Après les représentations de Saint Petersbourg et de Paris, le hasard met sur ma route cette nouvelle production, dans l'éblouissante salle du Bolchoi historique. Peu de temps après ma visite à Boston...
C'est tout de même une des plus grandes salles du monde, c'est toujours excitant d'assister à un spectacle dans ces lieux de légende…
C'est bien au Bolchoi ! Le bar du sixième étage.
Je suis au deuxième étage (en fait, c'est le quatrième), premier rang d'une loge. Bonne visibilité, ce dont je n'étais pas certain.
C'est un opéra pas commode à mettre en scène. Pas vraiment de thématique forte, sinon la conspiration et l'infidélité chaste d'Amelia, la scène d'Ulrica qui peut être rattachée aux sorcières de Macbeth (ce qui n'est jamais le cas dans les productions). La musique magnifique de Verdi vaut beaucoup mieux que le livret.
Davide Livermore s'est livré à un travail approfondi. Changement d'époque, qui nous place dans les Etats-Unis des années 30. Samuel et Tom sont des généraux conspirateurs et l'acte d'Ulrica se déroule dans un night-club décoré de dragons, très réussi. Le décor consiste en une tournette avec un grand palais vide (qui ressemble au bâtiment du Bolchoi), qui se remplit différemment selon les scènes. Il utilise des cadres digitaux et de nombreuses projections, souvent en noir et blanc.
Sa vraie bonne idée est d'utiliser le symbole des oiseaux. Pendant l'ouverture, ils s'alignent à l'arrière-plan sur des fils comme dans le film d'Hitchcock, pendant que les danseurs du bal final, portant des masques vénitiens à long bec, tournent autour du cadavre de Riccardo. Cette image sera évidemment retrouvée à la fin et les oiseaux apparaissent régulièrement au fil des scènes. Le symbole est, certes, extérieur à l’œuvre, mais c'est une bonne idée de théâtre qui concrétise le cours du drame.
J'avais découvert ce jeune chef italien lors d'un mémorable Werther à Bastille, et sa direction personnelle m'avait vivement intéressé.
Son travail ici est tout aussi passionnant. Baguette ample et précise, qui suit le drame et s'attache à révéler les beautés de la partition. Il bénéficie de magnifiques forces locales. Orchestre somptueux, avec des solistes de qualité (très beau accompagnato de cor anglais par exemple) et des chœurs phénoménaux de précision et de couleur.
Je retrouve quelques artistes familiers : Stanislav Mostovoy, applaudi l'an dernier dans l'Evgeny Oniegin du Festival d'Aix, Marat Gali, autrefois distribué dans Le Rossignol au même festival, Vladimir Komovich qui fait un exceptionnel Silvano. Ils font grandement honneur à la maison, c'est rare qu'on ait des voix aussi timbrées dans ces rôles-là.
Un superbe théâtre rénové
C'est tout de même une des plus grandes salles du monde, c'est toujours excitant d'assister à un spectacle dans ces lieux de légende…
C'est bien au Bolchoi ! Le bar du sixième étage.
Je suis au deuxième étage (en fait, c'est le quatrième), premier rang d'une loge. Bonne visibilité, ce dont je n'étais pas certain.
La nouvelle production de Davide Livermore
C'est un opéra pas commode à mettre en scène. Pas vraiment de thématique forte, sinon la conspiration et l'infidélité chaste d'Amelia, la scène d'Ulrica qui peut être rattachée aux sorcières de Macbeth (ce qui n'est jamais le cas dans les productions). La musique magnifique de Verdi vaut beaucoup mieux que le livret.
Davide Livermore s'est livré à un travail approfondi. Changement d'époque, qui nous place dans les Etats-Unis des années 30. Samuel et Tom sont des généraux conspirateurs et l'acte d'Ulrica se déroule dans un night-club décoré de dragons, très réussi. Le décor consiste en une tournette avec un grand palais vide (qui ressemble au bâtiment du Bolchoi), qui se remplit différemment selon les scènes. Il utilise des cadres digitaux et de nombreuses projections, souvent en noir et blanc.
