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mardi 26 octobre 2021

Vienne : l'église de Malte (Malteserkirche)

 

Tous les touristes passent, dans la très fréquentée Kärtnerstrasse, sans doute une des artères favorites de la ville, devant l'église de Malte (Malteserkirche). Mais peu la visitent !

Encore une aux noms multiples : église de Malte ou église de Saint Jean Baptiste, le patron de l'ordre.

 Une ancienne commanderie

L'ordre de Saint Jean de Jérusalem  fut fondé à la fin du IXe siècle pour protéger les Croisés et les soigner, d'où son nom des Hospitaliers de Saint Jean. Après son expulsion de Terre Sainte, il s'installa à Chypre, puis à Rhodes où il créa une formidable forteresse, avec palais et hôpital. L'ordre s'enrichit et créa partout en Europe des commanderies, des unités de type monastique qui fonctionnaient comme de grosses fermes. Leur but était largement de procurer des fonds pour l'ordre (chacune donnait environ un sixième de son budget), mais elles ne négligeaient pas la fonction hospitalière ; aussi bien pour les membres de l'ordre blessés au combat que pour les pèlerins.

Chassé de Rhodes, l'ordre s'installa à Malte au XVIe siècle, où il devint rapidement une puissance politique de premier plan et transforma l'île en plaque tournante du commerce méditerranéen.

Cet établissement viennois sut fondé en 1217, mais ce n'est évidemment pas l'église minuscule d'aujourd'hui, à peine une chapelle. Celle-ci fut construite au XVe siècle, puis largement restaurée au XIXe.


En 1806 le commandeur Franz von Colloredo ordonna l'édification d'une nouvelle façade, base de l'actuelle. 

L'intérieur


Difficile de se représenter une commanderie devant la chapelle actuelle. De taille réduite, avec évidemment une nef unique, mais avec l'élégance du gothique.

 

Sous la tribune, une clef de voûte s'orne d'un motif pas si courant : un lion avec ses petits, métaphore du Sauveur. Le bestiaire chrétien n'a jamais été avare d'idées pour figurer ses thématiques.

C'est le maximum que j'ai pu obtenir vu la lumière hésitante, en éclairant au maximum la photo. Je tenais à montrer l'abside avec ses cinq arcs.

Jean de la Valette a droit à un tombeau majestueux, défendu par deux gardes en pantalon bouffant, porteur de clefs. Les ancres rappellent que l'ordre était largement devenu maritime, ses activités en Méditerranée étant même alors sa principale source de revenus.



Elève de Peter Strudel, Johann Georg Schmidt travailla au XVIIIe siècle dans toute l'Autriche et collabora souvent avec l'architecte Johann Lucas von Hildenbrandt. Beaucoup d'abbayes (dont celle de Klosterneuburg) conservent encore ses retables.

Ici, il a représenté vers 1730 le fondateur de l'ordre, un Saint Jean avec l'agneau. On voit que le goût baroque est encore bien vivace dans cette composition mouvementée où flottent les étoffes. Une bonne peinture lumineuse.   

Au-dessous, une icône propose un visage de la Vierge particulièrement peu gracieux. Version orthodoxe avec les voiles rouges.

L'autel supporte une installation avec anges symétriques et petit temple qui redouble celui esquissé sur la façade. Un édicule précieux à en juger aux colonnes de lapis-lazuli.

A l'opposé de la tombe de La Valette, sur le mur droit donc, se dresse la statue d'un chevalier (ou peut-être d'un croisé) avec son écu.

A côté, s'étage une ahurissante collection d'une quarantaine d'armoiries : cinq grands prieurs, un cardinal, un grand commandeur, vingt-neuf commandeurs, quatre huissiers ...

La chaire engagée est très simple, mais affiche sans détour le blason de l'ordre.


A la tribune, un ravissant petit orgue baroque assure les merveilles musicales. Je l'ai entendu il y a des années, lors d'un concert avec un quatuor de chanteurs, et j'ai le souvenir de délicieuses sonorités fruitées.

2 commentaires:

  1. Je suis passé devant mais je n'y suis jamais entré ! Merci pour tous ces renseignements.
    Guy

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    Réponses
    1. C'est le cas de beaucoup de gens. Merci à vous, Guy !

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