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samedi 30 octobre 2021

Vienne : Evgeny Oniegin (Eugène Onéguine) au Staatsoper

 

J'ai la chance de revoir le superbe spectacle que j'avais beaucoup aimé en 2020, presque avec la même distribution. Un magnifique Evgeny Oniegin (Eugène Onéguine) au Staatsoper de Vienne pour le World Opera Day, la journée mondiale de l'Opéra !

Reprise de la mise en scène de Dimitri Tcherniakov

J'avais abondamment commenté cette production intelligente l'an dernier, et le changement provient surtout de l'arrivée d'une nouvelle Tatiana. J'y reviendrai. Pour la mise en scène, je renvoie donc à mon précédent article.



Grande distribution, à nouveau

Dan Paul Dumitrescu, membre de la troupe depuis 2001 (je ne compte pas le nombre de fois où je l'ai entendu !) offre toujours une voix pleine et sonore à Zaretski.

La grande Larissa Diadkova (ma plus belle Marfa) vient offrir sa légende, sa voix chaude et cuivrée et encore superbe à la nourrice Filipievna, qu'elle interprète avec beaucoup de tendresse et de douceur. Soixante-neuf ans cette année, et toujours en pleine forme.

Toujours beaucoup de justesse et de présence dans la madame Larina d'Helene Schneiderman, parfaite dans ce rôle.

Pour le rôle en or de Gremin, Dimitry Ivashchenko vient offrir sa voix de bronze et sa longueur de souffle. Il me semble que le tempo de son air est plus lent que l'an dernier, et il faut avoir de belles réserves pour tenir les longues phrases. Toute la dignité et la noblesse du personnage sont bien là.

Anna Goryachova retrouve Olga qu'elle chante avec la vivacité nécessaire au rôle, et y ajoute classe et noblesse. Très jolie palette sonore, sans effets de poitrine.

Bogdan Volkov interprète avec une grande maîtrise des moyens, osant des piani suspendus, un très poignant Lenski à fleur de peau. L'air bouleversant est chanté avec une indicible émotion, avec une fin déchirante. Il se charge aussi des couplets de Triquet, chantés en russe. 

Bogdan ne cherche pas à forcer le volume de sa voix dans ce grand vaisseau qu'est le Staatsoper, et plutôt travailler sur la variété des harmoniques et la sophistication des nuances.

La grande nouveauté de ce spectacle, c'est la Tatiana d'Elena Guseva. Nicole Car l'an dernier et Asmik Grigorian tout récemment sont dotées de voix plus légères, aux couleurs plus argentées. Dans le cas d'Elena, nous avons une magnifique voix slave, très riche en harmoniques. J'ai entendu Nicole Car en Micaëla et Elena Guseva en Desdemona, cela indique clairement deux voix différentes.

Le rôle prend une perspective différente : ici, on sent déjà la femme derrière la jeune fille, et elle montre par conséquent une grande maturité dès le début. Sa composition, très introvertie, s'accorde merveilleusement à cette mise en scène et elle ose de dangereux et splendides piani qu'on n'entend pas si souvent dans le rôle. Y compris dans la scène de la lettre !

Un très beau travail donc, qui mérite les longs applaudissements de la salle.

André Schuen retrouve le costume d'Oniegin, et il interprète ce personnage antipathique avec toujours beaucoup de conviction. La voix est toujours longue et riche et il ne cherche pas à l'assombrir artificiellement. Le personnage est convaincu, l'interprétation musicale nuancée et intelligente.

Après son Figaro aixois de cet été, je reste persuadé que l'opéra mozartien est pour le moment idéalement adapté à sa voix, et je crois qu'il peut aborder maintenant certains Verdi, Posa et Ford. Un chanteur toujours à suivre ! 

Tomás Hanus, toujours chef du Welsh National Opera, apporte beaucoup de tension sans perdre de vue la fluidité du discours. Partenaire de choix pour les chanteurs avec lesquels son orchestre dialogue presque amoureusement, offrant de magnifiques textures sans cesse renouvelées. Le choeur slovaque ayant été victime du Covid, on retrouve la formation maison qui chante et joue (indispensable dans cette production) avec un grand métier.




Dan Paul Dumitrescu

Helene Schneiderman

avec Dimitry Ivaschenko

Larissa Diadkova

avec André Schuen

Anna Goryachova

Elena Guseva

Bogdan Volkov

Tomás Hanus


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