
Maintenant. Une grande artiste !
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Toyen, Toboggan |
Un cubisme aussi épuré que coloré, très séduisant.
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Toyen, Le Scaphandrier |
Génial !
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Toyen, Fjords |
Quelle originalité !
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Jan Zrzavý, Le Christ et Jean |
Rare toile religieuse, émouvant tableau. Ces visages allongés sont peut-être la marque de fabrique du peintre.
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František Muzika, Ma Mère |
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Karel Dvořák, Vers l'Amérique |
Quelle expressivité ! Économie de moyens, puissance de la sculpture, je suis impressionné.
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Zdeněk Kratochvíl, La Cueillette des fruits |
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Max Ernst, Facilité |
Un Max Ernst complètement inattendu, avec un sujet qui ne l'est pas moins.
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Alois Wachsman, Le Berger |
Toile étrange et assez inquiétante.
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František Muzika, Demi-nu |
Cubisme à la Picasso chez un peintre toujours en recherche.
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František Muzika, Nature morte à la coquille |
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František Janoušek, Le Sermon sur la montagne |
Toile incroyable. Je pense à certains tableaux de Dali.
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Jindřich Štyrský, Racines |
Un nouveau style exploré par un peintre décidément surprenant.
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Toyen, Poignée de mains |
La toile est de 1934 ! Je trouve cette artiste très en avance sur son époque.
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Jindřich Štyrský, De mon Journal |
Filla et les arts premiers
En 1935, se tint une exposition qui associait des oeuvres "premières", venues de la collection d'art africain et océanien d'un certain Joe Hloucha. Emil Filla, un des chefs de file du surréalisme tchèque, s'y associa en présentant tableaux et sculptures inspirés par cette collection. Je ne peux m'empêcher de penser à la même influence sur Picasso, quelques années avant, qui déboucha notamment sur
Les Demoiselles d'Avignon.
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Emil Filla, Tête de femme |
Impossible de ne pas songer à Picasso...
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Emil Filla, Trois femmes (triptyque) |
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Emil Filla, Nature morte au pigeon mort |
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Emil Filla, La Femme qui marche |
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Emil Filla, Nature morte avec une guitare et des cartes |
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František Gross, L'Homme bleu s'évanouirait s'il n'y avait pas d'éclairage |
Le peintre František Gross fut déporté à Terezin mais il survécut jusqu'en 1985. Dans les années 1930, il créa des toiles singulières aux titres improbables ; j'ai trouvé peu d'informations sur cet artiste, qui me semble influencé par le dadaïsme.
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František Gross, Le Doge de Venise ou Ce qui est sorti de la tasse |
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František Gross, Rymáň |
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František Gross, Machines |
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František Hudeček, Orgue dans la montagne |
Le sujet me paraît évoquer les orgues basaltiques, ces formations géologiques fascinantes. Le peintre a allié leur séduisant graphisme à de vibrants coloris, et l'ensemble imprime un rythme étonnant.
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František Hudeček, Dans l'Espace I |
Un peintre, décorateur de théâtre, créateur de la figurine
Night Walker, qui ne me dit rien du tout... Peinture très surréaliste.
A partir de ce moment de ma visite, j'entends les appels insistants à quitter les lieux. Je traverse nombre de salles qui me semblent contenir beaucoup de tableaux intéressants, avec des groupements par écoles dont je ne connais rien. Il me faudra revenir !
Je n'ai eu le temps que de fixer quelques photos supplémentaires.
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Vlasta Vostřebalová-Fischerová, Letna en 1922 |
Grande peintre sociale de l'entre-deux guerres, Vlasta Vostřebalová-Fischerová a laissé une quantité conséquente d'oeuvres et d'écrits. Son approche m'intéresse et je ne résiste pas à livrer ici une de ses phrases : "
À mon avis, un peintre est censé peindre non seulement ce qu'il voit, mais ce qu'il sait des choses. et ce qu'il soupçonne."
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Max Švabinský, Au Pays de la paix |
Etonnant retour de l'académisme dans une peinture de 1922.
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Anton Jazsusch, Peupliers |
Les peupliers, thème classique de la peinture, très bien travaillés chez ce peintre que je découvre aujourd'hui.
C'est mon dernier, on me met dehors ! Que de découvertes, en tout cas.
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