Sa vraie bonne idée est d'utiliser le symbole des oiseaux. Pendant l'ouverture, ils s'alignent à l'arrière-plan sur des fils comme dans le film d'Hitchcock, pendant que les danseurs du bal final, portant des masques vénitiens à long bec, tournent autour du cadavre de Riccardo. Cette image sera évidemment retrouvée à la fin et les oiseaux apparaissent régulièrement au fil des scènes. Le symbole est, certes, extérieur à l’œuvre, mais c'est une bonne idée de théâtre qui concrétise le cours du drame.
Giacomo Sagripanti, à la tête des choeurs et orchestre
J'avais découvert ce jeune chef italien lors d'un mémorable Werther à Bastille, et sa direction personnelle m'avait vivement intéressé.
Son travail ici est tout aussi passionnant. Baguette ample et précise, qui suit le drame et s'attache à révéler les beautés de la partition. Il bénéficie de magnifiques forces locales. Orchestre somptueux, avec des solistes de qualité (très beau accompagnato de cor anglais par exemple) et des chœurs phénoménaux de précision et de couleur.
Le plateau
Je retrouve quelques artistes familiers : Stanislav Mostovoy, applaudi l'an dernier dans l'Evgeny Oniegin du Festival d'Aix, Marat Gali, autrefois distribué dans Le Rossignol au même festival, Vladimir Komovich qui fait un exceptionnel Silvano. Ils font grandement honneur à la maison, c'est rare qu'on ait des voix aussi timbrées dans ces rôles-là.
Les jeunes Deyan Vatchkov et Nikolai Kazansky incarnent Samuel et Tom avec beaucoup d'autorité. La richesse de leur voix de basse est bien prometteuse.
J'ai souvent entendu à Vienne Nadia Krasteva, la voici en Ulrica. La solidité de son registre grave et l'expression intense lui permettent de ne faire qu'une bouchée de ce rôle casse-gueule, court mais dense.
Nina Minasyan chante Oscar comme à Paris, et c'est le même ravissement. Dans les ensembles où elle est particulièrement exposée, sa voix passe largement au-dessus, même dans ce grand vaisseau. Et quel charme et quelle musicalité !
Maksim Aniskin remplace Igor Golovatenko en Renato. Voix un peu fermée, couleurs plus russes que verdiennes, un bel artiste cependant dont le Eri tu est très interprété.
Quant à Oksana Dyka, c'est Hui He qu'elle remplace en Amelia. Je connais cette artiste depuis longtemps (sa première sortie d'Ukraine, sa première Tosca) et c'est devenu une grande voix. La maîtrise technique lui permet de se jouer des pièges de la partition (innombrables) et d'assurer autant ses graves que ses aigus, tous les registres restant bien liés. Musicalité, expression, c'est du beau travail.
Giorgio Berrugi est un Riccardo élégant, qui tient la soirée (rôle lourd et hérissé de difficultés techniques) avec un beau Ma se m'è forza perderti, en soignant autant ses aigus à pleine voix que ses demi-teintes. Il a la sagesse de ne pas forcer une voix pas immense, mais je pense qu'une salle moins vaste le valoriserait davantage.
Une bonne soirée à nouveau !
Une bonne soirée à nouveau !
Marat Gali |
Maksim Aniskin |
Deyan Vachtkov |
Nikolai Kazansky |
avec Giorgio Berrugi |
Oksana Dyka |
Nadia Krasteva |
Bravo! C'est presque comme si on y était...
RépondreSupprimerMerci Régine ! Je n'ai malheureusement pas trouvé de photos du spectacle...
SupprimerCaptivating post from the connoisseur! I love the blue cafe...
RépondreSupprimerAnnie
Thank you so much Annie, this is very kind ! Your reviews are a pleasure !
SupprimerQuelle chance de pénétrer dans ce lieu mythique! L'opéra est à la auteur de sa réputation. On aimerait être à tes côtés. Mais grace à ton blog c'est presque comme si on y était. Bonne continuation. Bisous. Mam
SupprimerMerci pour cet affectueux commentaire ! Gros bisous derechef.
SupprimerLa production semble intéressante. Je suis de ton avis, c'est très difficile de voir un spectacle passionnant avec cet opéra.
RépondreSupprimerG.H.
Comme si on y était...
RépondreSupprimerMerci pour ce bel article.
Merci infiniment à vous cher Anonyme !
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