Un programme modifié par des ajustements successifs, mais finalement beaucoup de découvertes en ce dernier jour de l'année.
La matinée ne se passe pas exactement comme prévu.
Le début est plutôt sympathique, avec un café pris dans un coffee shop chaleureux.
Ensuite, le vol d'un portefeuille me fait découvrir un commissariat de police tchèque.
Les locaux paraissent dater des années 1980, mais les services sont efficaces et très aimables. On m'envoie une jeune policière qui parle bien anglais et se montre très méticuleuse. C'est que la déclaration doit être établie en tchèque et elle vérifie que tout soit bien compris avant la signature.
Une fois ces tâches expédiées, il est déjà l'heure de déjeuner.
Spécialité tchèque
J'ai repéré ce restaurant assez proche, sur la petite place à l'arrière du Narodni Divadlo.
Une Staropramen brune pour commencer...
Je ne connais pas encore ce plat tchèque, Svíčkovà na smetane, apparemment une fierté nationale. C'est du bœuf lardé, fondant, qui cuit doucement avec des légumes, et la sauce épicée est liée à la crème. Un peu de gelée d'airelles acidulées, un toupet de crème fouettée s'y ajoutent ensuite, et des knedliky aériens accompagnent le tout.
C'est vraiment excellent, et ce plat traditionnel est aux antipodes de notre représentation de la cuisine tchèque. En tout cas, avant mon premier voyage ici, j'avais l'idée de mets lourds et gras. Mais on sait bien que les Français sont très critiques envers la cuisine de l'Est !
Le dessert me déçoit davantage, un gâteau au chocolat sans doute réalisé ailleurs que dans la cambuse du restaurant.
Mon but, c'est l'église des saints Cyrille et Méthode, pas très éloignée. Pour cela, je repasse par le quai Masaryk et sa tour.
Cet édifice ne me dit pas grand-chose, mais ses décorations me rappellent immédiatement le style Secession viennois.
Le fronton, en revanche, s'apparenterait davantage à l'art nouveau tchèque.
L'église Saints Cyrille et Méthode
Avant d'être consacrée aux deux célébrités de la religion orthodoxe, cette église baroque portait le nom de Saint Charles Borromée, le membre célèbre de la famille du lac Majeur, notamment vénéré à Vienne.
La façade dessine une vague contrastée par la verticalité des colonnes, rien de surprenant là-dedans.
L'intérieur offre davantage de surprise.
La voûte n'a pas été modifiée et conserve ses fresques.
Cependant au fond, là où on s'attendrait à l'autel, se dresse une iconostase. Pas de doute, nous sommes bien dans une église orthodoxe, et même de rite byzantin. Rien de commun avec les spectaculaires intérieurs russes, mais je reconnais bien les caractéristiques.
Cependant, ce n'est pas cela qui rend cette église si célèbre.
Reinhard Heydrich, le Reichsprotektor de Bohème et de Moravie, fut assassiné en 1942 par Kubiš, Gabčik et Valčik, trois officiers tchèques qui se cachèrent ensuite avec trois autres membres de leur commando dans la crypte de cette église. Trahis, ils furent assiégés pendant dix heures. Le mur garde encore les traces des événements. J'ai lu le passionnant livre de Laurent Binet, HHhH, qui détaille toute l'histoire, et que je recommande chaleureusement.
J'avais prévu de la visiter mais elle ferme plus tôt en ce 31 décembre ; une demoiselle verrouille la porte à 15:00, juste à mon arrivée.
Place au plan B. Ma tentative pour visiter Saint Jean Népomucène, réputée une des plus grandes réussites baroques de la ville, n'obtient pas davantage le succès escompté.
Le jardin botanique
Place au plan C. Il fait frais mais le ciel est toujours dégagé, pourquoi ne pas se promener dans le jardin botanique de l'université, à quelques pas ?
C'est un vrai jardin botanique comme je les aime, bardé de panonceaux avec le nom latin, providence à l'étranger !
