Retour au Bolchoi
Ce n'est pas loin : même place que l'autre Bolchoi, à gauche quand on regarde la façade.
Le théâtre semble avoir été largement dévolu au ballet par le passé. Aujourd'hui les opéras sont donnés sur l'une et l'autre scènes.
Il s'agit d'un édifice moins volumineux, mais qui cherche à produire la même impression de luxe de palais.
A l'origine, salles de concert et opéras étaient situés à l'intérieur des palais privés, et la décoration s'harmonisait avec le reste du bâtiment. Il en reste de nombreux en Europe, et j'avais montré la délicieuse miniature du Palais Yusupov de Saint Petersbourg ainsi que le merveilleux opéra de chambre de la même ville.
Le modèle, avec moulures, lustres et souvent des kilomètres de dorures, s'est fixé pour un moment. Même certaines salles du XXe siècle n'ont pu échapper à cette référence.
Vue sur le grand frère depuis la fenêtre du foyer (le russe utilise le mot français buffet).
J'entre dans la salle où la scène est ouverte.
L'opéra de Tchaikovsky
Tchaikovsky, merveilleux compositeur, a écrit pour l'opéra de bouleversantes musiques. Eugène Onéguine et La Dame de Pique sont les œuvres les plus connues, deux fabuleuses réussites d'une prodigieuse émotion, toutes deux parmi mes opéras favoris. Je pourrais les entendre tous les jours ! Mais il en a composé plusieurs autres, bien plus rarement donnés. Je n'ai encore jamais vu, même pas en version de concert, Vakula le Forgeron. Heureusement, ce sera ce soir la quatrième représentation de Iolanta à laquelle j'assisterai.
Pourtant, cet opéra dont l'action est entièrement basée en France est bien rarement donné dans nos contrées. Et, incroyable, on y parle d'Aix (avec le roi René, personnage de l'opéra) et de Montargis, deux villes où j'ai vécu !
Le livret est facile à suivre : Iolanta, la fille du roi René, est aveugle, et toute la cour, suivant l'ordre de son père, ne lui a jamais révélé son infirmité. Le Comte de Vaudémont arrive sans connaître cette injonction, tombe amoureux de la jeune fille, constate sa cécité et la lui révèle. Il risque la mort mais un médecin arabe, Ibn-Hakia, est sollicité pour une guérison miraculeuse.
Je ne vais pas spoiler la fin, tout de même !
Comme toujours, Tchaikovsky, qui s'est impliqué dans la rédaction du livret, a écrit une merveilleuse musique qui parle aux sentiments.
Moi, en tout cas, je marche à tous les coups. J'ai même les yeux mouillés avec le Lac des Cygnes, c'est dire !
Soyons sérieux, c'est une écriture vocale exigeante, certes, mais extrêmement bien écrite, et jamais gratuite. Toutes les phrases sont au service du livret. Orchestrateur exceptionnel, Tchaikovsky sait peindre l'orchestre avec une infinité de nuances, des associations d'instruments recherchées. Je suis fan.
La production de Sergey Zhenovach
Je redoutais un spectacle vieillot avec une chanteuse tendant les bras comme une somnambule, c'était le cas avec la première Iolanta que j'ai vue. Ce spectacle-ci, de 2015, repose sur une idée toute simple. A droite, le monde de la lumière ; à gauche, celui de la cécité, une moitié en noir encastrée dans la précédente, qui reculera à la fin (je spoile un peu, là).
Pas besoin de garder une Iolanta les yeux fermés qui ne peut voir le chef et démarre au jugé : tout le monde comprend qu'elle est aveugle.
Brillante distribution
Chœurs et orchestre de toute beauté, sous la baguette très attentive d'Anton Grishanin, impeccable.
Anna Bondarevskaya et Anastasia Sorokina sont parfaites en Laura et Brigitta, mezzo charnu et soprano très pur.
Svetlana Shilova campe une Marta de haut vol, avec une voix moelleuse et une vraie présence.
Alexander Naumenko prête à Bertrand sa voix sombre et Pavel Valuzhin s'avère un Almeric percutant, avec un élégant timbre de ténor.
En Ibn-Hakia, Alexander Kasyanov montre beaucoup de noblesse ; belle voix profonde, un régal.
Vasily Ladyuk est un Robert éclatant, avec autant de prestance physique que vocale.
Vyacheslav Pochapsky, le roi René, est le vétéran du plateau. Voix magnifique encore, grande classe, phrasé princier. Une merveille.
Nazhmiddin Mavlyanov interprète le comte Vaudemont, rôle ravageur. Pas très long, mais hérissé de difficultés, et il le gère avec brio, exhibant un timbre solaire.
C'est Dinara Alieva qui incarne le rôle-titre. C'est une splendeur. Un timbre qui rappelle une Anna Netrebko plus jeune, des registres bien soudés avec un aigu robuste, et beaucoup d'émotion dans la composition. Une puissance aussi impressionnante, et on sent bien que les réserves ne sont pas épuisées. C'est une interprétation au sommet. Chapeau bas.
Anastasia Sorokina et Anna Bondarevskaya |
Pavel Valuzhin |
Svetlana Shilova, Alexander Naumenko |
Vasily Ladyuk |
Alexander Kasyanov |
Vyacheslav Pochapsky |
Nazhmiddin Mavlyanov |
Nazhmiddin Mavlyanov |
Dinara Alieva |
Dinara Alieva, Anton Grishanin, Vyacheslav Pochapsky |
Alexander Kasyanov, Alexander Naumenko |
Je dois dire que j'ai eu la chance d'être placé au premier rang, pour vingt euros environ...
Dinara Alieva |
Nazhmiddin Mavlyanov |
Vyacheslav Pochapsky |
Anton Grishanin |
Svetlana Shilova |
I would like to see that show! Thank you for your great post.
RépondreSupprimerAnnie
Thank you dear Annie ! Maybe it will be released on DVD.
RépondreSupprimerEffectivement tout a l'air splendide dans cette soirée. Dinara Alieva est une merveille, je pense qu'elle ne va pas tarder à faire une super carrière internationale.
RépondreSupprimerBel article complet.
G.H.
Merci beaucoup. Tant mieux pour D. A. si tes vœux se réalisent !
SupprimerAmazing post, thanky you very much !
RépondreSupprimerBest wishes
Anton
Thank you Anton, it is very kind !
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