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samedi 7 octobre 2017

Toulouse, balade et Tiefland au Capitole


Avec la remise en route des saisons lyriques revient également celle des voyages de week-ends. Ce coup-ci, c'est inhabituellement à Toulouse que je débute.



Arrêt cassoulet à Villefranche-de-Lauragais, comme à l'accoutumée. Cette fois c'est l'Auberge de la Pradelle qui nous sert ce menu à 19 € avec salade d'écrevisses et gâteau au chocolat.
Le cassoulet est particulièrement poivré et généreusement servi.





Le trajet restant est plutôt rapide, nous passons avant les encombrements.

Le véhicule est garé au parking souterrain de la place Jeanne d'arc, et l'hôtel de l'Ours Blanc, face aux Halles Victor Hugo, n'est pas très éloigné non plus.

Installation dans une chambre toute blanche, encore revêtue de crépi, façon années 70.


C'est parti pour une promenade dans ce centre ancien, toujours aussi agréable.





Une pause café près de la place du Capitole.


Et reprise de la balade, profitant d'un ciel clément.




Première fois que je remarque ce lion surplombant la façade d'une demeure place des Carmes.





Hôtel du Vieux Raisin

Petit détour vers ce glorieux rescapé de la Renaissance, l'Hôtel du Vieux Raisin, fondé en 1515.







Le programme iconographique est un vocabulaire large des fantaisies du genre, entre grotesques et chimères.





Direction le Théâtre du Capitole pour la grande affaire de la journée.


Tiefland au Théâtre du Capitole


La première fois que j'ai entendu cet opéra, au Liceu de Barcelona, il y a dix ans, il m'avait fait une forte impression. Un livret très solide, avec des caractères bien dépeints, une description détaillée d'un univers de ferme. On vient chercher Pedro, berger des montagnes au cœur pur, pour pouvoir épouser Marta. En fait, il s'agit d'une machination. Sebastiano, le propriétaire (le "Maître" omnipotent), veut seulement que Pedro fasse un mariage blanc pour conserver Marta auprès de lui, pendant qu'il pourra s'unir avec une riche héritière pour renflouer ses affaires. Cela se terminera mal.  Pedro, finalement informé de la situation, prend fait et cause pour Marta, que vient visiter Sebastiano chaque nuit, et défend leur honneur commun, jusqu'à tuer le Maître.

Eugen d'Albert, excellent compositeur méconnu, a livré une passionnante partition, richement orchestrée et colorée, aussi habile à servir le drame et révéler les affects qu'à laisser en mémoire de marquantes mélodies, telles le superbe solo de clarinette inaugural. 
Ma première représentation, servie par un trio de choc (Peter Seiffert et sa femme, Petra-Maria Schnitzer, et un encore glorieux Alan Titus) avait été suivie quelques années ensuite par une belle soirée au Deutsche Oper avec un vaillant Torsten Kerl, Nadja  Michael et déjà l'excellent Markus Brück. 

J'ai grand plaisir à revoir cette œuvre qui demeure, hélas,  une rareté, et cette grande soirée ne va pas me décevoir.


La production de Walters Sutcliffe est remarquablement conduite, basée sur une direction d'acteurs au petit point. On a l'impression d'un film néo réaliste italien, et tous les interprètes sont engagés dans l'aventure. Le passage des montagnes aux Terres Basses (le Tiefland du titre) est matérialisé par un décor déroulant qui donne vraiment l'impression de descendre de plusieurs niveaux. 


Claus-Peter Flor dirige avec précision, souplesse et équilibre une partition dont il souligne la pâte symphonique. Une autre réussite après son Prophète de juin dernier.


L'équipe du Capitole a rassemblé un plateau sans faute, jusqu'aux plus petits rôles. Les trois filles de ferme trouvent en Anna Destraël, Jolana Slavikova et Sofia Pavone des voix colorées, bien caractérisées et musicales. Paul Kaufmann phrase avec délicatesse la musique de Nando, le berger compagnon. Orhan Yildiz est un véhément Moruccio, le premier à dénoncer le scandale (et à aller jusqu'au bout). Anna Schoeck confirme ses progrès à chaque fois que je l'entends : voix de plus en plus riche, sensibilité, une très belle Nuri. Scott Wilde, toujours parfait, campe un Tommaso plein de noblesse et de dignité. Son changement progressif d'attitude, au fur et à mesure qu'il accepte la vérité, est un beau travail d'acteur.


Markus Brück, un pilier du Deutsche Oper (je l'y ai entendu une bonne dizaine de fois) a approfondi sa vision du rôle, servi aussi par la qualité de la mise en scène. Son Sebastiano péremptoire, où l'on devine pourtant de secrètes fêlures, est un morceau d'anthologie.


A ses côtés, Meagan Miller (que j'avais également entendue au Deutsche Oper avec Markus Brück, dans Don Carlo) est une superbe Marta. Ligne musicale sculptée avec soin, variété des couleurs, intensité de l'incarnation, tout y est. 


Enfin, c'est Nikolai Schukoff qui se mesure au rôle terrible de Pedro, long, tendu, plein de contrastes. J'ai souvent vu ce chanteur depuis une douzaine d'années, dans des opéras très  variés, depuis Tannhäuser au Châtelet, de Mahagonny à Parsifal en passant par Carmen (au Met) ou La Juive
Malgré quelques sonorités métalliques en début de représentation, il fait un travail superbe, en variant l'émission et les teintes de la voix, et surtout en livrant une interprétation passionnée, totalement engagée. Un grand artiste, dont les étapes de la carrière font plaisir à suivre.


Encore une fois, Toulouse ne déçoit pas. Magnifique soirée au Capitole !

4 commentaires:

  1. Never heard about this opera, but very interesting post.
    Annie

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    Réponses
    1. Thanks Annie. You can watch a performance on Youtube if you want to discover this opera !

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  2. Un bel article sur une magnifique représentation. On regrette de ne pas avoir été là.
    Michel

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    Réponses
    1. Magnifique effectivement! Merci pour ce commentaire enthousiaste.

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