Évidemment, en ce début d'hiver, on ne peut compter sur des floraisons spectaculaires, même pas sur de profus bouquets de feuilles.
Quelques plantes pourtant s'entêtent vaillamment à offrir un peu de verdure.
La tanaisie est même en pleine forme !
Aujourd'hui, c'est d'un calme absolu. Très apaisant après des bains de foule successifs dans la vieille ville !
Je trouve à ce lieu un certain charme avec les ramures dépouillées.
Je suppose qu'il s'agit de bassins pour plantes aquatiques, mais elles sont dissimulées sous une épaisse couche de glace.
Une alcôve a été aménagée en salon de lecture. Mais oui, quelques volumes se prrddent bien sur les étagères. Je trouve l'idée excellente, particulièrement dans un parc.
Je n'ai aucune idée sur ces fleurs cotonneuses qui bravent les frimas. Pas d'étiquette en vue !
Je reprends la promenade dans un quartier étonnamment paisible. Bien qu'il soit proche de l'hyper-centre, je ne croise pas un chaland.
La promenade architecturale vaut cependant le coup. Cette façade décorée de fresques me paraît très représentative de l'Art Nouveau tchèque !
Sur la colline de Vyšehrad, s'alignent des maisons à pignon. Je grimperai volontiers vers la tour romane et le parc mais le jour décline rapidement.
Les maisons cubistes
J'enclenche le plan D. Ce quartier est célèbre pour de rares maisons cubistes.
L'architecte Josef Chochol œuvra par ici et ses réalisations révolutionnaires ébahirent les Pragois.
Son style se caractérisait, selon le Routard, par "l'utilisation de bossages en pointe de diamant et la rupture incessante des angles droits".
Le même guide assure que "cette maison ne manque pas d'élégance". C'est selon. Elle me semble plus typique et représentative qu'élégante.
Toujours issue de la même source, je decouvre l'information selon laquelle le fronton serait illustré de "scènes de la mythologie tchèque", sans plus de précision. Mon horizon se borne à Libuše et à Rusalka, et ce n'est visiblement pas elles qui sont sculptées ici.
Voilà une maison de contes de fée, qui hébergerait bien Boucle d'or. Je n'ai rien trouvé sur cette construction !
L'heure de la pause est venue, qu'il ne faudra pas trop faire durer pour ne pas manquer le concert de la Saint Sylvestre.
Dans un coffee shop contemporain et chaleureux, je déguste avec plaisir un excellent cappuccino mousseux.
Retour vers le centre donc, direction Rudolfinum.
C'est l'église de l'abbaye d'Emmaüs, visitée l'an dernier. Les bombardements eurent raison des flèches, remplacées par cette structure moderne. J'y ai pensé il y a quelques mois, lorsque les projets de reconstruction de Notre-Dame de Paris évoquaient des solutions de style contemporain. Je pense qu'on se tournera finalement vers une re-création du bâtiment ancien, mais cette version ne me semble pas ratée pour autant.
Je passe sous le porche de la maison dansante de Gehry, gardée par un robuste plantigrade.
La voici, cette maison dansante, avec un peu de recul. La nuit, elle fait encore plus d'effet.
Un passage le long de l'Opéra. Presque doré la nuit.
Mais pour l'heure, je me hâte vers le Rudolfinum. Justement voici une affiche du concert qui m'attend.
Au Rudolfinum
Je retrouve avec plaisir cette belle salle de concerts, qui servit aussi de Parlement.
Le style Renaissance servit de modèle, avec tout le répertoire décoratif qui venait à l'esprit, à la fin du XIXe siècle.
Je suis prêt !
Le magnifique concert de la Saint-Sylvestre au Rudolfinum est là.
Retour dans les rues illuminées avant le Réveillon !
Even if you didn't schedule this tour, it is awesome in a beautiful ancient city.
RépondreSupprimerAn outstanding post!
Annie
Thanks Annie! This day was a little hazardous!
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