Visite d'une église de Vienne aux multiples noms : Dreifaltigkeitskirche (église de la Trinité), Trinitarierkirche, (église des Trinitaires) ou Alserkirche (église de l'Als) !
Cette église, historiquement importante mais hors des circuits touristiques, a déjà une dénomination compliquée. Le panneau d'information l'intitule Dreifaltigkeitskirche, église de la Trinité ; elle est également nommée Trinitarierkirche, église des Trinitaires, j'y reviendrai.
A Vienne, elle est connue sous le nom d'Alserkirche, peut-être tout simplement parce qu'elle est située sur Alserstrasse. Mais on peut également voir ressurgir l'ancienne appellation, Zu den Weißspaniern (les Espagnols blancs). Pas très simple tout ça.L'histoire donne du sens à toutes ces dénominations. L'ordre des Trinitaires ou ordre de la Trinité et des Captifs, ou encore ordre des Mathurins, fut fondé pour racheter les Chrétiens emprisonnés par les Maures à la toute fin du XIIe siècle. Les Trinitaires essaimèrent un peu partout, se subdivisèrent (les Trinitaires déchaussés, par exemple) et furent très actifs, en Espagne tout particulièrement. Devant ce succès, les Trinitaires espagnols blancs, baptisés ainsi à cause de la couleur de leur robe, fondèrent des monastères et des églises en Italie, en Allemagne et dans toute l'Europe de l'Est. Leur activité de rachat de captifs était toujours très efficiente et on parle de plusieurs centaines de milliers d'otages rapatriés par leur action infatigable.
Quant à l'Als, c'est un ruisseau qui a donné son nom à cette artère importante où Léopold I fit construire un hôpital pour les invalides.
La construction du monastère commença en 1687 et l'église fut construite dans la foulée, pour y installer donc les Trinitaires. Au XVIIIe siècle, Josef II y envoya les Minorites qui s'occupaient de la Minoritenkirche justement pour assurer le fonctionnement de l'hôpital tout proche. De l'utilitarisme plus que de la religion, apparemment !
La façade serait la plus ancienne à Vienne avec un profil concave, et elle est plutôt sobre. Le principal groupe sculpté, le plus proche de l'entrée, représente logiquement la Trinité.
La plaque rappelle que c'est ici qu'eut lieu la messe funéraire de Beethoven. A l'intérieur de l'église, une seconde s'avère plus explicite : "Ludwig van Beethoven, compositeur célibataire, né à Bonn dans le Reich, âgé de 57 ans, mort de l’hydropisie, inhumé le 29 mars au cimetière de Währing. "
Pour l'inauguration des cloches, c'est Schubert qui écrivit un hymne Glaube, Hoffnung und Liebe D 954 (Foi, Espoir et Amour). L'ami de Schubert, Michael Leitermayer, dirigeait le chœur de l'église et il donna aussi ici la première exécution de la Messe D 950.
La grille, comme d'habitude, contraint mes souhaits de visite et je dois me contenter d'un coup d’œil depuis l'entrée. La nef est plutôt sobre, assez lumineuse avec ses murs blanchis. La décoration est concentrée dans le chœur.
C'est dans cette partie que le style baroque domine, avec une accumulation de colonnes, de dorures et de statues assez représentative.
Le retable, sans surprise une Trinité, me fait penser à un chromo et semble bien XIXe. Recherches faites : l'auteur est Josef von Hempel, un peintre autrichien rattaché au courant nazaréen. Pas vraiment extraordinaire. Je ne suis guère fan des peintres nazaréens en général.
Les statues me plaisent davantage ; bien baroques, avec tout le mouvement attendu, elles affichent de beaux drapés et des expressions vives.
En comparaison, la chaire est très sage, d'une stricte ordonnance classique. Je parierai bien pour une réalisation de la fin du XVIIIe siècle.
Le cloître des Minorites (Minoritenkloster)
Egalement rattaché aux Minorites, le cloître qui jouxte l'église semble un grand lieu de dévotion. C'est peut-être le lieu religieux viennois où j'ai vu le plus d'ex-voto.
Visiblement c'est Saint Antoine, le Portugais mort à Padoue, qui est vénéré ici. Un des saints les plus populaires de la Chrétienté. J'ai visité la basilique à Padoue et j'ai été témoin d'une ferveur très impressionnante. Le saint est notamment imploré pour retrouver les objets perdus.
Une peinture étonnante recouvre les murs d'une minuscule chapelle ; il me semble voir une gravure qu'on aurait agrandie. Comme la lumière était faible (bien plus que sur la photo), je n'ai pas pu voir tous les détails mais je reconnais le cœur enflammé, un des attributs traditionnels de Saint Antoine. En bas, il s'agirait sans doute des miracles qu'on lui attribue.
La seconde chapelle est davantage aménagée pour la prière et les ex-voto recouvrent ses murs.
Beautiful church full of history. A captivating article, with good pics and accurate texts, as you use to.
RépondreSupprimerAnnie
I am so happy to receive such a message!
SupprimerThanks a lot, Annie.
Ce n’est pas ce que j’imaginais pour le nom de « Trinité » et jamais je n’aurais pensé à une histoire si particulière, rare et passionnante. Quelle chance de t’avoir pour guide. Beethoven y eut sa messe funéraire et Shubert y écrivit un hymne dont elle peut s’enorgueillir. Dans cette église simple et lumineuse on se sent bien. Cet article m’a enchanté et je t’en remercie.
RépondreSupprimerBises. Mam.
Un grand merci pour ce commentaire complet, toujours aussi affectueux !
SupprimerGros bisous.
L'église au tapis rouge ! Très élégante.
RépondreSupprimerUne belle découverte.
Pierre
Vous avez raison ! Grand merci !
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